Le Futur du Deep Tech à StrictlyVC 2025

Et si les technologies qui changeront vraiment le monde en 2030 se décidaient ce soir, dans une ancienne usine reconvertie de Palo Alto, autour d’un verre et de quelques slides ? C’est exactement ce qui s’est passé le 3 décembre 2025 lors de la dernière soirée StrictlyVC de l’année organisée par TechCrunch. Et croyez-moi, si vous êtes entrepreneur, investisseur ou simplement passionné par l’innovation profonde, vous auriez tout donné pour être dans la salle.

Parce que là, devant un parterre de fondateurs et de VC triés sur le volet, quatre projets absolument fous ont été dévoilés. Pas du SaaS en plus beau, pas du LLM en plus gros. Non : du deep tech pur jus, le genre qui demande dix ans de R&D, des centaines de millions de dollars et une bonne dose de génie physique. Le genre qui, quand il marche, change la donne géopolitique.

Nicholas Kelez veut rendre l’Amérique à nouveau grande… en lithographie EUV

Commençons par le sujet le plus stratégique du moment : les machines qui fabriquent les puces les plus avancées du monde. Aujourd’hui, chaque puce sous 3 nm dépend d’une seule technologie : la lithographie EUV. Et il n’existe qu’une seule entreprise capable de les produire : ASML, aux Pays-Bas. Une machine coûte 400 millions de dollars et pèse plus lourd qu’un Boeing 747.

Nicholas Kelez, ex-physicien des accélérateurs de particules du Département de l’Énergie américain, a décidé que ça suffisait. Sa startup (xLight, même si le nom n’a pas encore été officialisé partout) veut recréer la prochaine génération de sources laser EUV… mais cette fois aux États-Unis, avec une technologie issue des accélérateurs de particules.

« On a inventé cette technologie aux USA dans les années 90, on l’a vendue aux Européens, et maintenant on est dépendants. C’est terminé. »

– Nicholas Kelez, en substance lors de la soirée

Pourquoi c’est énorme ? Parce que la Chine est déjà sous embargo ASML. Parce que Taïwan concentre 92 % de la production mondiale de puces avancées. Et parce que le prochain bond (2 nm, 1.4 nm, puis les transistors 3D empilés) nécessitera des machines encore plus folles. Celui qui maîtrise la prochaine génération de lithographie maîtrise l’économie du XXIe siècle.

Max Hodak (ex-Neuralink) : « En 2035, on ne reconnaîtra plus l’humanité »

Max Hodak n’a plus besoin d’être présenté. Co-fondateur de Neuralink avec Elon Musk (il est parti en 2021), il dirige aujourd’hui Science Corp. Et il ne fait pas dans la demi-mesure.

Son premier produit ? Un implant rétinien qui a déjà rendu la vue à plusieurs dizaines de personnes aveugles. Oui, vous avez bien lu. Mais ce n’est que l’entrée en matière.

La vraie vision (c’est le cas de le dire) : des interfaces cerveau-machine biohybrides. L’idée ? Implanter une puce qui contient des cellules souches. Une fois dans le cerveau, ces cellules se développent et s’intègrent naturellement au tissu neuronal. Résultat : une connexion des milliers de fois plus dense qu’avec les électrodes classiques.

Conséquences possibles d’ici 10 ans :

  • Contrôle total d’appareils par la pensée pour les personnes paralysées
  • Augmentation cognitive pour les valides (mémoire, calcul, apprentissage accéléré)
  • Et, oui, la fusion homme-machine dont rêvait Elon

Max Hodak l’a dit sans détour : « En 2035, la différence entre un humain augmenté et un humain naturel sera plus grande que celle entre un humain et un chimpanzé aujourd’hui. » La salle a ri nerveusement. Lui non.

La bague qui lit dans vos pensées : Stream Ring de Sandbar

Parmi les démos les plus « whaou » de la soirée : la bague Stream Ring. Deux anciens de Meta (Mina Fahmi et Kirak Hong) ont créé un anneau qui capte les micro-mouvements de vos cordes vocales quand vous murmurez… sans émettre de son.

Vous pensez une phrase en chuchotant intérieurement → la bague la transforme en texte → elle apparaît instantanément dans votre appli de notes, votre Slack ou votre code.

Backée par Toni Schneider (l’homme qui a scalé WordPress et partner chez True Ventures, qui a aussi investi dans Ring, Fitbit et Peloton), Sandbar sortait de stealth le soir même. Et le potentiel est vertigineux :

  • Prendre des notes sans sortir son téléphone
  • Programmer en pensant (presque)
  • Communiquer discrètement en réunion ou en open space
  • Accessibilité pour les personnes muettes ou atteintes de SLA

Ce n’est pas un gadget. C’est une extension de votre cerveau. Et ça marche déjà.

Les VC qui parient contre le consensus AI enterprise

Chi-Hua Chien (Goodwater Capital) et Elizabeth Weil (Scribble Ventures) ont été sans langue de bois : trop d’argent va dans l’IA enterprise en 2025.

« Tout le monde investit dans le énième wrapper LLM pour les avocats ou les commerciaux. Pendant ce temps, les vraies ruptures hardware et biotech se financent encore à des valorisations raisonnables. »

– Elizabeth Weil

Leurs track records parlent d’eux-mêmes : Twitter, Spotify, Slack, SpaceX, Coinbase, Figma… Ils ont vu juste à chaque fois. Et aujourd’hui, ils parient massivement sur le deep tech :

  • Infrastructures physiques (énergie, semi-conducteurs, robotique)
  • Biotechnologies et neurosciences appliquées
  • Interfaces homme-machine non-écran

Leur message : l’IA générative est déjà une commodity. Les différenciateurs viendront du monde physique.

Pourquoi cette soirée marque un tournant

StrictlyVC a toujours eu le don de réunir les bonnes personnes au bon moment. En 2019, Sam Altman y annonçait qu’OpenAI construirait l’AGI puis « demanderait à l’AGI comment monétiser ». Tout le monde avait ri. On sait la suite.

Le 3 décembre 2025, c’est le même sentiment. On a vu naître sous nos yeux les briques technologiques qui structureront les dix prochaines années :

  • La réindustrialisation high-tech américaine
  • La fusion biologique / électronique
  • La fin de l’écran comme interface principale
  • Le retour en force du hardware profond

Et surtout, une génération de fondateurs et d’investisseurs qui refuse de suivre le troupeau des LLM.

Ce que ça signifie pour vous, entrepreneur ou investisseur

Si vous cherchez encore la prochaine licorne dans le prompt engineering ou le chatbot RH, vous arrivez probablement trop tard.

Les opportunités folles sont ailleurs :

  • Fabriquer les outils qui fabriquent les puces qui font tourner l’IA
  • Construire les interfaces du corps augmenté
  • Investir tôt dans les projets qui demandent 8-12 ans avant product-market fit… mais qui, quand ils y arrivent, sont inattaquables

Le deep tech est de retour. Et cette fois, il ne s’excuse plus d’être compliqué, long et cher. Parce que c’est exactement ce qu’il faut pour construire le futur qui compte.

La prochaine fois que StrictlyVC organisera un événement… soyez-y. Parce que c’est là que ça se passe. Vraiment.

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