Malgré une demande de financement de près de 100 millions de dollars, Tesla s’est vu refuser une nouvelle fois l’accès aux subventions gouvernementales destinées au développement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Ce rejet intervient alors que le constructeur automobile peine à lancer son programme de camions électriques à grande échelle.
Le département des Transports ignore Tesla
Vendredi dernier, le département des Transports américain a annoncé l’octroi de 636 millions de dollars supplémentaires à 49 candidats pour le déploiement d’infrastructures de recharge de véhicules électriques. Cependant, le nom de Tesla ne figurait pas sur la liste des bénéficiaires publiée. Le South Coast Air Quality Management District de Californie, partenaire de Tesla sur ce projet, a confirmé à TechCrunch que l’entreprise avait pourtant soumis une nouvelle candidature pour ce round de financement.
Tesla avait initialement sollicité ces fonds en 2023 dans le cadre du programme d’infrastructures de recharge et de ravitaillement (Charging and Fueling Infrastructure ou CFI), issu d’un accord bipartite sur les infrastructures signé par le président Biden en 2021. À l’époque, l’entreprise espérait utiliser ce financement, ainsi que 24 millions de dollars de ses propres fonds, pour construire neuf stations de recharge pour semi-remorques électriques entre son ancien siège social dans le nord de la Californie et la frontière sud du Texas.
Des débuts difficiles pour les camions électriques Tesla
Ce camouflet intervient alors que Tesla peine à lancer son programme de camions électriques. Si l’entreprise a livré quelques premières versions de son « Tesla Semi » à des clients comme Pepsi et Frito-Lay, son programme commercial à grande échelle n’a pas encore vu le jour. Le constructeur est toujours en train de bâtir une usine dans le Nevada où il prévoit de fabriquer ce semi-remorque électrique, dévoilé en 2017.
Chacune des stations prévues dans le projet TESSERACT devait être équipée de huit chargeurs de 750 kW pour le Tesla Semi, ainsi que de quatre autres chargeurs ouverts aux autres camions électriques – une condition requise pour obtenir un financement fédéral. Mais ce projet a été ignoré une première fois début 2024 lorsque la Federal Highway Administration (FHWA) du département des Transports a annoncé la première série d’attributions du programme CFI.
Tesla persiste malgré les revers
Malgré ces refus successifs, Tesla n’a pas abandonné l’idée de ce corridor de recharge. En avril 2024, l’ancien vice-président des politiques publiques Rohan Patel avait déclaré que certains sites le long de la route de 1800 miles étaient des « évidences même sans financement ». Cependant, le statut du projet TESSERACT reste flou depuis, d’autant plus que Tesla a licencié plus de 10% de ses effectifs et considérablement réduit son équipe dédiée aux infrastructures de recharge.
Théoriquement, il pourrait y avoir une autre série de fonds CFI disponibles, puisque la loi bipartite sur les infrastructures a alloué 2,5 milliards de dollars à ce programme.
Cependant, le site web de la FHWA pour le programme CFI indique actuellement qu’il n’y a « pas de date estimée » pour le prochain « avis d’opportunité de financement ». De plus, il est difficile de prédire quel sera l’impact des priorités de la prochaine administration Trump sur des programmes comme celui-ci.
Quelles conséquences pour la stratégie de Tesla ?
Ce nouveau revers pose question quant à la stratégie de Tesla en matière de camions électriques et d’infrastructures de recharge associées. Le constructeur mise beaucoup sur ce marché prometteur mais très concurrentiel, face à des acteurs comme Daimler, Volvo ou Nikola qui développent également leurs propres modèles de poids lourds électriques.
Sans un réseau de recharge adapté et suffisamment dense, il sera difficile pour Tesla de convaincre les transporteurs de passer à l’électrique avec ses Semi. L’entreprise devra probablement revoir ses ambitions à la baisse ou investir massivement sur ses fonds propres si elle souhaite rattraper son retard et s’imposer sur ce segment.
- Tesla continue de se heurter aux refus du gouvernement pour financer son réseau de recharge poids lourds
- Le programme de semi-remorques électriques peine à décoller malgré quelques premières livraisons
- L’absence de soutien fédéral pourrait compromettre la stratégie de Tesla sur le marché du transport électrique
Si ce nouvel échec ne remet pas en cause la détermination de Tesla à révolutionner le transport routier, il illustre les difficultés auxquelles est confronté le pionnier de la voiture électrique pour étendre son leadership à d’autres segments. Elon Musk devra redoubler d’efforts et d’inventivité pour surmonter ces obstacles politiques et financiers et faire du Tesla Semi un succès commercial, avec ou sans l’aide de l’Etat fédéral.