Le secteur de l’énergie nucléaire est sur le point de connaître une véritable révolution avec l’arrivée d’un nouveau joueur de poids : le géant italien de l’énergie Enel. En effet, ce dernier a récemment annoncé son intention de se lancer dans la course aux petits réacteurs modulaires (SMR) en s’associant avec deux autres entreprises italiennes, Ansaldo et Leonardo. Cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des startups du nucléaire, qui voient désormais en Enel un concurrent redoutable.
L’émergence des petits réacteurs modulaires
Depuis quelques années, les petits réacteurs modulaires suscitent un intérêt grandissant dans le secteur de l’énergie nucléaire. Contrairement aux réacteurs traditionnels, qui sont grands et coûteux à construire, les SMR misent sur une production en série et une installation rapide. De nombreuses startups se sont lancées sur ce créneau prometteur, mais aucune n’a encore réussi à construire un réacteur commercial à grande échelle.
Les startups du nucléaire font face à de nombreux défis, notamment en termes de réglementation et de financement. La plupart en sont encore au stade de la conception, et celles qui ont franchi cette étape ont rencontré des obstacles.
– Tim De Chant, journaliste spécialisé dans le climat
Enel, un concurrent de taille pour les startups du nucléaire
L’arrivée d’Enel dans la course aux SMR change la donne pour les startups du nucléaire. Avec un chiffre d’affaires équivalent à environ 4% du PIB italien, le géant de l’énergie dispose de moyens financiers considérables. Son association avec Ansaldo et Leonardo, deux entreprises italiennes expertes dans le domaine de l’énergie et de la défense, renforce encore sa position.
Pour Flavio Cattaneo, le PDG d’Enel, le développement des SMR est une priorité stratégique. L’entreprise a d’ailleurs déjà signé un accord avec la startup Newcleo pour développer une technologie de réacteur nucléaire de quatrième génération. Avec cette nouvelle collaboration, Enel entend bien devenir un acteur majeur du secteur.
Une demande croissante en électricité pour les data centers
Si Enel mise autant sur le nucléaire, c’est en grande partie pour répondre à la demande croissante en électricité des data centers. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, ces derniers ont vu leur consommation d’énergie exploser ces derniers mois. Flavio Cattaneo affirme d’ailleurs avoir reçu entre 40 et 50 lettres d’intérêt de la part d’entreprises souhaitant construire des data centers en Italie.
Jusqu’à récemment, le nucléaire était interdit en Italie, suite à deux référendums en 1987 et 2011. Mais le gouvernement actuel a annoncé son intention de lever cette interdiction d’ici la fin de l’année, ouvrant ainsi la voie au développement des SMR dans le pays.
Une collaboration de longue date entre Enel, Ansaldo et Leonardo
L’alliance entre Enel, Ansaldo et Leonardo ne date pas d’hier. Les trois entreprises collaborent depuis des années sur différents projets. Leonardo travaille notamment avec Enel pour produire davantage sa propre énergie, tandis qu’Enel et Ansaldo ont signé un accord en mars dernier pour explorer la technologie des SMR.
- Enel et Ansaldo ont signé un accord en mars 2024 pour explorer la technologie des SMR
- Newcleo s’est associé à Enel en mars 2024 également
- Ansaldo appartenait auparavant à Leonardo (ex-Finmeccanica) avant leur scission en 2013
Une stratégie prudente pour Enel
Malgré son intérêt pour les SMR, Enel reste prudent quant au calendrier de déploiement de cette technologie. Selon Flavio Cattaneo, les centrales nucléaires à petits réacteurs modulaires ne verront pas le jour avant 10 à 15 ans, un délai conforme aux prévisions de plusieurs autres entreprises du secteur.
Cette temporisation laisse un peu de répit aux startups du nucléaire, qui devront néanmoins composer avec un concurrent de taille disposant de moyens financiers considérables. La course aux SMR ne fait que commencer, mais elle s’annonce d’ores et déjà passionnante.
Conclusion
L’arrivée d’Enel dans la course aux petits réacteurs modulaires marque un tournant pour le secteur de l’énergie nucléaire. Avec ses partenaires Ansaldo et Leonardo, le géant italien entend bien devenir un acteur majeur du domaine. Si les startups du nucléaire font désormais face à un concurrent redoutable, elles ont encore une carte à jouer grâce au délai de 10 à 15 ans annoncé par Enel pour le déploiement des SMR. Une chose est sûre : la révolution des petits réacteurs modulaires ne fait que commencer, et elle promet d’être riche en rebondissements.