L’année 2024 a été marquée par une activité effrénée dans le domaine du capital investissement, qui s’est imposé comme une puissante source alternative de liquidités pour les startups et scale-ups technologiques à la recherche d’une sortie. Pas moins de 97 acquisitions d’entreprises publiques ont été menées par des fonds de Private Equity sur les six premiers mois de l’année, soit un rythme équivalent à celui de l’ensemble de 2023.
Parmi ces opérations figurent des méga-deals à plusieurs milliards de dollars visant à transformer des entreprises sous-performantes mais à fort potentiel de croissance. Zoom sur les 13 plus grosses acquisitions de sociétés tech cotées en bourse par des fonds de PE depuis janvier 2024 :
1. Adevinta : 13 milliards de dollars
Le groupe média norvégien Schibsted avait introduit sa filiale de petites annonces Adevinta en bourse en 2019 pour 6 milliards de dollars. Après l’acquisition des activités de petites annonces d’eBay pour 9,2 milliards en 2020, Adevinta a été rachetée en mai dernier par un consortium mené par Permira et Blackstone pour la coquette somme de 13 milliards.
2. Smartsheet : 8,4 milliards de dollars
Introduit en bourse en 2018, l’éditeur de logiciels d’entreprise Smartsheet valait plus de 10 milliards de dollars à mi-parcours de la pandémie. Malgré une baisse ces dernières années, Vista Equity Partners et Blackstone se sont associés pour offrir 8,4 milliards en cash aux actionnaires, soit une prime de 41% sur le cours moyen des 90 derniers jours. Le deal devrait être finalisé d’ici janvier 2025.
3. Squarespace : 6,9 milliards de dollars
Permira a annoncé en mai son projet d’acquisition du créateur de sites web Squarespace pour 6,9 milliards de dollars en cash. Introduit au NYSE en 2021 à une valorisation de 10 milliards, Squarespace était tombé à 2 milliards en 2022 avant de rebondir à plus de 5 milliards cette année, poussant Permira à passer à l’action. La transaction devrait être bouclée au 4ème trimestre.
4. Nuvei : 6,3 milliards de dollars
La fintech canadienne Nuvei, spécialisée dans les services de traitement des paiements pour entreprises, a accepté en avril d’être rachetée par Advent International pour 6,3 milliards de dollars. Cotée au Nasdaq et à la Bourse de Toronto depuis 2020-2021, l’entreprise soutenue par Ryan Reynolds avait vu sa valorisation s’effondrer de 24 à 2,6 milliards entre 2021 et 2023. Le deal se finalisera fin 2024 ou début 2025.
5. PowerSchool : 5,6 milliards de dollars
L’éditeur de logiciels éducatifs PowerSchool, acquis par Apple en 2001 puis revendu à Pearson et Vista Equity, est en cours de rachat par Bain Capital pour 5,6 milliards de dollars. Introduite en bourse en 2021 à 3,5 milliards, sa valorisation avait dépassé les 5 milliards avant de retomber à 1,8 milliards l’an dernier. L’opération devrait aboutir au second semestre 2024.
6. Darktrace : 5,3 milliards de dollars
Le géant britannique de la cybersécurité Darktrace s’apprête à retourner dans le giron du privé à travers une acquisition à 5,3 milliards de dollars pilotée par Thoma Bravo. Valorisée 2,4 milliards lors de son IPO à Londres en 2021, la société fondée en 2013 est évaluée à 5,4 milliards sur une base totalement diluée dans le cadre de ce deal qui sera finalisé fin 2024.
7. Instructure : 4,8 milliards de dollars
Déjà introduite en bourse en 2015 puis retirée en 2019 dans le cadre d’un rachat par Thoma Bravo pour 2 milliards, la société d’Edtech Instructure était revenue sur les marchés publics en 2021. Mais avec une capitalisation stagnant autour des 3,5 milliards de dollars, c’est finalement KKR qui a repris le flambeau en juillet 2023 avec une offre à 4,8 milliards. Le deal sera conclu fin 2024.
8. Alteryx : 4,4 milliards de dollars
L’éditeur de logiciels d’analyse de données Alteryx a été repris en main pour 4,4 milliards de dollars par Clearlake Capital Group et Insight Partners. Cotée au NYSE depuis 2017, sa valeur était passée de 12 milliards en 2020 à 2 milliards en 2023 avant cette offre de rachat finalisée en mars dernier.
9. EngageSmart : 4 milliards de dollars
Vista Equity Partners a décaissé 4 milliards de dollars en octobre dernier pour s’emparer d’EngageSmart, spécialiste des logiciels d’engagement client. Introduite au NYSE en 2021, l’entreprise plafonnait entre 2 et 3 milliards de valorisation avant cette opération conclue en janvier 2024. Elle a depuis été scindée en deux entités distinctes : InvoiceCloud et SimplePractice.
10. Rover : 2,3 milliards de dollars
Le spécialiste de la garde d’animaux en ligne Rover, entré au Nasdaq via une SPAC en 2021, a été racheté par Blackstone pour 2,3 milliards fin 2023. L’opération a été finalisée en février.
11. Everbridge : 1,8 milliards de dollars
Thoma Bravo avait initialement offert 1,5 milliard début février pour mettre la main sur Everbridge, éditeur de logiciels de gestion d’événements critiques coté au Nasdaq depuis 2016. Après renégociation à la hausse, le fonds a finalement déboursé 1,8 milliard pour finaliser ce rachat en juillet. La capitalisation d’Everbridge était passée de 6,4 milliards en 2021 à moins d’1 milliard en 2023.
12. Kahoot : 1,7 milliards de dollars
Annoncée dès juillet 2023, l’acquisition de la plateforme d’e-learning ludifiée Kahoot par un consortium mené par Goldman Sachs Asset Management pour 1,7 milliard de dollars s’est conclue en janvier 2024. L’entreprise norvégienne était cotée à la Bourse d’Oslo depuis 2021. Le prix payé représente une prime de 53% par rapport au dernier cours de bourse avant l’annonce.
13. Model N : 1,25 milliards de dollars
Dernière méga-transaction en date, Model N, plateforme d’automatisation de décisions liées à la tarification et à la conformité, est passé dans l’escarcelle de Vista Equity Partners pour 1,25 milliard de dollars en juin dernier. Cotée au NYSE depuis 2013, sa valeur excédait rarement les 1,5 milliard et était tombée sous la barre du milliard dans les 6 mois précédant ce deal.
Ces méga-acquisitions illustrent la capacité du Private Equity à offrir des liquidités aux entreprises technologiques en quête de nouvelles options de sortie, dans un contexte de marché moins favorable aux IPO. Elles permettent aussi à des acteurs en difficulté de se réinventer à l’abri des pressions court-termistes des marchés financiers. Une tendance qui devrait se confirmer dans les mois à venir.