L’adoption des véhicules électriques en Europe pourrait bien prendre un coup de frein dans les mois à venir. Après une longue enquête, la Commission européenne a en effet conclu que les constructeurs chinois de véhicules électriques bénéficiaient de subventions massives de la part de Pékin, leur permettant d’afficher des prix défiant toute concurrence face à leurs rivaux européens. Bruxelles a donc décidé de réagir en imposant des droits de douane supplémentaires significatifs.
Des hausses de droits de douane entre 17% et 38%
Selon le niveau de subvention reçu, l’augmentation des droits de douane variera de façon importante d’un constructeur chinois à l’autre :
- SAIC (MG, IM Motors) écope de la plus forte hausse avec +38,1%
- Geely (Zeekr, Volvo, Lotus, Polestar) prend 20%
- BYD récolte 17,4%
De manière générale, les marques qui ont refusé de coopérer à l’enquête se voient infliger une hausse de 38,1%, contre « seulement » 21% pour celles qui ont collaboré. Compte tenu des droits de douane préexistants, certains véhicules chinois seront donc taxés à hauteur de 48% !
Aujourd’hui, nous avons franchi une étape importante dans notre enquête antisubvention, cela repose sur des preuves claires de notre enquête approfondie et dans le plein respect des règles de l’Organisation mondiale du commerce.
– Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne
La Chine menace de répliquer
En réponse à ces mesures protectionnistes, la Chine a d’ores et déjà fait savoir qu’elle comptait surtaxer en retour les véhicules européens de plus de 2,5 litres de cylindrée. Les berlines et SUV haut de gamme de marques comme Mercedes ou BMW, très populaires auprès de la clientèle chinoise aisée, seraient directement touchés.
L’Union Européenne laisse toutefois quelques mois au gouvernement chinois pour trouver un terrain d’entente avant l’application effective de ces nouveaux droits de douane au 1er novembre 2024. Mais au vu des profondes divergences, un accord semble pour l’heure peu probable.
Quel impact sur les prix des véhicules électriques en Europe ?
La grande question est maintenant de savoir si les constructeurs chinois vont répercuter intégralement la hausse des taxes sur les prix de vente aux consommateurs européens. C’est probable mais pas certain, étant donné les marges confortables dont ils disposent actuellement grâce à leur avantage compétitif en termes de coûts.
Si les prix augmentent sensiblement, cela pourrait pénaliser l’attractivité des voitures électriques chinoises et freiner leur percée en Europe, redonnant un peu d’air aux constructeurs locaux. À suivre donc dans les prochains mois, pour un dossier qui cristallise de nombreux enjeux industriels et géopolitiques.
