L’UE Accuse Microsoft De Pratiques Anticoncurrentielles Pour Teams

Mardi, l’Union Européenne a accusé le géant technologique Microsoft d’enfreindre les règles de concurrence en intégrant son outil de communication et de collaboration en temps réel Teams à ses suites populaires de productivité Office 365 et Microsoft 365. Cette décision fait suite à une enquête antitrust ouverte par l’UE il y a près d’un an, en juillet 2023, deux ans après une plainte déposée par Slack, concurrent direct de Teams.

Face à cette pression, Microsoft avait annoncé un « débundling » partiel de Teams fin août dernier, finalement mis en œuvre en avril 2024. Cependant, la Commission Européenne estime dans ses conclusions préliminaires que ces changements sont insuffisants pour répondre à ses préoccupations. Bruxelles soupçonne Microsoft d’avoir restreint la concurrence sur le marché des outils de communication et de collaboration, tout en défendant sa position dominante dans les logiciels de productivité.

Un avantage de distribution pour Teams ?

Selon l’UE, le couplage de Teams avec les applications SaaS phares de Microsoft comme Office 365 aurait donné à l’outil un avantage de distribution significatif par rapport à ses rivaux tels que Slack. La Commission pointe également du doigt de potentielles limitations d’interopérabilité entre les concurrents de Teams et les offres Microsoft, qui auraient pu empêcher l’innovation au détriment des clients européens.

Au-delà des applications de messagerie comme Slack, ce sont aussi les acteurs de la visioconférence comme Zoom qui ont pu pâtir de la stratégie de Microsoft autour de Teams, outil tout-en-un proposant messaging, appels audio et vidéo. Depuis la plainte initiale de Slack, Bruxelles a d’ailleurs reçu une nouvelle plainte d’alfaview GmbH, fournisseur allemand de solutions de visioconférence.

Vers une amende de plusieurs milliards ?

Si l’enquête devait conclure à une violation des règles européennes de concurrence, Microsoft s’exposerait à une amende pouvant aller jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires annuel mondial. L’UE pourrait aussi imposer des mesures correctives si elle juge nécessaire de restaurer des conditions de concurrence équitables.

La communication des griefs publiée aujourd’hui par la Commission Européenne est une victoire pour le choix des clients et une confirmation que les pratiques de Microsoft avec Teams ont nui à la concurrence.

Sabastian Niles, président et directeur juridique de Salesforce (propriétaire de Slack)

Microsoft va maintenant avoir l’opportunité de répondre aux conclusions préliminaires de l’UE. Il n’y a pas de délai fixe pour la clôture des investigations. Affaire à suivre donc, alors que le débundling de Teams annoncé l’an dernier ne devrait finalement pas avoir l’impact escompté sur la dynamique concurrentielle du marché.

Microsoft, habitué des contentieux antitrust

Ce n’est pas la première fois que les pratiques de Microsoft sont dans le viseur des régulateurs. Retour sur quelques affaires marquantes :

  • En 2004, la Commission Européenne avait sanctionné Microsoft pour abus de position dominante avec Windows Media Player
  • En 2009, Bruxelles a de nouveau condamné le géant de Redmond pour non-respect des engagements pris en 2004
  • Aux États-Unis, Microsoft a fait l’objet de nombreuses poursuites dans les années 90 pour ses pratiques liées à Windows et Internet Explorer

Avec le développement de ses activités cloud et la montée en puissance de Teams, Microsoft se retrouve à nouveau sous le feu des projecteurs des autorités de la concurrence. Le groupe devra faire preuve de pédagogie et potentiellement consentir à de nouvelles concessions pour éviter une sanction financière qui pourrait se chiffrer en milliards d’euros.

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