C’est la fin d’une bataille juridique de 13 ans entre Mike Lynch, le fondateur de la startup britannique Autonomy, et le géant américain Hewlett-Packard (HP). Lynch vient d’être acquitté de toutes les charges de fraude portées contre lui par HP suite au rachat d’Autonomy pour la somme colossale de 11 milliards de dollars en 2011.
Retour sur l’affaire HP-Autonomy
En 2011, HP avait acquis Autonomy, une pépite de la tech britannique spécialisée dans les logiciels d’analyse de données non structurées, pour 11 milliards de dollars. Un an plus tard, HP accusait Autonomy d’avoir gonflé artificiellement ses revenus avant l’acquisition. L’entreprise américaine avait alors passé une dépréciation de 8,8 milliards de dollars, dont 5 milliards liés selon elle aux pratiques comptables trompeuses d’Autonomy.
S’en est suivi un long combat judiciaire, HP accusant Lynch et son ancien directeur financier, Sushovan Hussain, d’avoir frauduleusement surévalué Autonomy. Lynch a toujours clamé son innocence, affirmant avoir été le bouc-émissaire des erreurs stratégiques d’HP.
Un procès au coeur de la Silicon Valley
Ce procès était très suivi dans la Silicon Valley, devenant l’une des plus grosses affaires de fraude de son histoire. Après 10 semaines de procès à San Francisco et 15 chefs d’accusation, le jury a finalement blanchi Mike Lynch et son ancien directeur financier.
Je suis ravi du verdict d’aujourd’hui et reconnaissant envers le jury pour son attention portée aux faits durant ces 10 dernières semaines.
– Mike Lynch
Les avocats de Lynch ont salué ce verdict qui « reflète un rejet retentissant des graves excès du gouvernement dans cette affaire » et qui « clôt le livre sur un effort implacable de 13 ans pour faire porter à Mike Lynch la responsabilité de l’incompétence bien documentée de HP ».
Mike Lynch, un pionnier de la tech britannique
Avant cette affaire, Mike Lynch était considéré comme l’un des plus brillants entrepreneurs britanniques. Il avait fondé Autonomy en 1996, la faisant passer d’un petit laboratoire de recherches à Cambridge à une licorne valorisée plusieurs milliards de dollars. Son rachat par HP avait été vu comme une consécration pour la tech britannique.
Lynch avait également été :
- Anobli par la reine pour services rendus à l’entrepreneuriat
- Conseiller du gouvernement britannique
- Membre des conseils d’administration de la BBC et de la British Library
Après son éviction d’Autonomy en 2012, il avait créé un fonds d’investissement, Invoke Capital, et investi notamment dans Darktrace, une pépite de la cybersécurité.
Un nouveau départ pour Mike Lynch ?
Cet acquittement marque-t-il le début d’un nouveau chapitre pour Mike Lynch ? Dans son communiqué, il dit avoir « hâte de rentrer au Royaume-Uni et de retrouver ce qu'[il] aime le plus : [sa] famille et l’innovation dans [son] domaine ».
Reste à voir si le monde des affaires et de la tech sera prêt à faire de nouveau confiance à cet entrepreneur visionnaire, après cette longue saga judiciaire. Une chose est sûre : beaucoup dans la Silicon Valley et au-delà suivront ses prochains pas avec intérêt.