L’entreprise européenne d’infrastructure pour l’intelligence artificielle Nebius, anciennement connue sous le nom de Yandex N.V., vient de réaliser une levée de fonds colossale de 700 millions de dollars pour financer son expansion aux États-Unis. Cette opération témoigne de l’intérêt croissant des investisseurs pour le secteur de l’IA, et renforce la position de l’Europe dans cette course technologique mondiale.
Un tour de table prestigieux
Selon Arkady Volozh, PDG de Nebius, cette levée de fonds a impliqué « des dizaines d’investisseurs très connus ». Si tous les noms ne sont pas encore révélés, trois poids lourds ont d’ores et déjà été annoncés :
- Nvidia, le géant des processeurs graphiques et l’une des entreprises les plus valorisées au monde
- Accel, un célèbre fonds de capital-risque de la Silicon Valley
- Orbis, une société de gestion d’investissements
Cette participation d’acteurs majeurs du secteur technologique démontre la confiance qu’ils accordent au projet de Nebius et à son potentiel de croissance.
Une renaissance après les sanctions
Nebius était auparavant la filiale néerlandaise d’Yandex, surnommé « le Google russe ». Suite aux sanctions imposées aux entreprises affiliées à la Russie, la société avait été suspendue de cotation au Nasdaq pendant près de trois ans. Après un processus de désinvestissement de grande ampleur, elle a finalement repris sa place sur le marché boursier américain en juillet dernier, sous son nouveau nom Nebius.
Une offre « full stack » pour l’IA
Le cœur de métier de Nebius est de fournir une infrastructure complète pour les entreprises d’intelligence artificielle, comprenant data centers, GPU et services associés. Pour étendre sa présence, la société mise sur une approche hybride :
- Des colocations (partage de centres de données), plus rapides à mettre en place
- Ses propres sites « greenfield », construits de A à Z
Cette stratégie nécessite des investissements considérables en capital, d’où le recours à ce financement privé de grande ampleur. Nebius se positionne ainsi comme un concurrent sérieux face aux géants du cloud et à d’autres acteurs émergents bien financés comme CoreWeave.
Un trésor de guerre de 3 milliards de dollars
Grâce à la vente de ses actifs russes plus tôt cette année, Nebius disposait déjà d’environ 2,2 milliards de dollars en banque. Une partie était réservée à un programme de rachat d’actions, mais celui-ci n’a finalement pas été nécessaire. En effet, depuis son retour en Bourse, l’action Nebius s’est maintenue autour de 21 dollars, bien au-dessus du prix de rachat prévu. La société peut donc conserver ces fonds pour financer son expansion.
Avec cette nouvelle levée de 700 millions, c’est donc un véritable trésor de guerre de près de 3 milliards de dollars que Nebius va pouvoir investir dans le développement de ses infrastructures. Un montant conséquent, mais qui reste relativement modeste au regard des besoins en capital du secteur. Arkady Volozh anticipe d’ailleurs déjà de futures levées, en fonds propres ou en dette.
La technologie et le capital sont les deux composantes de cette activité. Je ne m’inquiète pas pour la technologie, et je pense que nous serons en mesure de lever les capitaux nécessaires.
– Arkady Volozh, PDG de Nebius
Un signal fort pour l’IA européenne
Au-delà du cas Nebius, cette méga-levée de fonds est un signal fort pour tout l’écosystème européen de l’intelligence artificielle. Elle démontre la capacité des startups du Vieux Continent à attirer des investisseurs de premier plan et à se projeter à l’international, en particulier sur le marché américain.
Dans un contexte de course mondiale à l’innovation en IA, où les États-Unis et la Chine semblent avoir une longueur d’avance, des success stories comme celle de Nebius sont essentielles pour asseoir la crédibilité et la compétitivité de l’Europe. Elles ouvrent la voie à d’autres pépites européennes, et contribuent à positionner le continent comme un acteur incontournable de la révolution de l’intelligence artificielle.
Reste à voir si Nebius parviendra à tenir ses ambitieux objectifs de croissance et à s’imposer durablement face à une concurrence féroce. Mais avec un tel trésor de guerre et le soutien d’investisseurs de renom, la société semble avoir tous les atouts en main pour réussir son pari américain et propulser l’IA européenne sur le devant de la scène mondiale.