Des rumeurs circulent selon lesquelles Niantic, le studio derrière le phénomène mobile Pokémon Go, serait en pourparlers pour vendre sa division de développement de jeux. Selon des sources anonymes rapportées par Bloomberg, le studio envisagerait un accord avec le développeur de jeux mobiles Scopely, détenu par le groupe saoudien Savvy Games, pour un montant d’environ 3,5 millions de dollars.
L’ascension fulgurante de Niantic grâce à la réalité augmentée
Fondé en 2010 en tant que startup interne de Google, Niantic s’est rapidement imposé comme un pionnier dans le domaine des jeux en réalité augmentée. Son premier titre, Ingress, sorti en 2012, a été salué pour son approche originale mêlant géolocalisation et contrôle de territoire. Mais c’est véritablement avec Pokémon Go, lancé en 2016, que le studio a connu une renommée mondiale.
Pokémon Go a révolutionné le gaming mobile en faisant descendre les joueurs dans les rues, parcs et lieux publics pour capturer des créatures virtuelles.
John Hanke, PDG et fondateur de Niantic
Le succès de Pokémon Go a propulsé Niantic au rang de référence dans le domaine de la réalité augmentée appliquée au jeu mobile. Les titres suivants du studio, bien qu’ayant rencontré un certain succès, n’ont cependant pas réussi à réitérer l’engouement planétaire suscité par la chasse aux Pokémon.
Une restructuration nécessaire face aux défis du marché
Malgré son expertise reconnue, Niantic a dû faire face à plusieurs revers ces dernières années. En 2022, le studio a dû se séparer de 8% de ses effectifs et annuler quatre projets, dont Harry Potter: Wizards Unite. L’année suivante, ce sont 230 employés qui ont été licenciés, tandis que les jeux dérivés des licences NBA et Marvel ont été abandonnés.
Ces difficultés s’inscrivent dans un contexte de marché mobile de plus en plus concurrentiel, où la rentabilité des jeux repose souvent sur un modèle free-to-play avec achats intégrés. Niantic a cherché à diversifier ses activités, notamment en misant sur la création d’un large modèle géospatial exploitant le machine learning.
- En 2022, mise à jour de Scaniverse pour permettre la modélisation 3D d’objets réels
- Développement d’un modèle géospatial connectant des millions de scènes via l’IA
- Orientation stratégique vers les technologies de mapping 3D et de compréhension des scènes
Vers une cession de la division jeux au groupe Scopely
C’est dans ce contexte de restructuration que s’inscrirait le projet de cession de la division jeux de Niantic. Scopely, l’acquéreur potentiel, est un acteur bien établi du marché des jeux mobiles, avec des titres populaires comme Star Trek Fleet Command, Scrabble GO ou encore WWE Champions. Détenu depuis janvier 2023 par Savvy Games Group, un fonds d’investissement saoudien, Scopely disposerait des moyens financiers pour mener à bien cette acquisition.
L’acquisition de la division jeux de Niantic permettrait à Scopely de mettre la main sur un catalogue de licences fortes et une expertise précieuse en réalité augmentée.
Un analyste du secteur des jeux mobiles
Si elle venait à se concrétiser, cette opération marquerait un tournant majeur pour Niantic, qui se séparerait ainsi de son cœur d’activité historique. Le studio pourrait alors se consacrer pleinement au développement de ses technologies de mapping 3D et d’intelligence artificielle, avec l’ambition de devenir un acteur clé de la cartographie numérique du monde réel.
Contactés par nos soins, Niantic et Scopely n’ont pas souhaité commenter ces informations. Il faudra donc attendre une communication officielle pour en savoir plus sur l’avenir de la division jeux de Niantic et l’éventuelle implication de Scopely dans son rachat. Une chose est sûre : cette opération, si elle se confirme, témoigne des profondes mutations à l’œuvre dans l’industrie du jeu mobile et de la réalité augmentée.