C’est un coup dur pour les ambitions européennes dans le domaine des batteries lithium-ion. Northvolt, le fabricant suédois de batteries en difficulté, a annoncé jeudi avoir déposé le bilan aux États-Unis dans le but de redresser ses finances. Dans la foulée de ce dépôt de bilan, le co-fondateur et CEO Peter Carlsson a démissionné, bien qu’il reste conseiller et membre du conseil d’administration.
Malgré une croissance fulgurante ces dernières années, portée par de solides levées de fonds et une série d’annonces de nouvelles usines, Northvolt a récemment trébuché. En septembre, l’entreprise avait licencié 1600 employés, soit environ 20% de ses effectifs. En novembre, elle s’était séparée d’actifs issus du rachat malheureux de la startup californienne Cuberg.
Une situation financière précaire malgré des investissements massifs
Selon PitchBook, Northvolt a levé 14,26 milliards de dollars, dont 1,2 milliard en 2023 pour étendre ses opérations en Amérique du Nord. Mais cela n’a pas suffi à maintenir à flot cette entreprise qui consommait environ 100 millions de dollars par mois. Lorsque BMW s’est retiré en juin d’un contrat de 2 milliards de dollars après que Northvolt n’ait pas livré à temps, la faillite est devenue presque inévitable.
Aujourd’hui marque une nouvelle phase significative pour Northvolt ainsi que pour moi personnellement. Le dépôt de bilan du chapitre 11 permet une période pendant laquelle l’entreprise peut être réorganisée, monter en puissance tout en honorant les engagements envers les clients et fournisseurs, et finalement se positionner pour le long terme.
– Peter Carlsson, co-fondateur et ex-CEO de Northvolt
Un écosystème complexe et compétitif
Ce n’est pas la première fois qu’une startup de fabrication de batteries rencontre des difficultés – l’échec d’A123 Systems il y a plus de dix ans aux États-Unis en est un exemple marquant – et ce ne sera probablement pas la dernière. La production de cellules lithium-ion est d’une complexité redoutable, nécessitant une connaissance approfondie de la chimie, des équipements de production et de l’amélioration de la qualité. Même les entreprises leaders souffrent de problèmes coûteux, parfois à hauteur d’un milliard de dollars.
La faillite de Northvolt est probablement plus un signe d’une mauvaise exécution que d’une demande plus faible que prévue pour les véhicules électriques. L’Europe, comme d’autres économies avancées, s’est précipitée pour revendiquer une place dans l’espace de fabrication de batteries, et Northvolt semblait être sa meilleure chance de concurrencer les rivaux asiatiques.
Un avenir incertain mais des opportunités persistent
Est-ce la fin pour l’entreprise suédoise ? Pas nécessairement. D’une part, Volkswagen détient une partie de l’entreprise et a fait un gros pari sur les véhicules électriques, pour lesquels il aura besoin de millions de cellules. De plus, Northvolt pourrait encore être le meilleur espoir de l’Europe, peut-être avec l’aide d’un de ces rivaux asiatiques via un partenariat. Mais d’abord, l’entreprise doit remettre de l’ordre dans ses affaires.
- La faillite de Northvolt souligne les défis de l’industrie des batteries, malgré une forte demande pour les véhicules électriques
- L’Europe cherche à s’imposer face à la concurrence asiatique dans la production de batteries lithium-ion
- Un éventuel partenariat avec un rival asiatique pourrait aider Northvolt à se redresser
Cette faillite met en lumière les enjeux majeurs auxquels fait face l’industrie européenne des batteries, tiraillée entre ambitions stratégiques et réalités économiques d’un marché ultra-compétitif. L’avenir nous dira si Northvolt parviendra à se réinventer pour incarner les espoirs du Vieux Continent dans la course aux batteries du futur.