OpenAI Accusé de Pub Déguisée dans ChatGPT

Imaginez : vous discutez tranquillement avec ChatGPT d’un podcast sur Elon Musk et xAI, et soudain, sans crier gare, l’IA vous propose… d’installer l’application Peloton. Pas de contexte fitness, pas de mention de sport, rien. Juste une suggestion qui tombe comme un cheveu sur la soupe. C’est exactement ce qui est arrivé à Yuchen Jin, cofondateur de la startup Hyperbolic, et son post sur X a déclenché une véritable tempête dans la communauté tech.

En quelques heures, des milliers d’utilisateurs ont partagé leur indignation : payer 200 dollars par mois pour le plan Pro et se retrouver avec ce qui ressemble furieusement à une publicité ? Impensable. OpenAI a beau jurer que ce n’était pas une pub, le mal était fait. Cet incident soulève une question brûlante pour tous les entrepreneurs, marketeurs et fondateurs qui misent sur l’IA : jusqu’où les géants peuvent-ils monétiser nos conversations sans que nous nous sentions trahis ?

Que s’est-il réellement passé ?

Le 1er décembre 2025, Yuchen Jin partage une capture d’écran devenue virale (plus de 460 000 vues). On y voit ChatGPT, en plein milieu d’une conversation sur xAI, glisser une carte élégante : « Connectez l’application Peloton pour suivre vos entraînements… ». Le problème ? Le sujet n’avait absolument aucun rapport avec le sport.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Des abonnés Pro aux utilisateurs gratuits, tout le monde y est allé de son commentaire :

« Je paie 200 $ par mois pour éviter les pubs, pas pour en avoir dans mon IA privée. »

– Un commentaire parmi des centaines sous le post de Yuchen Jin

Un autre utilisateur raconte que ChatGPT lui recommande obstinément Spotify alors qu’il est abonné Apple Music depuis des années. Le sentiment général ? Celui d’une frontière franchie.

La réponse officielle d’OpenAI : « Ce n’est pas une pub »

Daniel McAuley, responsable des données chez ChatGPT, est intervenu personnellement dans le thread :

« Ce n’est pas une pub (il n’y a aucune composante financière). C’est seulement une suggestion d’installer l’application Peloton. Mais le manque de pertinence rend l’expérience mauvaise et confuse. Nous itérons sur les suggestions et l’UX. »

– Daniel McAuley, 1er décembre 2025

Un porte-parole a confirmé à TechCrunch qu’il s’agissait d’un test de la nouvelle plateforme d’applications annoncée en octobre 2025 : les « ChatGPT Apps » censées s’intégrer « naturellement » dans les conversations.

Mais voilà : « naturellement » semble encore loin d’être au point.

Pourquoi cette fonctionnalité fait-elle si peur ?

Parce qu’elle touche à trois points ultras sensibles pour les utilisateurs premium :

  • L’attente d’une expérience sans publicité quand on débourse 20, 100 ou 200 €/mois
  • La peur de la collecte de données implicite : comment ChatGPT a-t-il su que Peloton pouvait m’intéresser ?
  • L’impossibilité de désactiver ces suggestions (pour l’instant)

En marketing, on appelle ça un dark pattern soft : ce n’est pas illégal, mais ça joue sur la confusion pour pousser à l’action. Et quand c’est fait par l’entreprise qui nous vend « l’IA la plus avancée du monde », le sentiment de trahison est décuplé.

Le rêve d’OpenAI : remplacer l’App Store par ChatGPT

Derrière ce faux pas se cache une ambition colossale. OpenAI veut transformer ChatGPT en super-app où tout se passe : réservation d’hôtel (Expedia, Booking), design (Canva, Figma), formation (Coursera), immobilier (Zillow)… sans jamais quitter la conversation.

Le modèle économique ? Probablement une commission sur chaque conversion ou un système de référencement payant à terme. Ce qui expliquerait pourquoi, même sans rémunération actuelle, la fonctionnalité est déjà poussée agressivement.

Mais pour que ce rêve devienne réalité, il faut que les utilisateurs veulent ces suggestions. Or là, c’est tout l’inverse qui se produit.

Les leçons business à tirer de ce bad buzz

Pour tous les fondateurs et responsables produit qui nous lisent, cet épisode est une mine d’or :

  • La transparence paie : OpenAI aurait pu éviter 80 % du bad buzz en prévenant les utilisateurs beta du test
  • Le contexte est roi : une suggestion pertinente est perçue comme utile, une suggestion hors sujet = pub intrusive
  • Les utilisateurs premium sont les plus sensibles : ils paient justement pour une expérience « propre »
  • Un toggle off est obligatoire : même Google propose de désactiver les « découvertes » dans Search
  • Le timing compte : introduire une fonctionnalité monétisable avant qu’elle soit parfaite = risque maximum

Vers une monétisation inévitable des IA conversationnelles

Soyons honnêtes : toutes les IA grand public finiront par intégrer des suggestions sponsorisées. Les coûts d’inférence des modèles frontier (GPT-4o, Claude 3.5, Grok, etc.) sont astronomiques. OpenAI brûle plusieurs milliards par an.

Les options possibles :

  • Augmentation massive des abonnements (déjà en cours)
  • Publicités contextuelles dans les réponses
  • Marketplace d’apps avec commission (le pari actuel)
  • Partenariats entreprises (ChatGPT Enterprise sans pub)

Le vrai défi ? Faire accepter ces revenus supplémentaires sans détruire la confiance. Google a mis 15 ans à rendre AdWords « normal ». OpenAI a-t-il ce temps devant lui face à Claude, Gemini, Perplexity et Grok ?

Et maintenant ? Ce qu’il faut surveiller

Dans les prochaines semaines, attentons-nous à :

  • Une option pour désactiver totalement les suggestions d’apps
  • Un algorithme de pertinence largement amélioré
  • Peut-être une communication officielle de Sam Altman
  • Des concurrents (Anthropic, xAI, Google) qui vont mettre en avant leur absence de pub dans leurs arguments marketing

Conclusion : la confiance, actif le plus précieux de l’IA

Cet incident Peloton n’est qu’un symptôme. À mesure que les IA deviennent omniprésentes dans nos vies, la question n’est plus « vont-elles être monétisées ? » mais « comment le seront-elles sans nous perdre en route ? »

Pour les startups et scale-ups du secteur, la leçon est claire : celui qui parviendra à monétiser tout en restant perçu comme un allié (et non comme un vendeur) dominera la décennie.

En attendant, si vous croisez une suggestion Peloton en discutant de physique quantique… vous saurez que l’itération est toujours en cours.

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