Le combat de David contre Goliath continue dans le monde des startups et des géants de la tech. La startup Phhhoto, aujourd’hui disparue, relance sa plainte antitrust contre Meta, la maison-mère de Facebook et Instagram, devant les tribunaux américains. Selon Phhhoto, Meta aurait eu recours à des pratiques anticoncurrentielles qui ont précipité sa chute, en copiant ses fonctionnalités innovantes et en restreignant son accès aux utilisateurs.
Un premier rejet pour cause de prescription
En 2021, Phhhoto avait porté plainte contre Meta, affirmant que le géant avait violé la loi antitrust américaine. Mais en 2023, la juge Kiyo Matsumoto avait rejeté la plainte, estimant que les délais de prescription prévus par le Sherman Act, la loi antitrust en question, étaient dépassés. Un premier coup dur pour la startup, mais pas de quoi la décourager.
La cour d’appel donne une seconde chance à Phhhoto
Phhhoto a fait appel de cette décision, arguant que le délai de prescription aurait dû être suspendu en raison de la dissimulation frauduleuse des agissements de Meta. Et la cour d’appel vient de lui donner raison, estimant que le tribunal de première instance avait fait erreur dans son analyse et que l’affaire méritait d’être entendue sur le fond.
La cour d’appel a conclu que le tribunal de district s’était trompé à chaque étape de l’analyse de la dissimulation frauduleuse.
Décision de la cour d’appel
Meta accusé de manipuler son algorithme au détriment de Phhhoto
Au cœur des accusations de Phhhoto : la manipulation algorithmique dont Meta se serait rendu coupable pour étouffer la concurrence. Selon la startup, l’introduction d’un fil d’actualité basé sur un algorithme sur Instagram en 2016 aurait été utilisée pour supprimer le contenu de Phhhoto, entraînant une chute des inscriptions et de l’engagement sur son application.
Phhhoto affirme avoir découvert cette manipulation en postant une vidéo via un autre compte sur Instagram :
- La vidéo publiée via le compte de Phhhoto ne décollait pas, malgré ses 500 fois plus d’abonnés
- La même vidéo publiée via l’autre compte obtenait plus de likes et de vues
D’autres tactiques anticoncurrentielles pointées du doigt
Outre la manipulation algorithmique, Phhhoto accuse Meta d’avoir eu recours à d’autres méthodes pour lui nuire :
- Le retrait de son accès à l’API « Find Friends » permettant d’accéder au graphe social de Meta
- L’annulation de l’intégration prévue du contenu Phhhoto dans le fil d’actualité Facebook
- Le lancement d’Instagram Boomerang, une application vidéo en boucle copiant la technologie de Phhhoto
Le procès va pouvoir avoir lieu
Si la cour d’appel ne s’est pas prononcée sur le fond de l’affaire, sa décision permet à Phhhoto d’avoir enfin son jour au tribunal. L’affaire va donc être renvoyée devant le tribunal de district pour être jugée. Meta continue de nier en bloc, qualifiant le procès de « sans fondement ». Mais Phhhoto compte bien prouver le contraire et obtenir réparation pour le préjudice subi.
Comme nous l’avons dit depuis le début, ce procès est sans fondement et nous continuerons à nous défendre vigoureusement.
Un porte-parole de Meta
Un enjeu crucial pour l’innovation et la concurrence
Au-delà du sort de Phhhoto, ce procès soulève des questions essentielles sur les pratiques des géants de la tech face aux startups innovantes. Si les accusations de Phhhoto sont avérées, cela montrerait comment une entreprise dominante peut utiliser son pouvoir et sa plateforme pour écraser la concurrence et freiner l’innovation.
Dans un secteur aussi dynamique et vital pour notre économie, il est crucial de garantir une concurrence libre et non faussée, permettant l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles idées. C’est tout l’enjeu de ce procès, dont l’issue sera suivie de près par tout l’écosystème tech.