Pourquoi Investir en Climate Tech Maintenant

Imaginez que vous ayez investi dans Tesla en 2010, dans les panneaux solaires chinois en 2015 ou dans les batteries lithium-ion juste avant l’explosion des véhicules électriques. Aujourd’hui, beaucoup d’investisseurs regardent la climate tech avec scepticisme, persuadés qu’un « hiver climatique » s’installe. Et pourtant, les données les plus sérieuses du moment disent exactement l’inverse : nous sommes probablement au tout début d’un supercycle d’innovation et de croissance. Le rapport 2025 de l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) vient de le démontrer de façon éclatante.

Les prévisions qui ont tout changé en dix ans

Remontons à 2014. À l’époque, même le scénario le plus optimiste de l’IEA prévoyait que les émissions mondiales de CO₂ continueraient de grimper jusqu’en 2040. Le pire scénario ? Une courbe exponentielle qui nous menait droit à 46 gigatonnes par an. Le meilleur des mondes possibles (avec tous les engagements respectés) nous laissait quand même à 38 gigatonnes. Autant dire qu’on se préparait au pire.

Dix ans plus tard, le choc est total. Le scénario « business as usual » 2025 de l’IEA correspond exactement… au meilleur scénario de 2014. Et si tous les pays tiennent leurs promesses actuelles, on descendrait même à 33 gigatonnes en 2040. En clair : ce que nous considérions comme « l’utopie » il y a dix ans est devenu notre ligne de base aujourd’hui.

« Le pire scénario d’aujourd’hui est le meilleur scénario d’hier. »

– Synthèse du rapport IEA World Energy Outlook 2025

Ce n’est pas une petite correction technique. C’est un changement de paradigme complet. Et si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est que quand les prévisions officielles sous-estiment systématiquement le rythme du progrès technologique, c’est généralement parce qu’on se trouve au début d’une courbe en S.

Les signes concrets d’un point d’inflexion

Les anecdotes qui confirment cette inflexion pleuvent de partout :

  • En Allemagne, les ventes de voitures électriques battent tous les records… alors que les subventions ont été supprimées fin 2023.
  • En Inde et en Afrique subsaharienne, le solaire + batterie devient moins cher que le charbon ou le diesel pour produire de l’électricité – même sans subvention.
  • La Chine, longtemps accusée de freiner la transition, annonce officiellement que son pic d’émissions arrivera avant 2030 (et les données satellite montrent déjà un plafonnement).
  • Le prix du stockage batterie a été divisé par 7 en dix ans et continue de baisser de 15-20 % par an.

Ces signaux ne sont pas des épiphénomènes. Ils sont la preuve que la climate tech est en train de franchir le « chasm » de Geoffrey Moore : elle passe du statut de technologie de niche à celui de solution dominante, moins chère et plus performante que l’ancien monde fossile.

Pourquoi les investisseurs tech doivent se réveiller maintenant

Dans le monde des startups, on connaît la musique : les meilleurs retours sur investissement se font quand on entre au moment où tout le monde pense que « c’est fini » ou que « c’est trop risqué ». Regardez l’IA générative en 2022 : pendant que la majorité des VC fuyait le secteur après l’éclatement de la bulle crypto/NFT, une poignée de fonds (a16z, Sequoia, Coatue…) ont investi massivement dans OpenAI, Anthropic, Mistral, etc. Résultat ? Des multiples de 50x à 100x en moins de 36 mois.

La climate tech vit exactement le même moment psychologique en 2025-2026.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Les investissements climat ont chuté de 40 % en 2023-2024 (effet taux d’intérêt + désillusion post-SPAC).
  • Les valorisations des startups climat ont été divisées par 3 à 5 en moyenne.
  • Les meilleurs fonds spécialisés (Breakthrough Energy Ventures, Lowercarbon, Congruent) continuent pourtant de déployer à un rythme record… en toute discrétion.

Traduction : les valorisations n’ont jamais été aussi basses alors que les fondamentaux n’ont jamais été aussi solides. C’est la définition même d’une opportunité d’achat contrarian.

Les verticales climate tech qui vont exploser dans les 5 prochaines années

Voici les domaines où les investisseurs les plus malins placent leurs billes aujourd’hui :

1. Stockage longue durée (beyond lithium)

Le lithium-ion a gagné la bataille du véhicule électrique, mais il ne suffira pas pour stocker l’électricité plusieurs jours ou semaines. Les technologies flow batteries, gravité, thermique et hydrogène vert lèvent des tours de table de plusieurs centaines de millions avec des valorisations encore raisonnables.

2. Géothermie nouvelle génération

Fervo Energy, Sage Geosystems ou Eavor lèvent des centaines de millions pour industrialiser la géothermie « anywhere ». Avantage : énergie baseload, renouvelable, 24/7, avec un LCOE déjà compétitif face au gaz dans plusieurs régions US.

3. Software d’optimisation des réseaux électriques

Avec l’explosion des renouvelables variables et des véhicules électriques, les réseaux deviennent fous. Les startups qui développent des « cerveaux » IA pour piloter en temps réel la demande, le stockage et la production (type AutoGrid, Piclo, GridBeyond) signent des contrats à huit chiffres avec les plus grands utilities.

4. Protéines alternatives et agriculture régénérative

L’agriculture représente encore 25 % des émissions mondiales. Les startups de fermentation de précision (Impossible Foods, Perfect Day) et celles qui séquestrent du carbone dans les sols via des pratiques régénératives lèvent à tour de bras.

5. Capture et valorisation du carbone

Climeworks, CarbonCure ou LanzaTech transforment le CO₂ en matériaux de construction, carburant aviation ou produits chimiques. Les crédits carbone à 100-200 $/t commencent à rendre ces business models rentables.

Comment positionner son portefeuille dès aujourd’hui

Pour un investisseur tech habitué aux SaaS ou à l’IA, voici la stratégie qui émerge chez les meilleurs fonds climat :

  • 60 % dans des actifs « deep tech » mais déjà démontrés commercialement (géothermie, stockage, software réseau)
  • 30 % dans des paris plus early (nouveaux procédés d’hydrogène vert, matériaux bas carbone)
  • 10 % dans des « picks and shovels » (fournisseurs de capteurs, logiciels de simulation, plateformes de crédits carbone)

Le ticket moyen ? Entre 5 et 50 millions d’euros sur des tours Series A à C, là où les valorisations restent encore raisonnables (50-300 M€ pré-money).

Le mot de la fin : l’histoire récompense ceux qui voient l’inflexion avant les autres

En 2004, presque personne ne croyait au smartphone. En 2010, presque personne ne croyait au véhicule électrique. En 2019, presque personne ne croyait à l’IA générative grand public. À chaque fois, les investisseurs qui ont compris que nous étions au début d’une courbe en S ont réalisé des multiples historiques.

Aujourd’hui, la climate tech est exactement à ce stade. Les données de l’IEA le crient, les marchés émergents le prouvent, les valorisations le confirment.

La question n’est plus de savoir si la transition énergétique va se produire. Elle est déjà en cours, plus vite que prévu. La seule vraie question, c’est : serez-vous du côté de ceux qui regardent le train passer… ou de ceux qui montent dedans avant que tout le monde ne se rende compte qu’il est déjà parti ?

Pour les entrepreneurs et les investisseurs tech, 2025-2030 s’annonce comme la plus grande création de valeur de notre génération. Et elle sera verte.

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