Le secteur des startups proptech, autrefois en plein essor grâce à des taux d’intérêt bas, traverse une période difficile. Avec une chute des investissements de 11,1 milliards de dollars en 2021 à 3,7 milliards l’année dernière selon PitchBook, certaines startups se vendent tandis que d’autres mettent la clé sous la porte. Divvy Homes et EasyKnock en sont les derniers exemples.
Divvy Homes : une vente précipitée à Maymont Homes
Fast Company a révélé la semaine dernière que la startup proptech Divvy Homes, spécialisée dans la location-accession, était en passe d’être rachetée à bas prix par Maymont Homes, une division de Brookfield Properties. Si Divvy a refusé de commenter, une source proche du dossier a confirmé à TechCrunch que des discussions étaient en cours, sans pour autant qualifier l’opération de bradage.
Fondée il y a 9 ans, Divvy avait levé plus de 700 millions de dollars auprès d’investisseurs de renom comme Tiger Global Management, GGV Capital et Andreessen Horowitz. Sa dernière levée, une Serie D de 200 millions en août 2021 menée par Tiger Global et Caffeinated Capital, l’avait valorisée 2 milliards de dollars. Mais dès 2022, les premiers signes de difficulté sont apparus avec plusieurs vagues de licenciements.
EasyKnock : une fermeture brutale
De son côté, EasyKnock a fermé ses portes du jour au lendemain le mois dernier, comme l’a rapporté NPR. Cette startup, qui se présentait comme le premier fournisseur de location-vente résidentielle basé sur la technologie, avait levé 455 millions de dollars depuis sa création en 2016 auprès d’investisseurs comme Blumberg Capital, QED Investors et le bras armé de capital-risque de Northwestern Mutual.
Mais son modèle économique, qui consistait à acheter des maisons à des propriétaires en difficulté financière pour ensuite les leur louer, avait attiré les critiques. Plus de deux douzaines de poursuites avaient été engagées, et le procureur général du Michigan l’avait accusée de pratiques trompeuses. Selon des sources proches du dossier, EasyKnock était insolvable et criblée de dettes quand elle a fermé.
Des business models remis en cause par la hausse des taux
Au cœur des difficultés de Divvy Homes et EasyKnock : la remontée des taux d’intérêt initiée en 2022 par la Fed pour juguler l’inflation. Pour ces entreprises qui achetaient des maisons dans le cadre de leur activité, cette hausse a été dévastatrice, limitant leur capacité d’achat et de profit.
Dans le cas d’EasyKnock, qui s’était endettée pour financer ses opérations, le renchérissement du crédit a été fatal. Son modèle, qui ciblait des propriétaires à faible cote de crédit en leur donnant accès à des liquidités rapides en échange d’un rachat futur, s’est aussi retourné contre elle avec les nombreux litiges.
Un avenir incertain pour les startups proptech
Avec des taux toujours élevés et des financements qui se tarissent, d’autres startups proptech pourraient connaître le même sort dans les mois à venir. Comme le souligne TechCrunch, celles qui sont nées et ont levé des fonds durant les années fastes vont devoir s’adapter pour survivre :
- Revoir leur modèle économique et leurs investissements
- Mieux maîtriser leurs coûts et leur endettement
- Ralentir leur croissance pour préserver leurs liquidités
Le défi est de taille car les valorisations et les tours de table records de l’ère pré-Covid appartiennent désormais au passé. Les investisseurs, plus sélectifs, privilégient les entreprises rentables ou proches de l’être. Un changement de paradigme douloureux pour beaucoup de jeunes pousses, mais nécessaire pour assainir le secteur et construire des acteurs pérennes de l’innovation immobilière.
Dans cet environnement compliqué, la créativité et l’agilité seront des atouts clés pour rebondir et se réinventer.
– Un connaisseur du secteur proptech
Les exemples de Divvy Homes et EasyKnock montrent en tout cas que même les startups les mieux financées ne sont pas à l’abri. Un constat qui devrait inciter les entrepreneurs à la prudence, mais sans renoncer pour autant à bousculer les codes d’un secteur immobilier en pleine mutation technologique.