Imaginez la scène : vous êtes en réunion avec un client, il sort son iPhone dernier cri, vous avez votre Pixel tout neuf, et quand il faut s’envoyer rapidement les photos du prototype… c’est le drame habituel. WhatsApp qui compresse tout, Mail qui met trois plombes, ou le sempiternel « envoie-moi ça par WeTransfer ». Frustrant, non ? Et si, du jour au lendemain, ce cauchemar appartenait au passé ? C’est exactement ce que Google vient d’annoncer le 20 novembre 2025 : Quick Share fonctionne désormais avec AirDrop. Et ça commence avec la gamme Pixel 10.
Pour les entrepreneurs, les marketeurs, les fondateurs de startups et tous ceux qui vivent avec un smartphone greffé à la main, cette nouvelle n’est pas qu’une simple mise à jour technique. C’est un véritable game-changer dans la guerre silencieuse que se livrent Android et iOS depuis quinze ans.
Ce qui change concrètement dès aujourd’hui
Concrètement, si vous avez un Pixel 10 (ou bientôt un autre flagship Android), vous pouvez désormais voir un iPhone, un iPad ou même un Mac dans la liste des appareils disponibles quand vous lancez Quick Share. Et vice-versa : l’iPhone peut envoyer directement vers votre Pixel.
Le fonctionnement reste ultra-simple :
- L’utilisateur iPhone passe AirDrop en mode « Tous pendant 10 minutes » (oui, c’est encore obligatoire pour l’instant)
- Le Pixel apparaît comme n’importe quel autre appareil Apple
- Vous sélectionnez, vous validez le nom de l’appareil affiché, et c’est parti
- Le transfert est direct, peer-to-peer, sans passer par un serveur
Google insiste lourdement sur le fait qu’il n’y a aucun compromis sur la sécurité : connexion chiffrée de bout en bout, aucune donnée stockée, audits réalisés par des experts indépendants. Bref, tout ce qu’il faut pour rassurer les équipes qui manipulent des documents sensibles.
Pourquoi cette annonce tombe pile au bon moment
Regardez autour de vous dans n’importe quel espace de coworking ou événement startup : la moitié des gens ont un iPhone, l’autre moitié un Android haut de gamme. Pourtant, dès qu’il s’agit de partager un fichier rapidement, on retombe dans les années 2010. Cette friction, aussi minime soit-elle, crée des micro-frustrations quotidiennes qui s’accumulent.
Pour une agence de communication digitale, c’est perdre 5 minutes à chaque shooting photo avec un client Apple. Pour un fondateur qui pitch son deck, c’est le stress de ne pas pouvoir envoyer la version finale instantanément à un investisseur sous iOS. Multipliez ça par des centaines d’interactions par mois, et vous comprenez vite l’impact business.
« Cette implémentation avec le mode ‘Tous pendant 10 minutes’ n’est que la première étape d’un partage cross-platform vraiment fluide. Nous serions ravis de collaborer avec Apple pour activer le mode ‘Contacts uniquement’ à l’avenir. »
– Google, blog officiel, 20 novembre 2025
Cette phrase est lourde de sens. Google tend la main publiquement. Reste à savoir si Apple, réputée pour son jardin bien clos, va saisir l’opportunité.
L’interopérabilité : le nouveau champ de bataille des géants
Ces dernières années, on assiste à un mouvement de fond : les régulateurs (surtout en Europe avec le Digital Markets Act) poussent les géants à ouvrir leurs écosystèmes. RCS sur iPhone, détection des AirTags avec Android, et maintenant Quick Share/AirDrop… Ce n’est plus une coïncidence.
Pour les entrepreneurs tech, c’est une excellente nouvelle : on sort enfin de la logique de silos. L’utilisateur n’a plus à choisir son camp pour des fonctionnalités aussi basiques que partager une photo en haute qualité. Et quand l’expérience utilisateur s’améliore, c’est toute l’industrie mobile qui en profite.
Petit rappel des avancées récentes qui vont dans le même sens :
- 2023 : Apple adopte enfin le RCS (merci l’Europe)
- 2024 : Détection croisée des traqueurs Bluetooth (AirTag, Find My, SmartTag)
- 2025 : Quick Share ↔ AirDrop
On est clairement dans une dynamique d’ouverture forcée… qui finit par bénéficier à tout le monde.
Ce que ça change pour votre business au quotidien
Concrètement, si vous êtes dans le marketing, la création de contenu, le design ou toute activité où le partage rapide de fichiers lourds est critique, cette compatibilité va vous faire gagner un temps fou.
Exemples vécus par des équipes que je connais :
- Une agence social media qui shoot en 4K avec des influenceurs iPhone : fini les transferts compressés
- Un studio de design qui valide des maquettes sur le terrain avec des clients Apple : envoi instantané des PSD ou vidéos
- Des journalistes tech en conférence de presse : plus besoin d’attendre le Wi-Fi pour envoyer les photos à la rédaction
Et tout ça sans installer d’application tierce, sans créer de compte, sans compression sauvage. Juste du natif, rapide et sécurisé.
Pixel 10 : le premier bénéficiaire, mais pas le dernier
Google a choisi de lancer cette fonctionnalité en exclusivité sur sa nouvelle gamme Pixel 10. Stratégie classique : créer de la désirabilité sur ses flagships avant d’étendre à l’ensemble de l’écosystème Android.
Mais la firme de Mountain View a déjà annoncé que d’autres appareils Android bénéficieront de la mise à jour « dans les mois qui viennent ». Samsung, OnePlus, Xiaomi… tout le monde devrait suivre rapidement. On peut raisonnablement penser que d’ici l’été 2026, la majorité des smartphones haut de gamme Android seront compatibles.
Et Apple dans tout ça ?
Silence radio du côté de Cupertino. TechCrunch a contacté Apple, qui n’a pas répondu. Classique.
Mais derrière les murs, ça doit bouger. Car si Google a réussi à faire fonctionner AirDrop sans bidouille visible, c’est forcément qu’il y a eu au minimum une forme de coordination technique. Impossible autrement d’accéder aux APIs nécessaires.
Est-ce le début d’une collaboration plus profonde ? Probablement pas demain. Mais le DMA et la pression concurrentielle font leur œuvre. Apple a déjà dû ouvrir iMessage au RCS, accepter les stores alternatifs en Europe, autoriser les paiements NFC tiers… La compatibilité AirDrop/Quick Share s’inscrit dans cette même logique.
Ce que ça nous dit sur l’avenir du mobile
On assiste à la fin progressive des jardins clos. L’utilisateur veut de la fluidité, peu importe la marque. Les régulateurs poussent, les concurrents s’adaptent, et même Apple finit par céder sur des points qui semblaient intouchables il y a encore deux ans.
Pour les startups et les entrepreneurs tech, c’est une opportunité énorme : développer des expériences qui transcendent les plateformes devient plus simple. Moins de friction = plus d’adoption = croissance plus rapide.
Et qui sait, peut-être que dans deux ans on aura :
- Un vrai mode « Contacts uniquement » entre Quick Share et AirDrop
- La synchronisation des presse-papiers universels
- Le partage de live activities entre Android et iOS
On peut rêver.
Conclusion : une petite mise à jour, un grand pas
Ce que Google vient d’annoncer n’a l’air de rien : une ligne dans un changelog. Mais dans les faits, c’est la fin d’une des dernières grandes frustrations entre Android et iOS.
Pour tous ceux qui travaillent dans la tech, le marketing, la création ou l’entrepreneuriat, c’est une excellente nouvelle. Moins de temps perdu, plus de fluidité, des collaborations simplifiées.
Et surtout, la preuve que même les géants finissent par écouter quand les utilisateurs (et les régulateurs) parlent assez fort.
Alors la prochaine fois que vous serez en réunion avec un client iPhone et que vous voudrez lui envoyer votre présentation en 2 secondes… vous saurez que c’est enfin possible. Merci Google. Et peut-être, un jour, merci Apple aussi.






