Les autorités de régulation britanniques viennent de rendre leur verdict préliminaire concernant les pratiques d’Apple et Google dans le domaine des navigateurs mobiles. Selon l’Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) du Royaume-Uni, les politiques restrictives d’Apple en matière de navigateurs, ainsi que son accord avec Google, « entravent l’innovation » dans ce secteur crucial.
Apple impose son moteur de rendu WebKit
Le cœur du problème soulevé par la CMA réside dans l’obligation faite par Apple aux navigateurs mobiles concurrents d’utiliser WebKit, le moteur de rendu maison de Safari. Cette restriction limiterait significativement les capacités et fonctionnalités des autres navigateurs sous iOS.
Nous avons provisoirement conclu que les restrictions d’Apple limitent le trafic des navigateurs challengers et l’étendue de la personnalisation de l’expérience de navigation dans les applications.
Rapport d’enquête de la CMA
De plus, les navigateurs tiers utilisant WebKit n’auraient pas accès au même niveau de fonctionnalités que Safari. Une situation qui nuirait à la concurrence et à l’innovation selon le régulateur britannique.
Un pacte Apple-Google qui profite aux deux géants
Autre point soulevé par l’enquête : l’accord de partage de revenus entre Apple et Google. Lorsque Chrome est utilisé sous iOS, les deux entreprises en tirent des « revenus significatifs », ce qui réduit leurs incitations financières à se faire concurrence.
Nous avons provisoirement établi qu’Apple et Google gagnent des revenus significatifs quand Chrome est utilisé sur iOS, ce qui réduit leurs incitations financières à se concurrencer.
Rapport d’enquête de la CMA
Un constat qui fait écho aux récentes actions du département de la Justice américain (DoJ). Ce dernier a en effet estimé que Google devrait se séparer de Chrome suite à une décision de justice le qualifiant de monopole illégal sur les recherches en ligne.
Des changements à venir avec le Digital Markets Act ?
Si rien ne changera dans l’immédiat suite à ces conclusions préliminaires, la CMA souligne que le Digital Markets, Competition and Consumers Act, qui entrera en vigueur l’an prochain, devrait permettre de s’attaquer à ces pratiques.
- Le régulateur britannique invite maintenant les parties prenantes à commenter ses conclusions provisoires
- Une décision finale est attendue pour mars 2025
- Apple et Google nient toute pratique anticoncurrentielle et mettent en avant la sécurité et la confidentialité des utilisateurs
Cette enquête britannique marque une étape supplémentaire dans la remise en cause des positions dominantes d’Apple et Google sur le marché des technologies mobiles. Reste à voir si elle débouchera sur des changements concrets des pratiques des deux géants américains, et si d’autres régulateurs leur emboîteront le pas.