Alors que l’échéance du 19 janvier approche à grands pas, l’interdiction de TikTok aux États-Unis pourrait bien être repoussée. En effet, selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg, l’administration Trump entrante envisagerait de prolonger le délai afin de trouver une solution permettant d’éviter la suspension pure et simple du réseau social.
Un enjeu qui divise jusqu’au sein de l’administration Trump
Si c’est bien Donald Trump lui-même qui avait lancé l’offensive contre TikTok durant son premier mandat, brandissant des accusations d’espionnage au profit de la Chine, son approche semble avoir évolué durant la campagne présidentielle. Le président élu avait en effet promis de sauver l’application s’il était réélu.
Mais au sein même de la future administration Trump, les avis divergent. Michael Waltz, le prochain conseiller à la sécurité nationale, a ainsi déclaré sur Fox News que des mesures seraient prises pour éviter un « blackout » de TikTok. Une position nuancée par d’autres conseillers, qui estiment que ce dossier épineux devra être géré par la nouvelle équipe une fois Trump investi.
La Cour Suprême saisie du dossier
En parallèle des réflexions de l’exécutif, l’avenir de TikTok est également entre les mains de la Cour Suprême. Donald Trump a en effet demandé aux juges de geler la loi prévoyant l’interdiction, le temps que les négociations se poursuivent.
Selon le Washington Post, le président élu envisagerait même de signer un décret présidentiel dès sa prise de fonction, afin de s’accorder plus de temps pour trouver un accord ou une alternative.
ByteDance, la maison-mère chinoise, sous pression
Au cœur de ce bras de fer politico-technologique se trouve ByteDance, le groupe chinois propriétaire de TikTok. Pour tenter d’apaiser les tensions, l’entreprise avait proposé de céder les activités américaines de l’application à Oracle et Walmart. Mais cette offre n’avait pas convaincu l’administration Trump.
ByteDance est donc plus que jamais sous pression pour trouver une issue. Car si TikTok venait réellement à être banni des États-Unis, ce serait un coup dur pour ce réseau social en plein essor, qui compte plus de 100 millions d’utilisateurs américains.
Les utilisateurs de TikTok peuvent souffler… pour l’instant
Si rien n’est encore acté, les dernières informations suggèrent donc que TikTok devrait échapper à une suspension brutale ce dimanche 19 janvier. De quoi rassurer les millions d’utilisateurs américains, très attachés à cette plateforme de vidéos courtes et créatives.
Mais l’avenir de TikTok aux États-Unis est loin d’être assuré pour autant. Car même si un délai supplémentaire est accordé, ByteDance va devoir convaincre les autorités américaines que son application ne représente pas une menace pour la sécurité nationale. Un défi de taille dans un contexte de tensions persistantes entre Washington et Pékin.
Quelles alternatives en cas de ban définitif ?
Si malgré tous ces efforts, TikTok venait finalement à disparaître des écrans américains, ses aficionados devraient se tourner vers d’autres plateformes pour assouvir leur soif de vidéos addictives. Parmi les alternatives potentielles :
- Les réseaux sociaux établis comme Instagram avec ses Reels, ou Snapchat et ses filtres ludiques, pourraient récupérer une partie des utilisateurs orphelins.
- Triller, une app de clips musicaux qui a le vent en poupe, est également citée comme un recours crédible pour la communauté TikTok.
- Enfin, Byte, lancée par un cofondateur de Vine (ancêtre de TikTok), espère bien récupérer les créateurs en quête d’une nouvelle maison.
Mais ces prétendants arriveront-ils à reproduire l’alchimie unique qui a fait le succès de TikTok, avec ses challenges viraux et ses contenus ultra-créatifs ? Rien n’est moins sûr. Comme souvent dans le digital, les effets de réseau et la masse critique d’utilisateurs sont des atouts maîtres difficiles à répliquer.
TikTok, victime collatérale de la tech war sino-américaine
Au-delà du cas TikTok, ce feuilleton illustre surtout la bataille technologique et économique qui fait rage entre les États-Unis et la Chine. Dans cette « tech war » sans merci, les géants du numérique sont devenus des pions stratégiques, au même titre que les semi-conducteurs ou la 5G.
Et dans ce climat de défiance vis-à-vis de la Chine, d’autres entreprises pourraient se retrouver dans le viseur de Washington. On pense notamment à Tencent (WeChat) ou Alibaba (AliExpress), eux aussi suspectés par certains de collusion avec le régime de Xi Jinping.
L’affaire TikTok risque donc de faire jurisprudence et de pousser bon nombre de startups chinoises à revoir leurs ambitions à l’international, par peur de se heurter à des barrières politiques infranchissables.
En attendant, les équipes de TikTok vont devoir redoubler d’efforts et de créativité ces prochaines semaines pour prouver leur bonne foi et sauver ce qui peut l’être de leur aventure américaine. Une mission quasi-impossible ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la partie d’échecs géopolitique entre Washington et Pékin est loin d’être terminée, et d’autres pions tech pourraient prochainement en faire les frais.