C’est un revers cinglant pour le streaming illégal de Roland-Garros. La Fédération Française de Tennis (FFT) vient en effet d’obtenir de la justice le blocage de 12 services d’IPTV et sites pirates qui diffusaient sans autorisation le célèbre tournoi du Grand Chelem. Une décision qui souligne la volonté des ayants-droit de protéger la valeur de leurs contenus premium face au piratage sportif rampant.
La FFT saisit la justice pour défendre ses droits TV
Détenteurs des droits de diffusion de Roland-Garros jusqu’en 2024, France Télévisions (en clair) et Amazon Prime Video (payant) voient régulièrement leurs audiences cannibalisées par de nombreux sites et services illégaux. Des IPTV et sites de streaming pirates qui proposent gratuitement l’accès à tous les matchs, court-circuitant le modèle économique des diffuseurs officiels.
Face à ce manque à gagner, la FFT a décidé de contre-attaquer en assignant en référé les principaux fournisseurs d’accès à Internet français (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free et Outremer Telecom). En s’appuyant sur l’article L333-10 du Code du sport, la fédération a ainsi demandé le blocage de 12 sites et services :
- livetv.sx, tennistream.com, crichd.com (sites de streaming)
- sportshub.stream, viprow.nu, buffstream.sx, buffsports.me, batman-stream.live (sites de streaming)
- jokerguide.com (site de liens streaming)
- bobres.net, iceflashott.com, king-iptv.org (services IPTV pirates)
Et la FFT a obtenu gain de cause. Dans une ordonnance datée du 16 mai, le tribunal judiciaire de Paris a fait droit à ces demandes en imposant aux FAI le blocage des sites et services incriminés sur l’ensemble du territoire français, y compris outre-mer et en Nouvelle-Calédonie, et ce jusqu’au 9 juin, date de la finale de Roland-Garros.
Un signal fort envoyé aux sites de streaming sportif illégaux
Si cette décision représente une victoire importante pour la FFT dans sa lutte contre le piratage de Roland-Garros, elle envoie surtout un signal fort aux nombreux sites qui diffusent illégalement des compétitions sportives. Le streaming est en effet devenu le principal vecteur de piratage des événements en direct comme le sport ou les concerts.
Le piratage sportif représente un manque à gagner considérable pour les ayants-droit et nuit à l’attractivité des droits TV.
Julien Taieb, avocat spécialisé dans les médias
Outre son impact économique, le piratage met aussi en péril le financement du sport. Les droits TV représentent en effet une part conséquente des revenus des fédérations et ligues sportives, qui les réinvestissent dans le développement de leur discipline.
En s’attaquant au streaming illégal de Roland-Garros, la FFT espère donc créer un précédent et inciter d’autres ayants-droit à saisir la justice pour défendre la valeur de leurs droits. Une riposte juridique qui montre que le piratage sportif n’est plus une fatalité à l’heure du tout numérique.
Quelle efficacité pour le blocage des sites de streaming ?
Reste à savoir si le blocage ordonné par le tribunal sera réellement efficace pour endiguer le streaming illégal de Roland-Garros. Les internautes les plus aguerris disposent en effet de plusieurs moyens pour contourner ce type de mesures :
- Utilisation de VPN pour changer d’adresse IP et accéder aux sites bloqués
- Recours à des DNS alternatifs (Google, Cloudflare…) non filtrés par les FAI
- Migration des sites de streaming vers de nouvelles adresses non répertoriées
Autant de techniques qui limitent la portée des blocages, comme l’ont montré ceux visant les sites de streaming de films ou séries. Une course sans fin entre ayants-droit et pirates qui soulève la question de l’efficacité à long terme de l’arsenal juridique face à un phénomène aussi multiforme que le piratage en ligne.
Malgré ces limites, la FFT peut toutefois se satisfaire d’avoir marqué des points dans sa bataille contre le streaming illégal de Roland-Garros. Un combat crucial pour préserver la valeur d’un des joyaux du sport français et assurer l’équité entre téléspectateurs, qu’ils soient abonnés ou non aux chaînes payantes. Car au final, c’est bien la pérennité du modèle sportif dans son ensemble qui se joue aussi derrière ces coups de raquette juridiques.