Imaginez ceci : vous êtes le 28 novembre 2025, il est 6 heures du matin, et des millions d’Américains ouvrent l’application Amazon en quête de la bonne affaire. Mais cette année, une petite bulle discrète change tout. Elle s’appelle Rufus. Et selon les premiers chiffres qui tombent ce week-end, elle vient de transformer le Black Friday en démonstration de force pour l’intelligence artificielle dans le retail. Les données sont hallucinantes : les sessions avec Rufus qui débouchent sur un achat ont littéralement explosé de 100 % par rapport à la moyenne des 30 jours précédents. À titre de comparaison ? Les sessions sans Rufus n’ont progressé que de 20 %. Autrement dit, l’IA d’Amazon ne fait pas que répondre à des questions : elle vend. Vraiment.
Les chiffres qui font mal (aux concurrents)
Le cabinet Sensor Tower, spécialiste de l’analyse d’applications mobiles, a publié des statistiques qui donnent le vertige :
- Sessions avec Rufus → achat : +100 % vs moyenne 30 jours
- Sessions sans Rufus → achat : +20 % seulement
- Progression jour sur jour Black Friday : +75 % avec Rufus vs +35 % sans
- Sessions totales impliquant Rufus : +35 % jour/jour alors que le trafic global du site n’a augmenté que de 20 %
En clair ? Quand Rufus entre dans la danse, le taux de transformation s’envole. Et ce n’est pas un petit bonus marginal : on parle d’un facteur 5 sur la croissance des ventes incrémentales.
Rufus, c’est quoi exactement ? (Et pourquoi ça marche si bien)
Lancé en bêta début 2024 puis généralisé à tous les clients US en fin d’année, Rufus est un assistant conversationnel intégré directement dans l’application et le site Amazon. Il ne se contente pas de répondre à « quel est le meilleur TV 55 pouces ? ». Il fait trois choses qui changent profondément l’expérience client :
- Comparaison instantanée de dizaines de produits (caractéristiques, avis, prix historiques)
- Recommandations ultra-contextuelles (« je cherche un jouet pour un enfant de 6 ans qui aime les dinosaures et qui ne coûte pas plus de 30 $ »)
- Réponses en langage naturel qui réduisent drastiquement le nombre de clics nécessaires pour décider
Résultat ? Le parcours d’achat devient fluide, presque ludique. Et surtout, l’utilisateur reste dans l’écosystème Amazon au lieu d’aller vérifier ailleurs.
« Rufus ne remplace pas la barre de recherche, il la rend obsolète pour une grande partie des shoppers. »
– Un analyste e-commerce anonyme ayant accès aux données internes Amazon
L’explosion du trafic génératif : +805 % en un an
Amazon n’est pas seul. Adobe Analytics, qui tracke plus d’un trillion de visites sur les sites retail US, a mesuré une progression insane du trafic provenant d’outils d’IA générative : +805 % en un an le jour du Black Friday.
Et le plus intéressant ? Les visiteurs qui arrivent via une IA (ChatGPT, Perplexity, Gemini, ou Rufus directement) convertissent 38 % mieux que ceux qui viennent d’autres canaux. Pourquoi ? Parce qu’ils ont déjà pré-filtré leurs besoins. Ils arrivent chauds, prêts à cliquer sur « Ajouter au panier ».
Les catégories qui profitent le plus de l’IA
Adobe note que les requêtes IA ont particulièrement porté sur :
- Électronique grand public
- Jeux vidéo et consoles
- Électroménager
- Jouets
- Produits de soin et beauté
- Articles pour bébés
Autrement dit : les catégories à forte considération, où le consommateur a besoin d’être rassuré avant d’acheter. Exactement là où un assistant conversationnel excelle.
Un Black Friday record… mais pas pour les raisons qu’on croit
Oui, les Américains ont dépensé 11,8 milliards de dollars en ligne le vendredi noir. Record battu. Mais creusez un peu et la réalité est plus nuancée :
- Les prix moyens ont augmenté de 7 % (Salesforce)
- Le volume de commandes a baissé de 1 %
- Les téléchargements d’apps Amazon et Walmart ont progressé beaucoup moins qu’en 2024 (-50 % de croissance pour Amazon)
Traduction : les consommateurs sont plus prudents, comparent plus, et achètent moins d’impulsion. Dans ce contexte, un outil comme Rufus devient une arme absolue : il rassure, il justifie le prix, il ferme la vente.
Ce que ça change pour vous, entrepreneur ou marketeur
Si vous êtes dans le e-commerce, l’IA conversationnelle n’est plus un gadget « nice-to-have ». C’est devenu un levier de conversion critique. Quelques enseignements concrets :
- Un assistant bien entrainé peut multiplier par 5 la croissance des ventes incrémentales sur les pics de trafic
- Le SEO traditionnel perd du terrain face au « shopping génératif » : optimisez vos fiches produits pour être citées par les IA
- Les comparaisons produits en temps réel deviennent la nouvelle norme d’expérience client
- Le taux de rebond baisse drastiquement quand l’utilisateur dialogue au lieu de cliquer partout
Et la France dans tout ça ?
Pour l’instant Rufus n’est disponible qu’aux États-Unis. Mais Amazon a déjà commencé à teaser son arrivée en Europe (et notamment en France) pour 2026. Quand on voit l’impact outre-Atlantique, il y a fort à parier que le prochain Black Friday français sera lui aussi bouleversé.
Les e-commerçants hexagonaux ont donc intérêt à se préparer dès maintenant : former leurs équipes data, enrichir leurs fiches produits, réfléchir à leurs propres assistants conversationnels (via des solutions comme Gorgias, Intercom ou des LLM custom).
Conclusion : bienvenue dans l’ère du shopping conversationnel
Le Black Friday 2025 ne sera pas remembered pour les promos folles ou les ruptures de stock. Il restera comme le moment où l’intelligence artificielle a prouvé, chiffres à l’appui, qu’elle pouvait littéralement doubler les ventes d’un géant comme Amazon.
Pour les startups, les agences, les DNVB et les retailers traditionnels, le message est clair : ceux qui investiront massivement dans l’expérience conversationnelle dès 2026 prendront une avance peut-être irrattrapable.
La question n’est plus « est-ce que l’IA va changer le e-commerce ? ». Elle est : « combien de parts de marché allez-vous perdre si vous attendez 2027 pour vous y mettre ? »






