Sankaet Pathak : 100M$ pour la Robotique Humanoïde

Imaginez un entrepreneur qui, après avoir vu son entreprise fintech s’effondrer, se lance dans une nouvelle aventure avec une ambition démesurée : lever 100 millions de dollars pour une startup de robotique valorisée à 1 milliard. C’est l’histoire de Sankaet Pathak, ex-PDG de Synapse, qui fait aujourd’hui les gros titres avec sa nouvelle entreprise, Foundation Robotics. Dans un monde où la robotique humanoïde promet de révolutionner le travail et l’industrie, Pathak mise gros sur une technologie qui pourrait redéfinir notre avenir. Mais comment cet entrepreneur, marqué par un échec retentissant, parvient-il à convaincre des investisseurs de parier sur son rêve ? Plongeons dans cette saga technologique captivante.

De Synapse à Foundation : Un Pivot Audacieux

Sankaet Pathak n’est pas un novice dans le monde des startups. Cet entrepreneur d’origine indienne, diplômé en ingénierie électrique de l’Université de Memphis, a fondé Synapse Financial Technologies en 2014. L’entreprise, qui proposait des services bancaires aux fintechs via une plateforme d’intermédiation, a connu des débuts prometteurs, levant 51 millions de dollars auprès d’investisseurs prestigieux comme Andreessen Horowitz. À son apogée, Synapse servait indirectement 10 millions de clients via des partenariats avec une centaine de fintechs, comme Dave ou Honey. Pourtant, en 2024, la startup a sombré dans la faillite, laissant derrière elle un scandale financier : des dizaines de millions de dollars de dépôts clients, principalement des utilisateurs de fintechs, restent introuvables.

Ce revers aurait pu mettre fin à la carrière de Pathak. Mais loin de se décourager, il a pivoté vers un secteur radicalement différent : la robotique humanoïde. En avril 2024, il co-fonde Foundation Robotics Labs, une startup visant à développer des robots capables de fonctionner dans des environnements complexes, comme les usines, les entrepôts, voire les foyers. Avec un premier robot, baptisé Phantom, dévoilé début 2025, Pathak ambitionne de s’attaquer à la pénurie mondiale de main-d’œuvre. Cette transition audacieuse soulève une question : comment un entrepreneur peut-il rebondir aussi vite après un échec aussi médiatisé ?

Une Levée de Fonds Ambitionnée à 100M$

Moins d’un an après la création de Foundation, Pathak cherche à lever 100 millions de dollars pour une valorisation de 1 milliard de dollars, selon The Information. Ce chiffre impressionne, surtout pour une entreprise aussi jeune, qui n’a levé que 11 millions de dollars en pré-amorçage en août 2024, auprès de Tribe Capital et d’investisseurs providentiels. Cette ambition reflète la confiance de Pathak en sa vision, mais aussi les attentes croissantes autour de la robotique humanoïde, un secteur où des géants comme Tesla, Nvidia et Figure AI investissent massivement.

Notre mission est de créer des robots humanoïdes avancés capables d’opérer dans des environnements complexes pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre.

– Sankaet Pathak, PDG de Foundation Robotics

Pour comprendre l’ampleur de ce pari, comparons : Figure AI, un concurrent, a levé 1,5 milliard de dollars pour une valorisation de 39,5 milliards, tandis qu’Agility Robotics a sécurisé 400 millions à 1,75 milliard. Ces chiffres montrent que le marché est prêt à injecter des capitaux colossaux dans des entreprises prometteuses. Cependant, la jeunesse de Foundation et le passif de Pathak rendent cette levée de fonds particulièrement audacieuse. Les investisseurs, comme un fonds affilié à la famille royale saoudienne, semblent pourtant prêts à parier sur lui.

Pourquoi la Robotique Humanoïde ?

La robotique humanoïde est en pleine effervescence. Avec les avancées en intelligence artificielle, notamment les modèles transformateurs, et l’amélioration des capteurs et actionneurs, les robots humanoïdes ne sont plus de la science-fiction. Ils promettent d’automatiser des tâches complexes dans des environnements non structurés, là où les robots traditionnels échouent. Foundation se positionne sur ce créneau, affirmant disposer d’une technologie surpassant les systèmes de perception des véhicules autonomes, avec des avancées en détection d’objets, perception de la profondeur et estimation de la pose.

Pathak explique son choix par une volonté de revenir à ses racines en ingénierie matérielle. Après des années dans le logiciel avec Synapse, il souhaite créer quelque chose de tangible. « C’est plus facile d’expliquer à vos amis que vous construisez un robot plutôt qu’une plateforme bancaire dans le cloud », plaisante-t-il dans une interview avec Sacra. Mais au-delà de l’anecdote, la robotique humanoïde répond à un besoin urgent : selon McKinsey, 25 % des dépenses d’investissement des entreprises industrielles seront consacrées à l’automatisation dans les années à venir.

Voici les principales raisons pour lesquelles Foundation mise sur la robotique humanoïde :

  • Répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs comme la logistique et la fabrication.
  • Exploiter les avancées en IA pour créer des robots autonomes et adaptatifs.
  • Construire un écosystème de données d’entraînement pour améliorer les performances des robots.

Le Passé Controversé de Pathak

Le parcours de Pathak n’est pas sans ombres. La faillite de Synapse a laissé un goût amer. Des documents judiciaires révèlent que les fonds des clients étaient mélangés aux fonds opérationnels, rendant leur récupération complexe. Environ 85 millions de dollars manquent à l’appel, et plus de 100 000 clients se retrouvent sans accès à leurs comptes. Pathak a pointé du doigt son partenaire bancaire, Evolve Bank & Trust, pour ces défaillances, mais les critiques fusent. « C’est incroyable que des investisseurs financent quelqu’un qui a laissé un cratère derrière lui », déplore Todd H. Baker, un vétéran de l’industrie.

Les lois américaines sur la faillite protègent les fondateurs de la responsabilité personnelle, sauf en cas de fraude avérée.

– Michele Alt, partenaire chez Klaros Group

Cette controverse n’a pas empêché Pathak de rebondir. Sa capacité à attirer des investisseurs comme Tribe Capital, malgré ce scandale, témoigne de sa réputation d’entrepreneur visionnaire. Cependant, certains s’interrogent : sa nouvelle aventure est-elle un pari risqué ou une rédemption technologique ?

Les Défis de Foundation Robotics

Construire des robots humanoïdes capables de fonctionner dans des environnements réels est une tâche herculéenne. Comme le souligne Brian Heater de TechCrunch, la plupart des entreprises du secteur sont encore loin de déployer des robots à grande échelle. Foundation doit relever plusieurs défis :

  • Collecte de données : Les robots nécessitent d’énormes quantités de données pour s’entraîner, un défi que Pathak compare à la course aux flottes de véhicules autonomes.
  • Concurrence : Des acteurs comme Tesla, avec son projet Optimus, ou Figure AI dominent le marché.
  • Fiabilité : Les environnements non structurés exigent des robots robustes et adaptatifs.

Pathak mise sur un modèle de cohérence de flotte, où les robots apprennent collectivement et partagent leurs données en temps réel, un concept qui pourrait donner à Foundation un avantage compétitif. Mais le chemin est semé d’embûches, et le passé de Pathak pourrait compliquer la confiance des investisseurs et des partenaires.

Un Pari sur l’Avenir du Travail

Foundation Robotics ne se contente pas de vouloir construire des machines. L’entreprise ambitionne de transformer la manière dont nous travaillons. En automatisant les tâches manuelles, elle vise à libérer les individus pour qu’ils poursuivent leurs passions, comme l’exprime Pathak sur X : « Automatiser le PIB pour libérer les gens des emplois laborieux. » Cette vision s’inscrit dans une tendance plus large, où l’automatisation et l’IA redéfinissent le marché du travail.

Les applications potentielles sont vastes :

  • Industrie : Automatisation des chaînes de production dans les usines.
  • Logistique : Gestion des entrepôts et des livraisons.
  • Services : Assistance dans les foyers ou les hôpitaux.

Cependant, cette transformation soulève des questions éthiques. L’automatisation massive pourrait-elle accentuer les inégalités ? Comment garantir que les robots ne remplacent pas les emplois sans offrir de nouvelles opportunités ? Foundation devra naviguer dans ces débats tout en prouvant la viabilité de sa technologie.

Le Rôle des Investisseurs et du Marché

Le soutien de Tribe Capital, dirigé par Arjun Sethi, co-fondateur de Foundation, est un atout majeur. L’implication d’un fonds lié à la famille royale saoudienne montre également l’attrait international pour la vision de Pathak. Mais le marché de la robotique est ultra-compétitif, et les investisseurs exigeront des résultats concrets. Pathak a déjà essuyé des critiques pour des affirmations exagérées, notamment sur un prétendu partenariat avec General Motors, démenti par le constructeur automobile.

Pour réussir, Foundation devra :

  • Démontrer la supériorité de sa technologie face à des concurrents établis.
  • Établir des partenariats solides avec des industriels.
  • Restaurer la confiance après les controverses liées à Synapse.

Un Entrepreneur Visionnaire ou un Parieur Risqué ?

Sankaet Pathak incarne le paradoxe de l’entrepreneur moderne : un visionnaire capable d’attirer des millions malgré un passé controversé. Son histoire rappelle celle d’autres figures comme Elon Musk ou Adam Neumann, qui ont rebondi après des échecs retentissants. En 2024, Pathak a même figuré sur la liste des « plus grands retours de carrière » de Forbes, preuve de sa résilience.

Son pari sur la robotique humanoïde est risqué, mais il s’inscrit dans une vague d’innovation où l’intelligence artificielle et l’automatisation redessinent les contours de l’économie mondiale. Si Foundation parvient à tenir ses promesses, elle pourrait devenir un acteur clé d’un marché en pleine expansion. Sinon, Pathak risque de rejoindre la liste des entrepreneurs aux ambitions démesurées mais aux résultats insuffisants.

Le succès ne viendra pas seulement du logiciel ou du matériel, mais de la combinaison des deux, avec une infrastructure adaptée.

– Sankaet Pathak, dans une interview avec Sacra

Conclusion : Un Avenir à Construire

L’histoire de Sankaet Pathak et de Foundation Robotics est celle d’un entrepreneur qui refuse de se laisser définir par ses échecs. En visant une levée de fonds de 100 millions de dollars pour une valorisation d’1 milliard, il place la barre haut dans un secteur où l’innovation et la concurrence se disputent la vedette. La robotique humanoïde pourrait transformer notre façon de travailler, mais le chemin est semé d’embûches, et le passé de Pathak pourrait peser lourd. Une chose est sûre : dans le monde des startups, l’audace reste une monnaie d’échange précieuse.

Qu’en pensez-vous ? Sankaet Pathak est-il un visionnaire prêt à révolutionner la robotique, ou un entrepreneur qui prend trop de risques ? Partagez vos réflexions dans les commentaires !

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