Shein Visé Par Une Action En Protection Des Consommateurs De l’UE

Dans un contexte de hausse fulgurante du commerce électronique à bas prix ces dernières années, le géant chinois de la mode rapide Shein fait désormais l’objet d’une action coordonnée de protection des consommateurs au sein de l’Union européenne. Annoncée par la Commission européenne mercredi dernier, cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à lutter contre les risques inhérents à la déferlante d’importations bon marché qui inonde le marché unique.

Un « tsunami » de produits dangereux

Jouets avec petites pièces détachables présentant un risque d’étouffement, appareils électriques mal isolés, vêtements contenant des substances chimiques toxiques… Lors d’une conférence de presse, les législateurs européens ont tiré la sonnette d’alarme face à ce qu’ils qualifient de « tsunami » de produits importés ne respectant pas les normes strictes de l’UE en matière de sécurité et de santé des consommateurs. Selon le commissaire Michael McGrath, jusqu’à 96% des articles testés vendus sur ces plateformes seraient non-conformes !

4,6 milliards de colis à risque

En 2024, ce sont pas moins de 4,6 milliards de colis dits « de faible valeur » (moins de 150€) qui ont été importés dans l’UE, soit 12 millions de paquets par jour. Un chiffre qui a doublé par rapport à 2023 et triplé depuis 2022 ! Au-delà des enjeux de sécurité, ce boom des importations low-cost soulève également des problématiques environnementales et de concurrence déloyale pour les entreprises européennes soumises à des réglementations plus strictes.

Les preuves sont claires : jusqu’à 96% des produits testés vendus sur ces plateformes ne sont pas totalement conformes à nos règles et nos normes de sécurité.

Michael McGrath, commissaire européen

Une approche à 360°

Pour s’attaquer à cette problématique multifacette, l’UE mise sur une approche transversale mobilisant un panel complet de législations existantes :

  • Digital Services Act et Digital Markets Act pour la régulation des plateformes
  • Réglementation générale sur la sécurité des produits
  • Règles en matière d’éco-conception et gestion des déchets textiles

Mais la Commission appelle aussi à aller plus loin avec des réformes et de nouvelles règles, notamment en matière de droits de douane. Elle plaide pour l’adoption rapide de sa proposition visant à supprimer l’exonération pour les colis de moins de 150€ et enjoint les États membres à se doter de « mesures complémentaires » comme une redevance de traitement sur ces petits paquets importés.

Shein dans le viseur

C’est dans ce contexte que l’action contre Shein a été lancée par le réseau de coopération en matière de protection des consommateurs (CPC), en lien avec plusieurs directives européennes (pratiques commerciales déloyales, droits des consommateurs, clauses contractuelles abusives…). Le CPC n’a pas précisé les griefs exacts formulés à l’encontre de la plateforme chinoise, qui fait déjà l’objet d’une surveillance renforcée au titre du DSA en tant que « très grande plateforme en ligne ».

Shein, qui dit « partager l’objectif du réseau CPC d’assurer aux consommateurs européens une expérience d’achat en ligne en toute tranquillité », s’est engagé à coopérer pleinement avec les autorités. Le géant du e-commerce assure que son modèle de production « à la demande » vise à réduire le gaspillage et se dit favorable à des règles du jeu équitables. Affaire à suivre…

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