SpaceX, la célèbre entreprise aérospatiale fondée par Elon Musk, est sur le point de révolutionner l’exploration spatiale avec son projet phare : le Starship. Ce vaisseau spatial géant, le plus grand jamais construit, promet de transformer l’économie spatiale, d’assurer la position de leader des États-Unis dans la conquête de l’espace et de permettre à l’humanité de poser le pied sur Mars pour la première fois. Mais avant cela, il doit réussir à atteindre l’orbite.
Un vaisseau spatial révolutionnaire
Avec ses près de 120 mètres de haut, Starship dépasse largement les autres lanceurs en termes de taille et de puissance. Quelques chiffres pour mieux se rendre compte de son gigantisme :
- Le Falcon 9, autre fusée de SpaceX très utilisée, mesure « seulement » 70 mètres de haut
- La Saturn V, qui a emmené les missions Apollo sur la Lune, faisait 110 mètres de haut
- Au décollage, le premier étage Super Heavy de Starship génère une poussée phénoménale de 7 600 tonnes grâce à ses 33 moteurs Raptor
Cette puissance colossale permet à Starship d’emporter entre 100 et 150 tonnes de fret et d’équipage en orbite basse, soit l’équivalent de la Saturn V mais avec des avancées techniques considérables, notamment en termes de réutilisabilité.
Le pari de la réutilisabilité totale
L’innovation majeure de Starship réside dans sa conception entièrement réutilisable. À terme, les deux étages de la fusée doivent pouvoir revenir se poser sur le pas de tir pour être rapidement remis en condition et réutilisés pour la mission suivante. Du jamais vu dans l’histoire des lanceurs spatiaux.
La réutilisabilité, combinée à l’incroyable capacité d’emport, pourrait faire chuter le coût de lancement de Starship à seulement 2 à 3 millions de dollars, selon les estimations d’Elon Musk.
À titre de comparaison, même si SpaceX a été pionnière dans la réutilisation des premiers étages avec le Falcon 9, le second étage reste abandonné en orbite où il finit par se consumer dans l’atmosphère. Et chaque lancement de Falcon 9 est facturé 69,75 millions de dollars au client.
Des origines ancrées dans l’ADN de SpaceX
L’ambition du voyage interplanétaire est inscrite dans les gènes de SpaceX quasiment depuis sa création. Elon Musk parle depuis 20 ans de développer un lanceur super-lourd capable d’envoyer des dizaines de tonnes de charge utile en orbite basse, sur la Lune et même au-delà.
La fusée aujourd’hui baptisée Starship a connu plusieurs noms de code au fil des années : « BFR », « BFS », « Mars Colonial Transporter », « Interplanetary Transport System »… En juillet 2019, le premier prototype à petite échelle surnommé « Starhopper » effectue son premier vol stationnaire. En mai 2021, le premier démonstrateur à grande échelle, SN15, réussit son premier vol d’essai à haute altitude.
Bien sûr, le chemin n’a pas été un long fleuve tranquille : de nombreux prototypes ont explosé en cours de route, et les premier et deuxième essais en vol de l’ensemble complet Super Heavy / Starship en avril et novembre 2023 se sont soldés par de spectaculaires explosions en vol. Mais le rythme des tests s’accélère et SpaceX démontre de plus en plus les formidables capacités de son véhicule.
Un projet aux enjeux multiples
Bien plus qu’un simple projet de milliardaire mégalomane comme il est parfois caricaturé, Starship revêt en réalité des enjeux cruciaux à plusieurs niveaux :
- Pour le secteur spatial commercial : quel que soit le moment où Starship entrera en service opérationnel, les experts s’accordent sur son potentiel révolutionnaire pour l’économie spatiale, avec des possibilités inédites apportées par sa grande capacité d’emport et sa réutilisabilité.
- Pour le programme Artemis de la NASA : l’agence spatiale américaine a misé sur Starship en sélectionnant SpaceX en 2021 pour développer le vaisseau lunaire habité qui fera atterrir les astronautes sur la Lune lors de la mission Artemis III. Starship est ainsi devenu un élément essentiel pour assurer la suprématie des États-Unis dans la nouvelle course à l’espace.
Quand aura lieu le prochain vol d’essai ?
Le sixième vol d’essai orbital de Starship est actuellement prévu au plus tôt le 18 novembre. SpaceX va tenter de reproduire les succès du vol précédent, avec notamment la récupération du premier étage Super Heavy à l’aide de bras articulés sur la tour de lancement, tout en testant des améliorations matérielles et logicielles.
Alors, quand partons-nous pour Mars ?
Selon la dernière estimation d’Elon Musk (à prendre avec des pincettes au vu de ses précédentes prévisions très optimistes), Starship devrait décoller vers Mars dès 2026. Il s’agira de la première fenêtre de tir favorable en termes de positionnement des orbites planétaires.
Toutefois, plusieurs défis techniques restent à relever pour rendre le véhicule apte à une mission aussi longue, au premier rang desquels le ravitaillement en carburant en orbite. Pour atteindre Mars, voire même la Lune, Starship devra en effet être ravitaillé par plusieurs vaisseaux cargo également en orbite, avant de pouvoir continuer son voyage.
Pour la seule mission Artemis III, SpaceX prévoit de devoir lancer une dizaine de Starship ravitailleurs avant le décollage vers la Lune.
Elon Musk a également indiqué que le Starship destiné à Mars sera encore plus imposant que les modèles actuels, avec une hauteur pouvant atteindre 150 mètres pour un volume utile considérablement accru. L’aventure ne fait que commencer…