Spyware Paragon Utilisé Pour Cibler Des Citoyens En Europe

Une campagne de surveillance inquiétante utilisant le spyware Paragon a été révélée par WhatsApp et le gouvernement italien. Selon un communiqué de presse publié mercredi, ce logiciel espion développé par Paragon Solutions a été utilisé pour cibler des citoyens à travers plusieurs pays européens, soulevant de sérieuses questions sur la confidentialité et la sécurité des données personnelles.

L’ampleur de la surveillance révélée

Le gouvernement italien, dirigé par la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni, a nié être à l’origine du ciblage de citoyens italiens comme Francesco Cancellato, journaliste et rédacteur en chef du site d’information Fanpage.it, et Luca Casarini, un activiste travaillant pour l’ONG Mediterranea Saving Humans qui aide les immigrants.

Selon le communiqué, l’Agenzia per la Cybersicurezza Nazionale (ACN), l’organisation italienne de cyberdéfense, a contacté WhatsApp et son cabinet d’avocats Advant. Ces derniers ont informé les autorités que sept utilisateurs de téléphones portables en Italie ont été ciblés dans cette campagne d’espionnage. WhatsApp a refusé de fournir l’identité des cibles, invoquant des problèmes de confidentialité.

La messagerie sécurisée a également indiqué qu’il y avait des utilisateurs ciblés en Autriche, Belgique, Chypre, République tchèque, Danemark, Allemagne, Grèce, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Portugal, Espagne et Suède, en se basant sur leurs indicatifs téléphoniques nationaux.

Des activistes et journalistes dans le viseur

À ce jour, outre les italiens Francesco Cancellato et Luca Casarini, l’activiste libyen basé en Suède Husam El Gomati a également déclaré avoir été ciblé par ce logiciel malveillant. El Gomati est connu pour ses critiques envers les gouvernements italiens et libyens concernant leurs actions contre les immigrants en Méditerranée.

Nous exigeons une enquête approfondie sur l’utilisation de ce spyware contre des citoyens et activistes défendant les droits humains et la liberté de la presse. La surveillance de masse ne peut être tolérée dans nos démocraties.

– Husam El Gomati, activiste

Paragon Solutions dans la tourmente

Face à ces révélations, l’entreprise Paragon Solutions a déclaré à TechCrunch qu’elle vendait sa technologie de surveillance au gouvernement américain et à d’autres « alliés » non spécifiés. Elle affirme exiger de ses clients qu’ils acceptent des conditions interdisant explicitement le ciblage illicite de journalistes et d’autres figures de la société civile.

Paragon assure avoir une « politique de tolérance zéro » contre de telles pratiques et être prête à « mettre fin à sa relation avec tout client » qui violerait ses conditions d’utilisation. Cependant, ni l’entreprise ni son PDG Ryan Fleming n’ont répondu aux demandes de commentaires pour confirmer ou nier si les pays mentionnés par le gouvernement italien étaient effectivement clients de Paragon.

Un enjeu crucial pour nos libertés

Cette affaire met en lumière les dangers des technologies de surveillance et leur potentiel d’abus par les gouvernements et les entreprises. Elle soulève des questions cruciales :

  • Comment protéger efficacement la vie privée et les données personnelles des citoyens ?
  • Quelles réglementations mettre en place pour encadrer l’utilisation des logiciels espions ?
  • Comment s’assurer que ces outils ne sont pas détournés pour cibler abusivement des journalistes, activistes ou opposants politiques ?

Il est urgent que les gouvernements et les entreprises technologiques coopèrent de manière transparente pour apporter des réponses à ces enjeux démocratiques majeurs. La confiance des citoyens dans le numérique et les institutions en dépend.

Cette affaire Paragon n’est malheureusement pas isolée et s’inscrit dans un contexte global préoccupant de surveillance de masse. Il est temps d’agir collectivement pour défendre nos libertés fondamentales à l’ère du tout-numérique. Chaque citoyen, chaque organisation a un rôle à jouer pour faire émerger des solutions responsables et éthiques.

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