Synopsys et Ansys Fusionnent avec Conditions de Cession Approuvées par l’UE

Dans une annonce retentissante, la Commission européenne vient de donner son feu vert à l’acquisition d’Ansys par Synopsys, un géant des logiciels de conception de puces. Cette fusion à 35 milliards de dollars, la plus importante dans le secteur technologique depuis le rachat de VMware par Broadcom, était sous la loupe des régulateurs qui craignaient une position dominante étouffant la concurrence. Mais les deux entreprises ont su apaiser ces inquiétudes en proposant de céder certaines activités stratégiques.

Un mariage entre deux leaders complémentaires

Synopsys, spécialiste des outils de conception de semi-conducteurs, et Ansys, expert en logiciels de simulation pour modéliser et analyser le comportement physique des produits, forment un duo de choc. Leur rapprochement donne naissance à un mastodonte couvrant toute la chaîne de valeur, de la conception à la vérification des performances en conditions réelles.

Cette complémentarité des offres constituait justement la source des préoccupations des autorités de régulation. Elles redoutaient qu’une telle concentration de pouvoir ne ferme le marché aux acteurs ne disposant pas d’une palette aussi complète. Pour obtenir le précieux sésame, Synopsys et Ansys ont donc dû consentir à quelques sacrifices.

Des cessions stratégiques pour préserver la concurrence

La Commission européenne a posé ses conditions : les deux entreprises devront vendre certaines activités qui se chevauchent à un acquéreur jugé approprié. Synopsys avait déjà trouvé un accord pour céder son groupe Optical Solutions à Keysight. Mais elle devra également se séparer de ses logiciels d’optique et de photonique comme Code V, LightTools ou RSoft.

De son côté, Ansys renonce à PowerArtist, un outil d’analyse et d’optimisation ultra-précis de la consommation électrique des circuits. Des remèdes structurels indispensables selon Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission, pour préserver une saine concurrence et garantir aux clients un accès à des outils innovants à des prix compétitifs.

Vers un géant mondiale de la conception de puces

Si l’aval européen est une étape cruciale, la fusion devra encore passer quelques obstacles réglementaires, notamment aux États-Unis et en Chine où les deux sociétés sont très implantées. La FTC américaine examine de près l’opération tandis que la SAMR chinoise exigerait aussi des concessions.

Mais Synopsys se veut confiant. Dans un communiqué, le groupe se félicite des « progrès significatifs » accomplis vers une approbation mondiale et table sur une finalisation au premier semestre 2025. De quoi donner naissance à un acteur incontournable, alliant puissance de conception et fiabilité des simulations, sur un marché des semi-conducteurs en plein essor malgré les tensions géopolitiques.

Nous sommes très satisfaits que la Commission européenne ait approuvé cette transaction pro-concurentielle. C’est une étape majeure vers une adoption mondiale de ce rapprochement stratégique qui va stimuler l’innovation.

Un porte-parole de Synopsys

Les clés du succès

Pour que cette fusion à 35 milliards de dollars tienne ses promesses, Synopsys et Ansys devront réussir plusieurs paris :

  • Intégrer efficacement leurs technologies et leurs équipes complémentaires
  • Convaincre les clients des bénéfices de leur offre unifiée
  • Investir massivement en R&D pour conserver leur avance technologique
  • Naviguer habilement entre les écueils géopolitiques USA-Chine sur le marché des puces

Si le nouveau mastodonte parvient à transformer l’essai, il pourrait devenir un acteur incontournable de l’ère des semi-conducteurs, fournissant sous un même toit des solutions complètes de conception et simulation. Un avantage certain à l’heure où la complexité des puces s’accroît et où le « Time to Market » devient critique. Les concurrents et les géants de la Tech sont prévenus : un nouveau leader est en marche et il jouera dans la cour des grands.

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