Imaginez-vous au volant de votre voiture dernier cri, en train de répondre à un message pendant que le véhicule se charge de tout. C’est la promesse d’El磼on Musk depuis des années. Pourtant, fin 2025, la réalité rattrape brutalement Tesla : la NHTSA, l’agence américaine de sécurité routière, vient d’annoncer avoir identifié au moins 80 cas où le célèbre Full Self-Driving (Supervised) a purement et simplement ignoré les feux rouges ou franchi des lignes continues. Pour les entrepreneurs, investisseurs et passionnés de tech que vous êtes, cette nouvelle n’est pas qu’un simple fait divers automobile : c’est un signal fort sur la maturité réelle de la conduite autonome et sur les risques business qui pèsent sur toute la chaîne de valeur de l’IA embarquée.
80 violations documentées : les chiffres qui font mal
Décembre 2025, la NHTSA envoie une lettre officielle à Tesla. Le constat est sans appel : 62 plaintes directes d’utilisateurs, 14 rapports transmis par Tesla elle-même et 4 articles de presse décrivent des situations où le FSD a :
- Grillé des feux rouges pourtant bien visibles
- Changé de voie en franchissant des lignes continues
- Mis en danger les occupants et les autres usagers
C’est une augmentation de plus de 60 % par rapport aux 50 cas cités en octobre 2024 lors de l’ouverture de l’enquête préliminaire. Et ce qui rend la pilule encore plus amère pour Tesla, c’est que plusieurs incidents concernaient déjà des intersections où la marque assurait avoir « corrigé le problème ».
Le timing est catastrophique pour Elon Musk
La lettre de la NHTSA arrive la même semaine où Elon Musk tweete, sans filtre, que la prochaine version du FSD permettra enfin de « texter en conduisant » en toute sécurité. Un message qui a immédiatement fait bondir les régulateurs et les associations de sécurité routière : aux États-Unis, l’usage du téléphone au volant est interdit dans 48 États.
« La distraction reste la première cause d’accidents mortels. Autoriser, voire encourager, les conducteurs à lâcher le volant est irresponsable. »
– Jennifer Homendy, présidente du NTSB (National Transportation Safety Board)
Ce décalage entre le discours marketing ultra-agressif de Musk et la réalité terrain est en train de devenir la principale faille de Tesla sur le plan réglementaire.
Ce que la NHTSA demande vraiment à Tesla (et pourquoi ça coûte cher)
Derrière la lettre de 8 pages se cache une véritable opération commando d’investigation. Parmi les exigences :
- Le nombre exact de véhicules équipés FSD dans le monde
- Le taux d’engagement moyen du logiciel (combien de km parcourus en mode autonome)
- Toutes les plaintes clients internes, y compris celles issues de flottes (Robotaxi, entreprises)
- Les données brutes des capteurs lors de chaque incident
Tesla a jusqu’au 19 janvier 2026 pour répondre. En cas de non-coopération ou de réponses jugées insuffisantes, l’amende peut atteindre 135 millions de dollars… par jour de retard.
Deux enquêtes simultanées : le piège se resserre
Ce n’est pas la première fois que le FSD passe sous les fourches caudines de la NHTSA. Depuis octobre 2024, une autre enquête porte sur la gestion des conditions météo dégradées (brouillard, soleil rasant, poussière). Résultat : deux fronts ouverts en même temps, avec des centaines d’ingénieurs Tesla mobilisés pour répondre aux demandes d’informations.
Pour les investisseurs, c’est un signal clair : le déploiement massif du Robotaxi (prévu pour 2026 en Californie et au Texas) risque d’être repoussé, voire annulé si la NHTSA décide d’imposer un rappel logiciel ou une suspension pure et simple du FSD.
L’impact business que personne ne veut voir
Le Full Self-Driving n’est pas qu’une option à 8 000 $ (ou 99 $/mois). C’est le pilier de la valorisation boursière de Tesla. Les analystes estiment que 60 à 70 % de la capitalisation repose sur les promesses futures de conduite autonome et de flotte de Robotaxi.
Chaque retard ou chaque restriction réglementaire fait chuter le cours de 5 à 15 %. Rappelez-vous l’épisode « Autopilot » en 2021 : une simple lettre de la NHTSA avait fait perdre 120 milliards de dollars de capitalisation en une journée.
Et la concurrence dans tout ça ?
Pendant que Tesla se débat avec la NHTSA, Waymo (Alphabet) roule déjà 50 000 trajets par semaine à San Francisco et Phoenix sans aucun incident majeur de ce type. Cruise (GM) reprend doucement après son accident de 2023, mais avec une approche beaucoup plus prudente et transparente vis-à-vis des régulateurs.
En Europe, Mobileye et Volkswagen testent des flottes avec des opérateurs de sécurité à bord. En Chine, Baidu Apollo et Pony.ai accumulent des millions de kilomètres en mode totalement autonome.
Conclusion : Tesla n’est plus seul leader technologique, mais reste le seul à adopter une posture de défi permanent face aux autorités.
Les leçons pour toutes les startups deep tech
Cette affaire Tesla est un cas d’école pour tous les fondateurs qui lèvent des centaines de millions sur la promesse d’une IA révolutionnaire :
- Le « move fast and break things » ne passe plus quand des vies sont en jeu
- La transparence avec les régulateurs devient un avantage compétitif
- Le storytelling ne remplace pas la sécurité prouvée
- Une amende ou un rappel peut détruire des années de R&D
Vers un durcissement réglementaire mondial ?
Les États-Unis ne sont pas isolés. En Europe, la Commission prépare une nouvelle version du règlement sur la sécurité des véhicules automatisés (basé sur le niveau 3 et 4 SAE). En Chine, les autorités exigent désormais la présence d’un opérateur humain pour tout test public.
Pour les startups françaises ou européennes qui développent des solutions ADAS ou autonomes (Heex, EasyMile, Navya, Transdev…), l’affaire Tesla est à la fois un avertissement et une opportunité : celui qui saura démontrer une sécurité irréprochable et une collaboration fluide avec les autorités aura un boulevard devant lui.
Conclusion : la fin du far west autonome ?
2026 s’annonce comme l’année charnière pour la conduite autonome. Soit Tesla accepte enfin de ralentir son rythme et de jouer selon les règles communes, soit elle continuera à défier les régulateurs… au risque de voir son rêve de Robotaxi réduit à néant.
Pour nous, entrepreneurs et investisseurs tech, c’est un rappel brutal : la disruption la plus puissante n’est pas celle qui va le plus vite, mais celle qui arrive à destination en toute sécurité.
Et vous, pensez-vous que Tesla va enfin plier face à la NHTSA ? Ou Elon Musk va-t-il encore une fois forcer le destin ? Dites-le nous en commentaire.






