Uber Pour Les Ados Relance Le Débat Sur Les Empreintes Digitales Des Chauffeurs

Le lancement du service Uber pour les ados en Californie plus tôt cette année a remis sur le devant de la scène un vieux débat : faut-il exiger des chauffeurs de VTC qu’ils fournissent leurs empreintes digitales ? Sept ans après qu’Uber et Lyft aient réussi à bloquer une telle obligation dans cet État, la question est à nouveau sur la table. Startups, géants de la tech et régulateurs se déchirent pour déterminer quand un service de transport doit imposer cette mesure de sécurité à ses conducteurs.

Uber pour ados sous le feu des projecteurs

Lancé en février en Californie, Uber pour les ados permet aux jeunes de 13 à 17 ans de commander leurs propres courses via le compte d’un parent. Cette initiative a poussé Uber à demander des éclaircissements à la Commission des services publics de Californie (CPUC) sur une décision de 2016. Celle-ci stipulait que toute société de VTC dont l’activité impliquait principalement le transport de mineurs devait soumettre ses chauffeurs à des vérifications d’antécédents strictes, y compris la prise d’empreintes digitales.

Uber souhaitait savoir ce que « principalement » signifiait exactement. La Commission prévoyait-elle de mettre à jour ce terme prochainement ? Cette requête a déclenché une période de commentaires publics, donnant l’occasion à des concurrents potentiels comme HopSkipDrive, une startup proposant un service de covoiturage pour enfants, de plaider en faveur des empreintes digitales.

HopSkipDrive saisit l’opportunité

Le timing s’est avéré idéal pour HopSkipDrive. Si l’activité principale de la startup consiste à aider les districts scolaires à transporter les élèves, elle propose aussi un produit permettant aux parents de réserver des trajets à l’avance pour leurs enfants. Un concurrent direct potentiel d’Uber pour les ados.

En participant aux commentaires publics, HopSkipDrive a l’occasion inespérée de tenir Uber, un mastodonte de l’industrie, aux mêmes standards que la startup et les compagnies de taxis. Trish Donahue, vice-présidente senior des affaires juridiques et politiques chez HopSkipDrive, a déclaré à TechCrunch qu’Uber devrait devoir se plier à l’exigence de 2016 même s’il ne transporte pas « principalement » des mineurs. Limiter ces obligations « suggère que même un seul enfant, voyageant seul, ne devrait pas être protégé selon les plus hauts standards de sécurité », a-t-elle souligné.

Le programme Trustline au cœur des débats

Au centre de la controverse : le programme Trustline du Département de la Justice. Il s’agit d’un registre géré par le Département des services sociaux de Californie qui utilise les empreintes digitales pour vérifier si les personnes s’occupant d’enfants ont été arrêtées ou condamnées. Il vérifie aussi si les candidats figurent dans l’index central des cas de maltraitance, qui contient des signalements de maltraitance ou de négligence suspectées envers des mineurs.

Le service pour ados ne représente pas une part significative de l’activité d’Uber (moins de 10% des courses totales selon un porte-parole), mais cela pourrait changer. Quoi qu’il en soit, la société estime que son propre système de vérification, ainsi que les fonctionnalités de sécurité intégrées à Uber pour les ados (suivi des trajets en direct, par exemple), suffisent à assurer la sécurité des passagers quel que soit leur âge.

Uber et les empreintes digitales, une histoire compliquée

La question des empreintes digitales est épineuse pour Uber. Le géant des VTC a l’habitude de faire pression pour combattre les initiatives en ce sens dans de nombreuses villes américaines. Il argue que cette obligation découragerait les chauffeurs de s’inscrire sur la plateforme. Uber souligne aussi que la base de données d’empreintes digitales du FBI contient souvent des informations incomplètes ou obsolètes, et que ces vérifications pénalisent de manière disproportionnée les minorités, plus susceptibles d’avoir été arrêtées même sans condamnation.

Bien que de grandes villes exigent des chauffeurs de taxi qu’ils fournissent leurs empreintes digitales, Uber et Lyft sont largement parvenus à contourner ces règles (sauf à New York). Uber insiste : ses propres vérifications sont suffisantes. Outre un rapport sur le véhicule, l’entreprise vérifie si ses chauffeurs ont des condamnations au casier, y compris pour des délits sexuels. Elle renouvelle ces contrôles chaque année et surveille en continu ses conducteurs californiens.

Uber met en avant la sécurité des ados

L’expérience in-app pour les ados serait aussi pensée pour leur sécurité. Seuls les chauffeurs les plus expérimentés et les mieux notés peuvent les transporter. Le suivi en direct est activé pour tous leurs trajets, fournissant aux parents des mises à jour en temps réel ainsi que les informations sur le conducteur, le véhicule et la destination. Les ados doivent aussi donner au chauffeur un code PIN unique défini par leurs parents.

Uber affirme avoir passé plus d’un an à développer les comptes pour ados et avoir consulté des experts en sécurité comme Safe Kids Worldwide. Mais cela suffira-t-il à convaincre les régulateurs ? La CPUC n’a pas encore indiqué quand elle comptait clarifier sa décision.

Le débat sur les empreintes digitales des chauffeurs VTC est relancé. Si la sécurité des passagers, en particulier mineurs, est l’enjeu principal, la praticité pour les conducteurs et la lutte contre la discrimination sont aussi des aspects à considérer. Les différents acteurs devront trouver le juste équilibre entre toutes ces problématiques. L’issue de ces discussions en Californie pourrait bien influencer les politiques futures dans d’autres États, voire d’autres pays.

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