Le monde des applications mobiles est en ébullition suite à une décision de justice historique aux États-Unis. Un juge fédéral vient en effet d’ordonner à Google d’ouvrir plus largement les portes de son magasin d’applications Google Play à la concurrence, bouleversant ainsi le statu quo.
La fin d’une ère de contrôle absolu pour Google
Depuis des années, Google exerçait un contrôle quasi-total sur les applications disponibles pour les utilisateurs Android via son store Google Play. Mais le juge James Donato vient de rendre son jugement final dans la saga opposant le géant de Mountain View à Epic Games, éditeur du jeu Fortnite. Et le verdict est sans appel : Google va devoir changer radicalement sa façon de gérer son écosystème applicatif.
Concrètement, à partir du 1er novembre et pour les trois prochaines années, Google n’aura plus le droit de payer les développeurs pour qu’ils lancent leurs applications en exclusivité sur le Play Store. La firme ne pourra plus non plus obliger les éditeurs à utiliser son système de facturation, et devra les autoriser à informer les utilisateurs d’autres moyens de paiement.
Les stores d’applications tiers devront avoir accès au catalogue d’applis de Google Play, qui sera aussi dans l’obligation de distribuer ces applications tierces.
Google compte faire appel et demander un sursis
Sans surprise, Google a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel de cette décision et de demander aux tribunaux de suspendre la mise en place des changements ordonnés. L’entreprise argue en effet que ces évolutions vont « saper la capacité d’Android à rivaliser avec l’iOS d’Apple ».
Il faut dire que cette décision pourrait redistribuer les cartes sur le marché hyper lucratif des applications mobiles. En étant forcé d’accepter des stores alternatifs et d’autres moyens de paiement, Google perd le contrôle sur les commissions qu’il prélève sur les transactions, une manne qui se chiffre en milliards de dollars chaque année.
Vers plus de liberté pour les utilisateurs et développeurs Android
Si ces changements venaient à être confirmés en appel, cela signifierait plus de choix pour les utilisateurs Android dans la façon de découvrir et d’installer des applications. Ils ne seraient plus captifs de l’écosystème Google Play et de ses règles parfois controversées.
Pour les développeurs, c’est aussi une bouffée d’air frais. Fini l’obligation de passer par le système de facturation de Google et sa commission de 30%. Ils pourront promouvoir directement leurs propres solutions de paiement. De même, les clauses anti-steering qui les empêchaient d’informer les utilisateurs d’offres plus avantageuses en dehors du Play Store sauteront.
Apple et son App Store dans le viseur
Au-delà de Google, c’est tout le modèle des stores d’applications mobiles qui pourrait être remis en question par ce jugement. Apple et son App Store, encore plus verrouillé qu’Android, risque de subir une pression accrue pour également s’ouvrir à la concurrence.
Epic Games, à l’origine de cette procédure, a déjà attaqué les règles de l’App Store et n’a pas obtenu gain de cause jusqu’ici. Mais cette victoire contre Google pourrait changer la donne et inciter d’autres acteurs à contester le monopole d’Apple.
En résumé, voici ce qu’il faut retenir de cette décision de justice :
- Google doit ouvrir son Play Store à des boutiques d’applis concurrentes
- Les développeurs pourront contourner le système de facturation de Google
- Les clauses d’exclusivité et anti-steering sont bannies pour 3 ans
- Google va faire appel pour tenter de bloquer ces changements
- Apple et l’App Store pourraient être les prochains visés
Une petite révolution est peut-être en marche dans l’univers des applis mobiles. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour savoir si la décision du juge Donato fera jurisprudence et obligera Apple et Google à desserrer leur emprise sur ce secteur stratégique. Une chose est sûre, les utilisateurs et développeurs ont tout à y gagner en termes de choix, d’innovation et de concurrence.