Imaginez un monde où les ordinateurs dédiés à l’intelligence artificielle consomment autant d’énergie qu’un cerveau humain. Pas plus. C’est précisément l’ambition qui anime Naveen Rao, un entrepreneur chevronné de la Silicon Valley, avec sa nouvelle aventure : Unconventional AI. En décembre 2025, cette startup encore discrète vient de confirmer une levée de fonds seed colossale de 475 millions de dollars, à une valorisation de 4,5 milliards. Un chiffre qui fait tourner les têtes, même dans un écosystème habitué aux méga-rounds.
Cette opération n’est pas sortie de nulle part. Elle marque un tournant dans la course à l’IA plus durable et performante. Alors que les data centers engloutissent des quantités astronomiques d’électricité, des visionnaires comme Rao cherchent à repenser l’architecture même des machines qui font tourner les modèles d’IA. Plongeons dans cette histoire fascinante qui illustre parfaitement la frénésie actuelle autour de l’intelligence artificielle hardware.
Qui est Naveen Rao, le serial entrepreneur derrière ce projet fou ?
Naveen Rao n’est pas un newcomer dans le monde de l’IA. Son parcours force le respect et explique en grande partie pourquoi les investisseurs se bousculent pour miser sur son nouveau bébé.
Tout commence avec Nervana Systems, qu’il cofonde et qui développe des puces spécialisées pour le machine learning. Intel rachète la société en 2016 pour plus de 400 millions de dollars. Un premier exit retentissant.
Ensuite, il lance MosaicML, une plateforme qui démocratise l’entraînement de modèles d’IA. Résultat ? Databricks l’acquiert en 2023 pour 1,3 milliard de dollars. À ce moment, Rao devient responsable de l’IA chez Databricks, un poste qu’il occupera jusqu’à récemment.
Aujourd’hui, il repart à l’assaut avec Unconventional AI. Son credo ? Construire un ordinateur aussi efficace que la biologie. Il l’a d’ailleurs écrit noir sur blanc sur X (anciennement Twitter) : l’objectif est de créer des systèmes qui consomment radicalement moins d’énergie tout en offrant des performances exceptionnelles.
Une levée de fonds seed hors normes : les chiffres qui impressionnent
475 millions de dollars en seed. Laissez-moi répéter : en seed. À titre de comparaison, la plupart des startups lèvent entre 1 et 10 millions à ce stade. Ici, on parle d’un montant qui dépasse largement ce que beaucoup obtiennent en Série A, B ou même C.
La valorisation post-money atteint 4,5 milliards de dollars. C’est légèrement en deçà des 5 milliards initialement visés, mais reste stratosphérique pour une entreprise qui n’a pas encore dévoilé de produit commercial.
Et ce n’est peut-être qu’un début. Naveen Rao a confié à Bloomberg que cette somme représente une première tranche, avec un objectif pouvant grimper jusqu’à 1 milliard de dollars au total. Si cet objectif est atteint, la valorisation pourrait encore évoluer sensiblement.
« C’est une première installment vers un objectif de jusqu’à 1 milliard pour le round. »
– Naveen Rao, fondateur d’Unconventional AI
Les investisseurs stars qui ont dit oui
Derrière ce tour de table, on retrouve des noms qui font rêver tout fondateur de startup.
- Andreessen Horowitz (a16z) et Lightspeed Ventures en co-lead
- Lux Capital
- DCVC
Ces fonds ne misent pas à l’aveugle. Ils ont une expertise reconnue dans le deep tech et l’IA. a16z, en particulier, est connu pour ses paris audacieux sur les infrastructures qui sous-tendent les grandes révolutions technologiques.
Leur engagement massif témoigne d’une conviction forte : le hardware spécialisé représente le prochain grand chantier de l’IA.
Pourquoi l’IA a tant besoin d’un nouveau type de computer
Les modèles d’IA actuels, comme les GPT ou les Llama, exigent une puissance de calcul démesurée. Les data centers d’entraînement consomment autant d’électricité que des villes entières. Microsoft, Google ou Meta investissent des milliards pour construire des infrastructures toujours plus gourmandes.
Mais cette trajectoire n’est pas tenable à long terme. Les contraintes énergétiques, les coûts exorbitants et l’impact environnemental poussent l’industrie à chercher des alternatives.
C’est là qu’intervient l’approche « unconventional ». Rao veut s’inspirer de la biologie : le cerveau humain réalise des tâches cognitives complexes avec seulement 20 watts environ. À comparaison, un GPU moderne comme le H100 de Nvidia consomme plusieurs centaines de watts par unité, et il en faut des milliers pour entraîner un grand modèle.
Les pistes explorées pourraient inclure :
- L’architecture neuromorphique
- Les calculs analogiques
- Des matériaux innovants
- Une intégration plus étroite entre logiciel et matériel
Bien sûr, Unconventional AI reste discret sur les détails techniques pour l’instant. Mais l’ambition est claire : rendre l’IA scalable sans exploser la facture énergétique mondiale.
Le contexte marché : pourquoi maintenant ?
2025 marque un tournant. Après l’explosion des investissements dans les modèles logiciels (OpenAI, Anthropic, xAI…), l’attention se déplace vers les infrastructures physiques.
Nvidia domine outrageusement le marché des puces IA, avec des marges folles et une capitalisation boursière qui dépasse les 3 trillions. Mais cette position attire la concurrence. Des startups comme Groq, Cerebras ou SambaNova lèvent également des centaines de millions pour proposer des alternatives.
Unconventional AI se positionne sur un créneau encore plus radical : pas juste plus rapide ou plus dense, mais fondamentalement plus efficient sur le plan énergétique.
Dans un monde où les gouvernements commencent à réguler la consommation des data centers et où l’électricité devient une ressource stratégique, cette différenciation pourrait s’avérer décisive.
Quelles implications pour les entrepreneurs et les marketeurs ?
En tant que professionnels du marketing, des startups ou du business tech, cette nouvelle a plusieurs enseignements concrets.
D’abord, elle montre que l’IA infrastructure reste un terrain de jeu extrêmement attractif pour les investisseurs. Si vous développez une solution B2B dans l’écosystème IA (outils de monitoring énergétique, optimisation de data centers, etc.), le vent est dans votre dos.
Ensuite, la durabilité devient un argument commercial majeur. Les entreprises qui intégreront tôt des IA plus vertes gagneront en image et potentiellement en coûts opérationnels.
Enfin, elle rappelle que les serial entrepreneurs avec un track record solide lèvent des montants inimaginables. Le personal branding et la crédibilité acquise sur plusieurs exits comptent énormément dans la tech.
Et après ? Les prochaines étapes pour Unconventional AI
Pour l’instant, la startup reste en mode stealth sur le produit. Mais avec 475 millions en caisse (et potentiellement plus à venir), elle peut recruter les meilleurs talents et investir massivement en R&D.
Les observateurs s’attendent à des annonces techniques dans les 12 à 18 prochains mois. Peut-être des prototypes, des partenariats avec des cloud providers ou des publications scientifiques.
Une chose est sûre : si Unconventional AI parvient ne serait-ce qu’à approcher son objectif d’efficacité biologique, elle pourrait redessiner complètement le paysage de l’IA.
Cette levée record n’est pas seulement une success story financière. C’est le signe que la prochaine vague d’innovation en intelligence artificielle sera matérielle, durable et profondément transformative.
À suivre de très près, surtout si vous évoluez dans la tech, le marketing digital ou l’investissement. Des opportunités business pourraient émerger plus vite qu’on ne le pense autour de ces nouvelles architectures.
(Article basé sur les informations publiées par TechCrunch le 9 décembre 2025. Les données peuvent évoluer avec de nouvelles annonces officielles.)






