Face à la montée en puissance du contenu généré par l’IA, YouTube n’est pas le seul géant de la tech à devoir s’adapter. La plateforme de streaming vidéo vient de modifier discrètement sa politique en juin pour permettre aux utilisateurs de demander le retrait de contenu synthétique simulant leur visage ou leur voix grâce à l’intelligence artificielle. Cette évolution s’inscrit dans le cadre du processus de demande de confidentialité de YouTube et de son approche d’utilisation responsable de l’IA annoncée en novembre dernier.
Un processus de plainte spécifique pour le contenu IA
Plutôt que de demander le retrait pour contenu trompeur comme dans le cas des deepfakes, YouTube souhaite que les personnes concernées fassent directement une demande de suppression pour atteinte à la vie privée. D’après la documentation d’aide récemment mise à jour, cela nécessite une plainte de la part de la personne directement affectée, sauf exceptions comme dans le cas d’un mineur, d’une personne décédée ou n’ayant pas accès à un ordinateur.
Cependant, le simple fait de soumettre une demande ne garantit pas forcément le retrait du contenu. YouTube précise qu’il jugera la plainte en fonction de différents facteurs :
- Si le contenu est présenté comme synthétique ou généré par l’IA
- S’il identifie de manière unique une personne
- S’il peut être considéré comme une parodie, une satire ou autre contenu d’intérêt public
La plateforme indique aussi qu’elle prendra en compte si le contenu IA met en scène une personnalité publique ou une autre personne bien connue, et s’il la montre en train d’avoir un « comportement sensible » comme une activité criminelle, de la violence ou l’approbation d’un produit ou candidat politique. Ce dernier point est particulièrement préoccupant en période électorale, où des soutiens générés par l’IA pourraient potentiellement influencer les votes.
Un processus en deux temps avec avertissement à l’uploadeur
YouTube donnera 48 heures à la personne ayant mis en ligne le contenu pour agir suite à la plainte. Si le contenu est retiré dans ce délai, la plainte est close. Sinon, YouTube lancera un examen. La suppression implique de complètement retirer la vidéo du site et d’enlever le nom et les informations personnelles de l’individu du titre, de la description et des tags.
Il est possible de flouter les visages, mais pas simplement de passer la vidéo en privé car elle pourrait redevenir publique à tout moment. La plateforme précise qu’une violation de confidentialité ne donnera pas automatiquement lieu à un avertissement pour non-respect des règles de la communauté.
Une approche nuancée du contenu IA
YouTube n’est pas contre l’utilisation de l’IA, ayant déjà elle-même expérimenté l’IA générative pour résumer les commentaires ou permettre de poser des questions sur une vidéo. Mais elle a prévenu que le simple fait d’étiqueter du contenu comme IA ne le protégerait pas forcément d’une suppression, car il devra quand même respecter les règles de la communauté.
Les lignes directrices sur la confidentialité sont distinctes des règles de la communauté, et du contenu peut être supprimé suite à une demande de confidentialité même s’il ne viole pas les règles de la communauté.
– Un représentant de YouTube
Pour les créateurs, YouTube ne pénalisera pas directement ceux dont la vidéo est retirée suite à une plainte, mais pourra agir contre les comptes présentant des violations répétées. L’objectif est de trouver un équilibre pour préserver les usages légitimes et créatifs de l’IA tout en protégeant les utilisateurs contre les deepfakes ou usurpations d’identité malveillantes.
Conclusion
Avec cette nouvelle politique, YouTube rejoint d’autres plateformes devant s’adapter à l’essor de l’IA générative et trouver des solutions pour modérer ce type de contenu sans entraver l’innovation. Un défi complexe qui nécessitera probablement d’autres ajustements à l’avenir, tout en sensibilisant les utilisateurs sur ces technologies via des avertissements contextuels et outils de labellisation du contenu IA.
