L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreux secteurs, et les entreprises à la pointe de cette technologie suscitent un intérêt croissant. Des révélations récentes montrent qu’OpenAI, l’un des leaders dans le domaine, a envisagé en 2017 l’acquisition de Cerebras, une startup spécialisée dans la fabrication de puces optimisées pour l’IA. Cette information met en lumière les enjeux stratégiques et financiers majeurs autour du matériel dédié à l’IA.
OpenAI et Cerebras : un mariage high-tech avorté
Selon des documents déposés dans le cadre d’un procès opposant Elon Musk à OpenAI, l’entreprise co-fondée par Sam Altman a sérieusement considéré le rachat de Cerebras en 2017, un an seulement après la création de la startup. À l’époque, Musk était impliqué financièrement dans OpenAI et pesait sur ses orientations.
Dans un e-mail adressé à Sam Altman et Elon Musk, Ilya Sutskever, co-fondateur et ex-directeur scientifique d’OpenAI, évoque l’idée d’une acquisition via Tesla, la société de Musk. Il s’interroge sur l’intérêt de passer par Tesla plutôt que directement par OpenAI, craignant un conflit entre l’objectif de rentabilité de Tesla et la mission d’OpenAI.
Malgré des négociations avancées, le projet de fusion n’aboutira pas. OpenAI mettra de côté pendant plusieurs années ses ambitions dans le domaine des puces.
Cerebras : un acteur clé des puces IA
Basée à Sunnyvale en Californie, Cerebras développe des puces sur mesure pour exécuter et entraîner des modèles d’IA. La startup affirme que ses puces sont plus rapides et efficaces que celles de NVIDIA, le leader actuel du marché.
Forte de 715 millions de dollars levés auprès d’investisseurs, Cerebras cherche à doubler sa valorisation de 4 milliards de dollars via une introduction en bourse. Mais elle fait face à des défis de taille :
- Une dépendance à un unique client, G42, qui représente 87% de son chiffre d’affaires
- Des inquiétudes des législateurs américains sur les liens historiques de G42 avec la Chine
- Le passif judiciaire de son PDG Andrew Feldman qui a plaidé coupable de manipulation comptable par le passé
Une opportunité manquée pour OpenAI ?
Si OpenAI avait racheté Cerebras, les deux entreprises auraient pu en tirer des bénéfices mutuels. Cerebras aurait évité une introduction en bourse délicate, tandis qu’OpenAI aurait pu mettre la main sur une ressource clé dans la course au développement de puces maison pour l’IA.
OpenAI cherche depuis longtemps à réduire sa dépendance à NVIDIA, qui domine massivement le marché des puces optimisées pour l’IA. Bien qu’arrivant tard sur ce terrain où Google et Amazon sont déjà présents, OpenAI est sous pression pour réduire les coûts d’entraînement et d’exécution de ses modèles. Disposer de ses propres puces pourrait être un moyen d’y parvenir.
Vers une production de puces IA maison pour OpenAI
Après avoir un temps envisagé de créer un réseau d’usines de production de puces, OpenAI aurait abandonné cette piste. La société mise désormais sur le recrutement intensif de concepteurs et ingénieurs, ainsi que sur des partenariats avec les géants des semi-conducteurs Broadcom et TSMC pour créer sa propre puce IA, qui pourrait voir le jour dès 2026.
La course aux puces IA est lancée, et les enjeux sont colossaux. La souveraineté technologique et la maîtrise des coûts seront déterminantes pour les acteurs de l’IA.
– Un expert du secteur
Le projet avorté d’acquisition de Cerebras par OpenAI illustre parfaitement les défis et opportunités du secteur de l’IA. Dans cette industrie ultra-concurrentielle et gourmande en ressources de calcul, la maîtrise technologique est un avantage compétitif décisif. L’avenir nous dira si OpenAI parviendra à développer ses propres puces, ou si ce rendez-vous manqué avec Cerebras laissera des regrets.