Selon le dernier rapport annuel d’Ofcom, l’autorité de régulation des communications au Royaume-Uni, les adultes britanniques passent désormais en moyenne 4 heures et 20 minutes par jour en ligne, tous appareils confondus. Cette augmentation significative de près d’une heure par rapport à 2023 soulève de nombreuses questions quant à l’évolution de nos habitudes numériques et à l’impact de la technologie sur notre quotidien.
La Gen Z, moteur de la croissance du temps passé en ligne
Sans grande surprise, ce sont les jeunes adultes de 18 à 24 ans qui tirent cette moyenne vers le haut, avec un temps de connexion quotidien de 6 heures et 1 minute, contre 4 heures 36 minutes en 2023. Leur appétence pour les réseaux sociaux comme TikTok et Instagram explique en grande partie cette augmentation. À l’inverse, les plus de 65 ans ne passent « que » 3 heures et 10 minutes en ligne chaque jour.
Cette fracture générationnelle soulève une interrogation majeure : les jeunes d’aujourd’hui conserveront-ils ces habitudes numériques en vieillissant, voire les amplifieront-ils ? Si tel est le cas, notre société pourrait progressivement basculer vers une existence entièrement digitale.
Alphabet et Meta, les grands gagnants de la bataille de l’attention
Malgré la multitude de services en ligne disponibles, deux acteurs se démarquent nettement : Alphabet (maison mère de Google) et Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp). À eux seuls, ils accaparent près de la moitié du temps passé en ligne par les adultes britanniques. YouTube, propriété d’Alphabet, arrive en tête avec 94% des adultes qui l’utilisent, pour une durée moyenne de 49 minutes par jour.
Du côté de Meta, 70% des Britanniques utilisent ses trois principales plateformes, Facebook arrivant en première position avec un taux de pénétration de 91%. Toutefois, la plateforme historique peine à séduire les 18-24 ans, qui n’y passent que 15 minutes par jour en moyenne.
Les femmes, plus connectées que les hommes
Ofcom révèle également des disparités de consommation numérique entre les sexes. Les femmes passeraient en moyenne 33 minutes de plus en ligne que les hommes (4h36 contre 4h03), un écart qui grimpe à 1 heure chez les 18-24 ans. Cette différence s’explique en partie par leurs préférences en matière de contenus, les femmes étant davantage attirées par les réseaux sociaux, conçus pour maximiser le temps passé et l’engagement.
Reddit, grand gagnant de la chute de X (ex-Twitter)
Si le haut du classement des réseaux sociaux reste relativement stable, avec YouTube, Facebook, Instagram et TikTok en tête, la cinquième place réserve quelques surprises. Reddit enregistre la plus forte croissance, profitant du déclin de X (anciennement Twitter). Près de la moitié des adultes britanniques (22,9 millions) utilisaient Reddit en mai 2024, soit une hausse de 47% par rapport à l’année précédente. Cette progression fulgurante lui permet de dépasser X et LinkedIn.
Parmi les nouveaux entrants, Bluesky et Threads attirent l’attention. Bien que leurs audiences restent modestes comparées aux géants du secteur (461 000 utilisateurs pour Bluesky en septembre 2024, 6,6 millions pour Threads), leur croissance rapide laisse présager un potentiel prometteur.
L’IA générative, un outil encore peu adopté mais prometteur
Enfin, le rapport d’Ofcom s’intéresse à l’adoption de l’IA générative, une technologie encore balbutiante mais au potentiel révolutionnaire. Si 50% des hommes déclarent avoir utilisé un service d’IA générative, seules 33% des femmes en ont fait l’expérience. Ces dernières sont également moins familières avec ces outils et plus sceptiques quant à leurs bénéfices pour la société et leur vie personnelle.
En conclusion, cette étude met en lumière les profondes transformations à l’œuvre dans nos habitudes numériques. L’augmentation significative du temps passé en ligne, portée par la Gen Z et les réseaux sociaux, soulève de nombreuses questions quant à l’impact de la technologie sur notre quotidien et notre rapport au monde. Si certains y voient une opportunité d’enrichissement et de connexion, d’autres s’inquiètent des risques de dépendance et de déconnexion du réel. Une chose est sûre : la révolution numérique n’en est qu’à ses débuts, et il nous appartient, collectivement, d’en façonner les contours pour qu’elle reste au service de l’humain.