Uber Devra Empreindre Les Chauffeurs En Californie Pour Transporter Les Adolescents

La Commission des services publics de Californie (CPUC) vient de rendre une décision qui risque de compliquer les opérations d’Uber dans l’État doré. En effet, les chauffeurs de taxi et de covoiturage qui transportent des mineurs non accompagnés devront désormais passer une vérification d’antécédents par empreintes digitales. Les entreprises de transport comme Uber auront également l’obligation de prendre en charge le coût de ces contrôles. Une nouvelle réglementation qui intervient seulement quelques mois après le lancement du service Uber for Teens en Californie.

Uber s’oppose historiquement aux empreintes digitales

Ce n’est pas la première fois qu’Uber doit faire face à une telle exigence en Californie. Il y a sept ans déjà, le géant du covoiturage et son rival Lyft avaient réussi à bloquer une tentative similaire d’imposer les empreintes digitales aux chauffeurs. Uber a toujours soutenu que ses vérifications d’antécédents basées sur le nom et ses autres mesures de sécurité étaient suffisantes. L’entreprise argue également que cette étape contraignante découragerait les chauffeurs de s’inscrire sur la plateforme et aurait un impact disproportionné sur les minorités.

Lorsqu’un adulte a la responsabilité de fournir un service à un mineur, il est placé dans une position de confiance, de responsabilité et de contrôle sur les citoyens les plus vulnérables de Californie – les enfants.

– Extrait de la décision de la CPUC

Mais quand il s’agit de transporter des enfants en toute sécurité et de s’assurer qu’ils ne montent pas en voiture avec un délinquant sexuel potentiel, la donne change. La CPUC estime que ne pas effectuer de vérification d’antécédents par empreintes digitales pour identifier les adultes ayant des arrestations ou des casiers judiciaires disqualifiants mettrait le mineur non accompagné dans une situation potentiellement dangereuse, voire mortelle.

Uber for Teens sous le feu des projecteurs

C’est le lancement en février dernier du service Uber for Teens, permettant aux adolescents de 13 à 17 ans de commander un Uber sans parent ni tuteur, qui a remis cette question sur le devant de la scène. La CPUC avait alors envoyé une lettre d’avertissement à Uber, lui recommandant fortement d’interrompre le service jusqu’à ce qu’une réglementation de 2016 sur les vérifications des antécédents soit résolue.

Uber a demandé des éclaircissements, affirmant que moins de 10% du total de ses courses impliquaient des mineurs non accompagnés. L’entreprise soutient que son propre système de filtrage basé sur le nom via Checkr, ainsi que les fonctionnalités de sécurité comme le suivi en direct des trajets, sont suffisants pour assurer la sécurité des passagers de tout âge. Uber affirme également n’associer que les chauffeurs les plus expérimentés et les mieux notés aux adolescents.

Une startup de covoiturage pour enfants se réjouit

Si cette décision est une mauvaise nouvelle pour Uber, elle représente en revanche une victoire pour HopSkipDrive, une startup qui propose un service de covoiturage pour enfants et qui a plaidé en faveur de cette réglementation. Chez HopSkipDrive, les chauffeurs appelés « CareDrivers » ont tous une expérience dans la garde d’enfants et passent par une certification en 15 points avant d’être intégrés, y compris une vérification des antécédents par empreintes digitales.

La startup utilise également la télématique pour détecter les comportements de conduite dangereux et permettre le suivi des trajets en temps réel. Une équipe dédiée surveille chaque course. La CPUC exige d’ailleurs que les entreprises de transport qui ont l’intention de transporter des mineurs partagent des informations sur la façon dont elles mettent en œuvre :

  • Le suivi en direct des trajets pour les parents
  • Les procédures de sécurité aux points de prise en charge et de dépose
  • La formation des chauffeurs spécifiquement sur le transport de mineurs non accompagnés

Uber devra payer pour les vérifications d’antécédents

Uber s’est également opposé à l’obligation pour les entreprises de prendre en charge le coût des vérifications, affirmant que cela entraînerait une hausse des prix pour le service Uber for Teens. Mais la Commission a balayé cet argument, soulignant que si une petite startup comme HopSkipDrive pouvait couvrir le coût d’une vérification des antécédents TrustLine, Uber, qui pèse 150 milliards de dollars en bourse, devrait pouvoir en faire de même.

Rappelons qu’Uber a aussi été accusé de ne pas prendre suffisamment de mesures pour protéger les passagers de situations dangereuses, y compris la traite des enfants. En juillet, deux familles de Caroline du Sud ont poursuivi Uber, alléguant que l’entreprise avait permis que leurs filles adolescentes soient emmenées dans un autre État au domicile d’un prédateur où l’une des filles a été agressée sexuellement.

Uber n’a désormais plus que 30 jours pour se conformer à cette nouvelle réglementation et commencer à exiger l’empreinte digitale des chauffeurs qui transportent des adolescents non accompagnés en Californie. Un nouveau défi réglementaire et un coût supplémentaire pour le géant du covoiturage, qui devra mettre en balance la sécurité des mineurs et la viabilité de son service Uber for Teens. La pression est forte pour restaurer la confiance des parents et des régulateurs, tout en maintenant l’attractivité pour les chauffeurs. Un équilibre délicat à trouver.

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