En 2024, l’Europe a vu émerger un véritable engouement pour l’Intelligence Artificielle (IA) de la part des investisseurs en capital-risque. Selon une étude menée par le fonds d’investissement Balderton Capital et la plateforme d’analyse Dealroom, pas moins de 25% des financements VC – soit environ 13,7 milliards d’euros – ont été alloués à des startups spécialisées dans l’IA cette année. Un chiffre en nette progression par rapport à il y a quatre ans, où cette part ne représentait que 15%.
L’écosystème IA européen en plein essor
Pour James Wise, associé général chez Balderton Capital, cette tendance prouve qu’il est tout à fait possible pour une jeune pousse IA de lever des centaines de millions, voire des milliards d’euros en Europe, au même titre qu’aux États-Unis, à condition de disposer d’une technologie de pointe. Cela vient contredire le discours parfois pessimiste sur la scène tech européenne.
En l’espace de quatre ans, la valorisation cumulée des entreprises IA européennes a doublé, atteignant les 508 milliards d’euros. Elles représentent désormais près de 15% de la valeur totale du secteur technologique, contre 12% il y a trois ans. Preuve s’il en fallait que les financements sont au rendez-vous, que ce soit pour les startups early-stage ou les scale-ups plus matures, même si ces fonds ne proviennent pas toujours d’Europe.
Nous dépendons encore du marché américain, mais il serait faux de dire qu’il ne se passe rien ici. L’écosystème est en réalité très dynamique.
– James Wise, Balderton Capital
Des startups IA qui créent de l’emploi
Au-delà des levées de fonds records, l’étude révèle une autre donnée surprenante : 349 000 personnes étaient employées par des entreprises IA en Europe en 2024, soit une hausse de 168% depuis 2020. Un chiffre étonnant quand on sait que les équipes IA sont souvent réduites. Mais pour James Wise, cela confirme la thèse de son récent ouvrage « Startup Century: Why we’re all becoming entrepreneurs » :
On va assister à l’essor de centaines de petites entreprises très productives, plutôt que d’une seule grosse entreprise moyennement productive.
– James Wise, auteur de « Startup Century »
Il existe en outre un effet boule de neige, les sociétés IA rendant les autres plus efficaces. Selon une enquête menée par Balderton Capital auprès de CTO, 93% des entreprises interrogées affirment que les outils d’IA générative ont considérablement modifié leur workflow au cours de l’année écoulée. Certaines constatent un doublement de la productivité de leurs équipes d’ingénieurs, d’autres un impact sur d’autres fonctions. En moyenne, cela se traduit par une économie de 20% sur les coûts d’exploitation.
Vers une démocratisation de l’IA en entreprise
Fort de ces constats, James Wise anticipe une adoption croissante de l’IA dans les années à venir. De quoi doper encore davantage le secteur IA européen ? Pas si sûr. Pour les experts de Balderton Capital, il n’y a plus vraiment de « secteur IA » à proprement parler. L’intelligence artificielle s’intègre dans tous les domaines, rendant ce type de données potentiellement obsolètes à l’avenir.
En attendant, les startups IA européennes peuvent se réjouir. Elles attirent les investisseurs, créent des emplois et suscitent l’intérêt des géants américains en quête de talents. Parmi les nouvelles licornes figurent notamment :
- Poolside : spécialiste de l’IA pour les RH
- Wayve : pionnier de la conduite autonome
- Mistral AI : solution d’optimisation pour l’industrie
- Photoroom : outil de retouche photo IA
- Dottxt : analyse automatisée de documents
Alors que la course à l’innovation IA fait rage dans le monde, l’Europe semble bien décidée à ne pas rester sur la touche. Avec un vivier de talents, des startups prometteuses et des investisseurs au rendez-vous, elle a de sérieux atouts pour peser dans cette révolution technologique. Reste à transformer l’essai et à faire émerger des champions capables de rivaliser avec les mastodontes d’outre-Atlantique. Le défi est lancé.