Dans un contexte de pressions politiques croissantes, Meta, maison mère de Facebook et Instagram, a pris la décision controversée de mettre un terme à son programme de vérification des faits (fact-checking) aux États-Unis. Cette annonce, faite par le PDG Mark Zuckerberg le 7 janvier 2025, soulève de nombreuses inquiétudes quant à la propagation de la désinformation sur ces plateformes.
Un virage stratégique à l’approche des élections américaines
Meta abandonne son partenariat avec des organisations spécialisées dans la vérification des faits, comme l’AFP ou PolitiFact, au profit d’un système de notes communautaires, similaire à celui utilisé par le réseau social concurrent X. Pour beaucoup d’experts, il s’agit d’une manœuvre visant à apaiser les tensions avec les républicains et partisans de Donald Trump, qui accusaient le fact-checking de censure.
Ce virage pourrait augmenter la propagation de fausses informations et de contenus nocifs.
– Ross Burley, Centre for Information Resilience
La France rassurée, mais vigilante
En France, la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a rapidement réagi pour clarifier la situation. Meta France lui aurait assuré que ce changement ne concernerait pour l’instant que les États-Unis. Néanmoins, la ministre reste engagée à surveiller de près toute évolution et à garantir le respect des régulations européennes, en particulier le Digital Service Act.
Les défis de la modération par les utilisateurs
Confier la responsabilité de la vérification des faits aux utilisateurs soulève de nombreux défis. Selon Alexios Mantzarlis, chercheur à Cornell Tech, les participants bénévoles risquent d’accentuer leurs propres biais, rendant le système de notes communautaires potentiellement moins fiable et plus susceptible de manipulation.
- Risque d’exacerbation des biais partisans
- Fiabilité moindre comparée aux organisations spécialisées
- Vulnérabilité à la manipulation
L’Europe mieux armée face aux dérives potentielles ?
En Europe, le Digital Service Act devrait offrir une protection supplémentaire contre les dérives observées aux États-Unis. Ce règlement impose des obligations de transparence et de diligence aux plateformes pour assurer un environnement en ligne sûr et digne de confiance. Toutefois, les autorités françaises et européennes devront rester vigilantes face aux décisions de Meta et adapter leurs réponses en conséquence.
L’avenir incertain de l’intégrité de l’information en ligne
La suppression du fact-checking par Meta aux États-Unis soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de l’intégrité de l’information sur les réseaux sociaux. Si cette décision reste pour l’instant circonscrite au marché américain, elle pourrait avoir des répercussions à l’échelle mondiale. Il est essentiel que les acteurs publics et la société civile restent mobilisés pour promouvoir une information fiable et lutter contre la désinformation, quel que soit le modèle choisi par les plateformes.