Saviez-vous que l’open source représente jusqu’à 90% de la pile logicielle moderne ? Des frameworks aux bibliothèques en passant par les bases de données, les systèmes d’exploitation et d’innombrables applications autonomes, l’open source fait tourner le monde de la technologie. Mais au cœur de cet écosystème se trouve la question épineuse des licences.
Les deux grandes familles de licences open source
Il existe deux grandes catégories de licences répondant à la définition formelle de l’open source établie par l’Open Source Initiative (OSI) :
- Les licences permissives, qui imposent peu de restrictions sur la façon dont les utilisateurs peuvent modifier et distribuer le logiciel. Elles sont populaires auprès des entreprises souhaitant utiliser le code à des fins commerciales.
- Les licences copyleft, qui offrent des libertés similaires mais avec une condition notable : toute version modifiée du logiciel doit également être distribuée sous la même licence copyleft d’origine. Cela plaît moins aux entreprises cherchant à protéger leurs travaux propriétaires.
Les principales licences permissives
Parmi les licences permissives, deux sortent du lot :
- La licence MIT, la plus populaire. Utilisée par des projets comme React ou Ruby, elle permet aux développeurs d’utiliser le logiciel comme bon leur semble. Son seul défaut est de ne pas accorder explicitement de droits sur les brevets.
- La licence Apache 2.0, adoptée par Android, pallie ce manque avec une clause de cession de brevets. Ainsi, si un développeur contribue un algorithme breveté à un projet sous Apache 2.0, le brevet est automatiquement concédé à tous les utilisateurs du logiciel.
Le monde du copyleft
Du côté des licences copyleft, on retrouve principalement :
- La GPL (General Public License), pionnière du copyleft. La version 3.0 ajoute des dispositions sur les brevets et interdit la « Tivoisation », une pratique restreignant l’installation de versions modifiées via des DRM.
- L’AGPL (Affero GPL), qui impose la mise à disposition du code source même pour les logiciels utilisés via un réseau, comme les services web. Elle gagne en popularité avec l’essor du cloud.
Les licences copyleft sont souvent mieux adaptées aux projets nécessitant l’apport de la communauté, par opposition aux projets soutenus par une seule entité.
Domaine public et licences « fauxpen source »
Au-delà de l’open source strict, il existe d’autres paradigmes de licence :
- Les outils de dédicace au domaine public comme l’Unlicense ou CC0, qui permettent de renoncer à tous les droits sur un logiciel, sans les caveats des licences open source.
- Les licences source available, qui rendent le code accessible mais imposent des restrictions commerciales significatives. C’est le cas de la SSPL de MongoDB ou de la BUSL de MariaDB.
- Les licences dites « éthiques », comme la Licence Hippocratique, qui interdit l’utilisation du logiciel en violation des droits humains reconnus.
Comment choisir la bonne licence ?
Le choix d’une licence dépend de plusieurs facteurs :
- Les objectifs du projet : favoriser l’adoption, protéger le code propriétaire, encourager les contributions…
- Le type de logiciel : bibliothèque, application, service web…
- Les dépendances utilisées et leurs licences, pour assurer la compatibilité.
En cas de doute, il est toujours préférable de consulter un expert en propriété intellectuelle pour s’assurer de faire le bon choix.
L’open source est un formidable moteur d’innovation, mais naviguer dans la jungle des licences peut s’avérer complexe. En comprenant les principales catégories et leurs implications, vous serez mieux armé pour choisir celle qui convient le mieux à votre projet. Et vous pourrez ainsi profiter pleinement des avantages du développement collaboratif, tout en protégeant vos intérêts et ceux de votre communauté.