Dans un développement marquant pour le monde de la cybersécurité et de la surveillance numérique, le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est récemment réuni pour discuter des dangers posés par les logiciels espions commerciaux. Cette réunion sans précédent souligne l’urgence croissante de réglementer ces outils controversés qui menacent la vie privée et la sécurité des individus dans le monde entier.
L’appel à l’action de l’ONU
Lors de cette réunion historique, la plupart des pays participants, dont la France, la Corée du Sud et le Royaume-Uni, ont convenu que les gouvernements devaient prendre des mesures pour contrôler la prolifération et l’utilisation abusive des logiciels espions commerciaux. John Scott-Railton, chercheur principal au Citizen Lab, a témoigné des dangers posés par cet « écosystème mondial secret de développeurs, courtiers, intermédiaires et entreprises de niche » qui menace la paix, la sécurité internationale et les droits de l’homme.
L’Europe est devenue un épicentre des abus liés aux logiciels espions et un terreau fertile pour les entreprises qui les développent.
John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab
La Pologne et la Grèce touchées par des scandales d’espionnage
Les représentants de la Pologne et de la Grèce, deux pays récemment ébranlés par des scandales impliquant les logiciels espions de NSO Group et Intellexa, sont également intervenus lors de la réunion. La Pologne a souligné ses efforts législatifs pour renforcer le contrôle judiciaire sur les activités des services de renseignement, tout en reconnaissant que les logiciels espions peuvent parfois être utilisés de manière légale et justifiée. De son côté, la Grèce a rappelé son projet de loi de 2022 visant à interdire la vente de logiciels espions.
La Russie et la Chine pointent du doigt les États-Unis
Sans surprise, la Russie et la Chine ont adopté une position différente lors de cette réunion. Le représentant russe a accusé les États-Unis d’avoir créé un véritable système de surveillance mondiale et d’ingérence illégale dans la vie privée de leurs propres citoyens et de ceux d’autres pays. La Chine a quant à elle remis en question la pertinence même de la réunion, estimant que la prolifération des cyberarmes nationales avancées, comme le malware Stuxnet développé par les États-Unis et Israël, représente une menace bien plus grande que les logiciels espions commerciaux.
Les actions des États-Unis contre les fabricants de logiciels espions
Malgré les critiques, il convient de noter que l’administration Biden a pris plusieurs mesures contre les logiciels espions commerciaux ces dernières années :
- Sanctions contre les fabricants israéliens NSO Group et Candiru
- Sanctions contre la société grecque Intellexa et son fondateur Tal Dilian
- Interdictions de voyager imposées aux personnes impliquées dans l’industrie des logiciels espions
Vers une réglementation internationale des logiciels espions ?
Si cette réunion du Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas débouché sur des propositions concrètes, elle marque néanmoins une étape importante dans la prise de conscience internationale des dangers posés par les logiciels espions commerciaux. Face à la multiplication des scandales et des atteintes aux droits fondamentaux, il devient de plus en plus urgent d’établir un cadre réglementaire international pour contrôler la prolifération et l’utilisation de ces outils de surveillance numérique. Les prochains mois et années seront décisifs pour voir si la communauté internationale parvient à s’unir autour de cet enjeu crucial pour l’avenir de nos sociétés numériques.