Dans un accord sans précédent, le géant technologique Google a accepté d’acheter 100 000 tonnes de crédits d’élimination du dioxyde de carbone à la startup indienne Varaha. Il s’agit de la première transaction de ce type pour Google avec un projet carbone en Inde, et de l’accord le plus important au monde impliquant du biochar produit à partir de biomasse. Cette annonce marque une étape majeure dans les efforts de lutte contre le changement climatique.
Qu’est-ce que le biochar et comment est-il produit ?
Le biochar, également appelé charbon horticole ou « or noir » pour les sols, est un type de charbon produit à partir de biomasse végétale. Il existe deux méthodes principales de production de biochar :
- La méthode artisanale, gérée par les communautés, où les agriculteurs brûlent les résidus de récolte dans des flacons coniques sans utiliser de machines.
- La méthode industrielle, qui utilise de grands réacteurs capables de traiter 50 à 60 tonnes de biomasse par jour.
Le projet de Varaha générera du biochar industriel à partir d’une espèce végétale envahissante, Prosopis Juliflora, en utilisant son installation de pyrolyse dans l’état du Gujarat. Cette plante impacte la biodiversité végétale et a envahi les prairies utilisées pour le bétail. Varaha récoltera la plante et s’efforcera de restaurer les prairies indigènes de la région.
Le biochar comme solution à long terme pour l’élimination du carbone
Bien que le biochar soit considéré comme une solution d’élimination du carbone à long terme, sa permanence peut varier entre 1000 et 2500 ans selon les facteurs de production et d’environnement. Varaha a essayé différentes matières premières et paramètres dans ses réacteurs pour trouver la meilleure combinaison permettant d’atteindre une permanence proche de 1600 ans.
Même si nous ne développons pas nos compétences, nous avons déjà atteint un niveau qui nous permet de traiter avec succès 40 000 tonnes de biomasse par an, ce qui signifie que nous pouvons facilement atteindre l’objectif de 100 000 tonnes de biochar d’ici 2030.
– Madhur Jain, co-fondateur et PDG de Varaha
Un système innovant de surveillance, reporting et vérification
Varaha a également développé un système numérique de surveillance, reporting et vérification (MRV) intégrant la télédétection pour surveiller la disponibilité de la biomasse. La startup dispose même d’une application mobile qui capture des images géolocalisées et horodatées pour documenter géographiquement les activités, notamment l’excavation de la biomasse et l’application sur le terrain du biochar.
Vers 1 million de crédits carbone annuels d’ici 2030
Chaque tonne de biochar génère 2,5 crédits carbone, et Varaha vise à atteindre 1 million de crédits par an d’ici 2030. Les crédits carbone ont gagné en importance car les entreprises génèrent des émissions de gaz à effet de serre, et chaque crédit équivaut à une réduction d’une tonne de dioxyde de carbone. En achetant des crédits carbone, les entreprises peuvent soutenir des projets durables dans le but de compenser leurs émissions.
Un accord minime comparé aux émissions de Google
Bien que l’accord entre Google et Varaha établisse un nouveau record, il reste minuscule par rapport aux émissions de carbone du géant technologique. En 2023, Google avait des émissions totales de gaz à effet de serre d’environ 14,3 millions de tonnes d’équivalent CO₂, soit 13% de plus que l’année précédente. Le développement continu de l’IA devrait aggraver ces chiffres d’émissions au fil du temps, bien que Google ait déclaré viser zéro émission nette dans l’ensemble de ses opérations et chaînes de valeur d’ici 2030.
Le biochar est une approche prometteuse pour l’élimination du carbone car il a la capacité de s’étendre dans le monde entier, en utilisant les technologies existantes, avec des effets secondaires positifs pour la santé des sols.
– Randy Spock, responsable de l’élimination du carbone chez Google
Varaha, un acteur majeur du carbone renouvelable
Actuellement, Varaha gère 14 projets carbone pilotés par la technologie en Inde, au Népal, au Bangladesh et au Kenya. La startup affirme avoir également permis à plus de 100 000 petits agriculteurs d’adopter des pratiques durables, contribuant ainsi à éliminer plus de 2 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. Elle a levé 12,7 millions de dollars au total, dont 8,7 millions de dollars lors d’un tour de série A l’année dernière, et est soutenue par des fonds tels que RTP Global, Omnivore, Orios Venture Partners, Octave Wellbeing Economy Fund d’IMC Pan Asia Alliance Group, et la Norinchukin Bank du Japon.
Cet accord historique entre Google et Varaha pour l’achat de crédits d’élimination du carbone via le biochar marque une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. Il démontre le potentiel du biochar comme solution à long terme pour la séquestration du carbone, tout en soulignant le rôle crucial que peuvent jouer les startups innovantes comme Varaha dans ce domaine. Alors que le monde continue de rechercher des moyens efficaces de réduire les émissions de gaz à effet de serre, des partenariats comme celui-ci offrent un espoir encourageant pour un avenir plus durable.