L’agence de sécurité américaine NHTSA enquête sur BlueCruise de Ford

L’agence américaine de sécurité routière, la NHTSA, vient d’annoncer l’intensification de son enquête sur la technologie de conduite mains libres BlueCruise développée par le constructeur automobile Ford. Cette décision fait suite à la confirmation par l’agence que le système était actif dans deux Ford Mustang Mach-E impliquées dans des accidents mortels ayant causé la collision avec des véhicules à l’arrêt.

Un examen approfondi avant un éventuel rappel

Le passage à une « analyse d’ingénierie » marque une étape cruciale dans le processus d’enquête de la NHTSA. Les régulateurs vont maintenant se pencher en détail sur les potentielles limitations du système BlueCruise, en menant des évaluations des véhicules équipés, en analysant des données techniques supplémentaires fournies par Ford, et en étudiant de près les circonstances des accidents liés ainsi que les rapports d’incidents sans collision.

Selon les estimations, ce sont quelques 129 222 Ford Mustang Mach-E qui seraient équipées de BlueCruise et donc concernées par cette enquête élargie. Ford n’a pour l’instant pas souhaité commenter l’annonce de la NHTSA.

Détection défaillante des véhicules à l’arrêt

Les premières investigations menées par l’agence avaient mis en lumière certaines failles de BlueCruise dans la détection des véhicules stationnaires dans des conditions spécifiques. Le système semblerait notamment enclin à identifier à tort des objets immobiles lorsque la Ford roule à 100 km/h ou plus. Des soucis de performance ont aussi été notés en cas de faible visibilité due à un éclairage insuffisant.

Les performances du système peuvent être limitées lorsque la visibilité est mauvaise en raison d’un éclairage insuffisant.

NHTSA

BlueCruise, un système de conduite mains libres sur autoroute

Lancé en 2021 sur certains modèles de Ford F-150 et Mustang Mach-E, BlueCruise permet une conduite mains libres grâce à une combinaison de caméras, de radars, de logiciels gérant le régulateur de vitesse adaptatif, le centrage dans la voie et la reconnaissance des panneaux. Une caméra située dans l’habitacle surveille les yeux du conducteur pour s’assurer qu’il reste attentif à la route, à l’instar du système Super Cruise de General Motors, principal concurrent.

Bien que permettant de lâcher le volant, BlueCruise reste plus limité que l’Autopilot de Tesla qui fonctionne lui sur tout type de route mais requiert de garder les mains sur le volant. Le système de Ford ne peut en effet être activé que sur certaines portions d’autoroutes américaines et canadiennes préalablement cartographiées.

Tesla aussi dans le viseur des régulateurs

Ford n’est pas le seul constructeur sous la loupe des autorités concernant ses technologies de conduite autonome. Tesla fait l’objet d’une enquête de la NHTSA depuis octobre dernier suite à plusieurs accidents impliquant des véhicules équipés de son système « Full Self-Driving », dont un mortel, survenus dans des conditions de faible visibilité.

Vers un durcissement des contrôles

Ces investigations en cours illustrent la volonté croissante des régulateurs de s’assurer de la fiabilité et de la sécurité des technologies de conduite autonome avant leur déploiement massif. Si des défauts critiques venaient à être confirmés, les constructeurs pourraient être contraints de procéder à des mises à jour logicielles, voire à des rappels.

Un coup dur pour Ford comme pour Tesla, engagés dans une course à l’innovation mais qui se doivent de garantir une sécurité sans faille aux utilisateurs comme aux autres usagers de la route. L’avenir nous dira si BlueCruise et Autopilot sauront convaincre les autorités et rassurer le grand public sur ces questions cruciales.

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