L’IA au service de l’efficacité du gouvernement britannique

L’intelligence artificielle (IA) est sur le point de révolutionner la façon dont le gouvernement britannique fonctionne. Une semaine après l’annonce d’un plan ambitieux d’investissement dans l’IA, le Royaume-Uni dévoile les détails de son intégration dans le secteur public. Au programme : des assistants IA pour accélérer les services publics, des accords de partage de données entre ministères cloisonnés et un nouvel ensemble d’outils IA, surnommé « Humphrey » d’après un personnage d’une ancienne sitcom politique britannique, pour accélérer le travail des fonctionnaires.

Un assistant IA nommé Humphrey pour les fonctionnaires

Le cœur du plan est un ensemble d’applications appelé « Humphrey », du nom de l’assistant spirituel joué par le regretté Nigel Hawthorne dans les séries « Yes, Minister » et « Yes, Prime Minister ». L’objectif est de réduire la charge de travail quotidienne des fonctionnaires, en particulier concernant la vaste quantité de données qu’ils doivent lire et traiter.

Humphrey comprend plusieurs outils :

  • « Consult » pour lire et résumer des milliers de réponses aux consultations en quelques heures
  • « Parlex » pour interroger les débats parlementaires pertinents pour leur travail
  • « Minute » un service sécurisé de transcription de réunions
  • « Redbox » pour préparer des notes et documents de politique
  • « Lex » pour consulter les données juridiques pertinentes

Accélérer les services publics grâce à l’IA

Un autre volet du plan d’efficacité vise à accélérer les services au public. L’idée est de s’attaquer à la bureaucratie héritée du passé, comme les 100 000 appels quotidiens reçus par les autorités fiscales, la nécessité de se présenter en personne pour déclarer un décès ou encore (bizarrement) de publier des annonces dans les journaux locaux pour obtenir une licence de conducteur de poids lourd.

Le ministère des Sciences, de l’Innovation et de la Technologie (DSIT) estime que la refonte de ces processus grâce à l’automatisation alimentée par l’IA pourrait permettre d’économiser 45 milliards de livres par an. Reste à savoir si cette estimation tient compte du coût de développement et de fonctionnement des services d’IA.

Partage de données entre ministères

Enfin, un dernier volet se concentrera sur une collaboration accrue entre les ministères pour partager les données afin d’accélérer la passation des marchés de services et leur fonctionnement.

Le DSIT indique pour l’instant que l’idée est d’adopter « une approche de bon sens du partage de l’information ». Par exemple, les ministères centraux comme le fisc (HMRC) et le ministère du Commerce pourraient partager des données entre eux et avec les conseils locaux dans le cadre d’enquêtes sur la fraude ou pour mieux comprendre la situation des entreprises et les programmes susceptibles de les aider.

Mais qu’en est-il de la protection des données des individus lorsque celles-ci sont partagées d’une manière qui n’était pas prévue au départ ?

Des questions en suspens

Ces différents projets sont le signe que le gouvernement semble vouloir vraiment aller de l’avant avec son nouvel élan en faveur de l’IA. Mais ils soulèvent aussi un certain nombre de questions.

Concernant Humphrey par exemple, le DSIT a indiqué que certaines des premières applications n’en sont qu’au stade des tests pour l’instant, mais la grande question sera de savoir jusqu’où le gouvernement ira dans la confiance accordée à certaines des conclusions de l’IA.

Il y aura aussi des défis plus humains. Comme le note un ancien haut fonctionnaire (qui travaille maintenant pour une entreprise d’IA), les efforts passés pour créer des programmes transversaux entre ministères n’ont pas toujours fonctionné. La collaboration, l’argent et l’autorité sont en fin de compte les leviers qui feront le succès ou l’échec de ces plans.

L’avenir de l’IA dans les services publics britanniques

Malgré ces interrogations, il est clair que l’IA est appelée à jouer un rôle croissant dans la modernisation et l’efficacité des services publics au Royaume-Uni. Comme le souligne Peter Kyle, secrétaire d’État au DSIT :

Pendant trop longtemps, une technologie poussive a entravé nos services publics, et cela nous coûte une fortune en temps et en argent… Sans parler des maux de tête et du stress que nous subissons après avoir été mis en attente ou obligés de faire un déplacement pour remplir un formulaire.

– Peter Kyle, secrétaire d’État au DSIT

Le ministère entend mettre l’IA au travail pour s’attaquer à l’approche « absurde » que le secteur public adopte en matière de partage d’informations et de collaboration pour aider les personnes qu’il sert.

L’IA a clairement le potentiel de révolutionner la façon dont le gouvernement fonctionne et fournit des services aux citoyens. Mais il faudra relever de nombreux défis, qu’ils soient techniques, organisationnels ou liés à la protection de la vie privée, pour que cette vision devienne réalité. Les plans dévoilés par le Royaume-Uni constituent un pas important dans cette direction, et le monde entier suivra avec intérêt leur mise en œuvre dans les années à venir.

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