L’année 2024 a été chargée pour les législateurs et les lobbyistes préoccupés par l’intelligence artificielle, notamment en Californie. Le gouverneur Gavin Newsom y a signé 18 nouvelles lois sur l’IA, tout en mettant son veto à une législation très médiatisée. Selon Mark Weatherford, vice-président des politiques et des normes chez Gretel, une entreprise de données synthétiques, 2025 pourrait voir autant d’activité, en particulier au niveau des États.
Le rôle moteur des États dans la réglementation de l’IA
Mark Weatherford, qui a occupé des postes de direction en matière de cybersécurité pour les États de Californie et du Colorado, ainsi qu’au sein du gouvernement fédéral sous Barack Obama, pense que les États joueront un rôle de premier plan dans la régulation de l’IA en 2025. Il souligne que l’IA évolue si rapidement qu’il est difficile pour le gouvernement fédéral de suivre le rythme.
Je suis convaincu que le gouvernement y parviendra, mais il a besoin de gens pour le guider, le conseiller et l’éduquer.
– Mark Weatherford, VP Politiques et Normes chez Gretel
Avec plus de 400 projets de loi liés à l’IA introduits dans les différents États au cours des 12 derniers mois, l’activité réglementaire est intense au niveau local. La Californie, en particulier, est à l’avant-garde avec ses 18 lois signées récemment. Même si le gouverneur Newsom a mis son veto à un projet de loi majeur qui aurait ralenti l’innovation, Weatherford s’attend à ce que l’État adopte une législation plus stricte en 2025.
L’enjeu crucial de l’harmonisation des réglementations
Un défi majeur sera l’harmonisation des différentes réglementations étatiques. Sans coordination, les entreprises devront se conformer à un patchwork de lois, ce qui pourrait freiner l’innovation. Même s’il n’y a pas beaucoup d’incitations pour les États à harmoniser leurs approches, Weatherford note que le langage législatif similaire émergeant dans différents États indique qu’ils s’observent mutuellement.
- Plus de 400 projets de loi liés à l’IA dans les États en 12 mois
- La Californie à l’avant-garde avec 18 lois sur l’IA signées en 2024
- L’harmonisation inter-États cruciale pour éviter de freiner l’innovation
L’avenir appartient aux données synthétiques ?
Pour Mark Weatherford, les données synthétiques représentent l’avenir de l’IA. Face à l’épuisement et à la diminution des jeux de données, des données synthétiques de haute qualité seront nécessaires pour assurer le respect de la vie privée, éliminer les biais et répondre aux enjeux non techniques. C’est le pari de Gretel, qui a développé un « volant d’inertie » validant la qualité des données générées à chaque itération.
Tracer la voie entre modération raisonnable et censure restrictive
Face aux inquiétudes de « censure de l’IA » exprimées par certaines figures proches de Trump dans la Silicon Valley, le gouvernement devra probablement intervenir. Mais trouver le juste équilibre entre une modération raisonnable des contenus et une censure restrictive sera un défi. La nouvelle administration ayant clairement indiqué sa préférence pour « moins de régulations », des orientations sont attendues, que ce soit par des moyens formels ou informels.
Réguler l’IA pour le bien de la société
Pour Mark Weatherford, il faut être très prudent quant à la prolifération de l’IA. Face aux dérives déjà constatées avec les deepfakes ou l’utilisation problématique par les plus jeunes, une législation est nécessaire pour encadrer les usages de l’IA en conformité avec les lois existantes. Tout en restant enthousiasmé par le potentiel futur de l’IA, il anticipe quelques années cahoteuses, le temps que la compréhension de ces technologies progresse dans la société.
Lorsque la sécurité et la sûreté de la société sont en jeu, comme c’est le cas avec l’IA, je pense qu’il y a définitivement une place pour plus de réglementation.
– Mark Weatherford, VP Politiques et Normes chez Gretel
Dans ce contexte, 2025 s’annonce comme une année charnière pour la régulation de l’IA aux États-Unis. Entre l’activisme des États, notamment la Californie, les travaux du Congrès et les enjeux pressants pour la société, les cartes pourraient être rebattues. L’harmonisation des approches et la recherche d’un équilibre entre innovation et protection seront des défis majeurs pour les législateurs, qui devront s’appuyer sur l’expertise de la société civile et des acteurs technologiques pour tracer la voie.