Selon un rapport de NPR, l’administration Trump serait en train de négocier un accord qui verrait Oracle prendre le contrôle des opérations mondiales de TikTok, tandis que ByteDance conserverait une participation minoritaire. Cette nouvelle intervient alors que les législateurs ont adopté l’année dernière un projet de loi obligeant la société mère chinoise ByteDance à vendre TikTok ou à le voir interdit aux États-Unis.
Un bref historique du conflit TikTok-États-Unis
Les tensions entre TikTok et les États-Unis ne datent pas d’hier. Déjà lors de son premier mandat, le président Trump avait tenté de forcer TikTok à se vendre, Oracle émergeant alors comme un acheteur potentiel. Bien que cela ne se soit pas concrétisé à l’époque, TikTok a par la suite déclaré avoir transféré tout son trafic américain vers des serveurs Oracle.
En janvier dernier, l’application est brièvement devenue indisponible avant l’entrée en vigueur d’une loi bannissant TikTok, jusqu’à ce que le président Trump entrant annonce qu’il émettrait un décret reportant cette interdiction. Il a alors également évoqué son idée initiale d’un accord pour sauver TikTok, impliquant la création d’une joint-venture entre les propriétaires actuels et/ou de nouveaux propriétaires, les États-Unis obtenant une participation de 50 %.
Oracle prendrait le contrôle, ByteDance conserverait une part minoritaire
D’après les informations rapportées par NPR, un accord serait en train de se profiler, dans lequel Oracle prendrait le contrôle des opérations mondiales de TikTok, ByteDance conservant une participation minoritaire. Lors d’une conférence de presse mardi, le président Trump a déclaré qu’il serait ouvert à ce qu’Elon Musk, propriétaire de X, ou Larry Ellison, président d’Oracle, rachète l’application.
Cependant, certains des sénateurs ayant soutenu le projet de loi « vente ou interdiction » ont exprimé leur confusion quant aux intentions de Trump, affirmant que la loi exige que ByteDance se désinvestisse totalement.
Un enjeu de sécurité nationale et de géopolitique
Au cœur de ce différend se trouve la question de la sécurité des données des utilisateurs américains. Les autorités craignent que le gouvernement chinois ne puisse accéder à ces données via ByteDance et les utiliser à des fins d’espionnage ou de manipulation. TikTok a toujours nié ces allégations, affirmant opérer de manière indépendante.
Mais au-delà de la sécurité des données, c’est toute la guerre technologique et commerciale entre les États-Unis et la Chine qui se joue en arrière-plan. TikTok est devenu le symbole de la domination croissante des entreprises technologiques chinoises, une épine dans le pied de la Silicon Valley.
La bataille pour le contrôle de TikTok est une bataille pour le contrôle des données, des réseaux sociaux et plus largement du soft power dans le monde d’aujourd’hui.
Quelle issue pour TikTok ?
Il est encore trop tôt pour prédire l’issue de ces négociations. Plusieurs scénarios restent possibles :
- Un rachat total par Oracle et des investisseurs américains, satisfaisant les exigences du Congrès.
- Une joint-venture laissant une part minoritaire à ByteDance, comme envisagé par Trump, mais susceptible d’être contestée par certains législateurs.
- Un status quo, TikTok restant dans le giron de ByteDance mais transférant les données américaines à Oracle, une situation précaire.
- Un bannissement pur et simple de TikTok aux États-Unis, privant des millions d’utilisateurs de leur application préférée.
Une chose est sûre, le destin de TikTok sera lourd de conséquences. Pour ses plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. Pour l’équilibre des pouvoirs entre les États-Unis et la Chine dans la tech. Et pour l’avenir de la liberté d’expression et de la souveraineté numérique dans un monde de plus en plus polarisé.