GM Prévoit Des Économies D’un Milliard De Dollars Sur Les Coûts De Cruise

Dans un contexte où l’industrie automobile est en pleine mutation, avec l’essor des véhicules électriques et autonomes, les constructeurs doivent s’adapter et faire des choix stratégiques. C’est précisément ce que vient de faire General Motors en annonçant la fin de son programme de développement de robotaxis via sa filiale Cruise. Une décision forte qui devrait permettre au géant américain de réaliser des économies substantielles, de l’ordre d’un milliard de dollars par an.

Un virage stratégique pour se recentrer sur les véhicules personnels autonomes

Depuis 2016, GM avait investi près de 10 milliards de dollars dans Cruise pour développer des robotaxis, ces véhicules autonomes destinés à des services de transport à la demande. Mais face aux défis technologiques et réglementaires, ainsi qu’à l’évolution du marché, le constructeur a décidé de changer son fusil d’épaule. Comme l’a expliqué Mary Barra, CEO de GM :

GM a proposé un plan de restructuration qui va recentrer notre stratégie de conduite autonome sur les véhicules personnels.

– Mary Barra, CEO de General Motors

L’objectif est clair : se focaliser sur l’intégration de technologies de conduite autonome dans les véhicules particuliers, plutôt que sur le développement de flottes de robotaxis. Un virage stratégique qui devrait permettre à GM de réaliser des économies d’échelle et de proposer ces innovations à un plus grand nombre de clients.

Des économies significatives grâce à la réaffectation des employés de Cruise

Pour concrétiser ces économies, GM compte notamment sur la réaffectation des employés de Cruise au sein du groupe. Comme l’a précisé Paul Jacobson, le directeur financier :

Nous pensons que notre stratégie de conduite autonome recentrée va générer des gains d’efficacité et une économie annuelle d’un milliard de dollars sur nos investissements, par rapport aux 1,7 milliard dépensés pour Cruise en 2024.

– Paul Jacobson, CFO de General Motors

L’intégration des équipes de Cruise, principalement des ingénieurs, devrait être finalisée d’ici mi-2025. Ils travailleront sur l’amélioration du système Super Cruise, l’ADAS de GM qui permet déjà une conduite mains libres sur certaines portions d’autoroute. L’expertise de Cruise sera ainsi mise à profit pour renforcer les capacités des véhicules autonomes personnels.

Continuer à innover dans la conduite autonome de niveau 4

Malgré l’arrêt du programme robotaxi, GM entend bien rester un acteur majeur de la conduite autonome, et notamment atteindre le niveau 4, qui permet à un véhicule de se déplacer sans intervention humaine dans certaines conditions. Mary Barra a d’ailleurs rappelé l’ambition du groupe :

Nous voulons être leaders dans l’autonomie de niveau 4, et nous pensons que nous allons continuer à évaluer le paysage pour y parvenir de la manière la plus efficace possible en termes de capital.

– Mary Barra, CEO de General Motors

Pour y parvenir, GM n’exclut pas de nouer des partenariats stratégiques avec d’autres acteurs du secteur. L’objectif étant de mutualiser les investissements et les compétences pour accélérer le développement de ces technologies.

Une restructuration qui inquiète les employés de Cruise

Si cette réorganisation semble positive pour GM d’un point de vue financier et stratégique, elle suscite en revanche l’inquiétude chez les employés de Cruise. Beaucoup d’entre eux ont en effet arrêté de travailler, dans l’attente de savoir s’ils feront partie des effectifs transférés chez GM ou s’ils seront licenciés. Comme l’a indiqué le CEO de Cruise Marc Whitten dans un email :

Bien que nos plans restent soumis à l’approbation du conseil d’administration de Cruise, je voulais vous informer que nous avons terminé notre première vague de notifications aux employés dont nous prévoyons d’avoir besoin dans le cadre de la future Cruise.

– Marc Whitten, CEO de Cruise

Le sort de milliers de salariés reste donc en suspens, avec une décision finale du conseil d’administration attendue début février. Une période d’incertitude difficile à vivre pour ces talents de la tech, qui espèrent obtenir une proposition de reclassement attractive au sein du groupe GM.

Une transition qui aura un impact sur les résultats financiers de GM

Si GM anticipe des économies substantielles à terme grâce à cette réorganisation, la transition va néanmoins peser sur ses résultats financiers à court terme. Le groupe a en effet enregistré une perte nette de 2,9 milliards de dollars au 4ème trimestre 2024, liée notamment aux charges de restructuration de Cruise et de ses activités en Chine.

Par ailleurs, le transfert des effectifs de Cruise va entraîner une hausse des coûts fixes dans la branche automobile nord-américaine, et donc impacter la marge opérationnelle. Comme l’a précisé Paul Jacobson :

Cela va augmenter nos coûts fixes dans l’automobile et réduire notre cash flow ajusté, car les liquidités utilisées par Cruise étaient auparavant exclues.

– Paul Jacobson, CFO de General Motors

GM table malgré tout sur une marge opérationnelle nord-américaine comprise entre 8 et 10% en 2025. Des prévisions qui intègrent l’impact de la réorganisation de Cruise et témoignent de la solidité financière du constructeur.

En bref

Avec ce changement de cap stratégique, General Motors démontre sa capacité à s’adapter à un environnement en constante évolution. En mettant fin au programme de robotaxis de Cruise pour se focaliser sur l’intégration de technologies de conduite autonome dans les véhicules particuliers, le constructeur fait le pari de la rentabilité et de l’efficacité. Une réorganisation qui devrait permettre à GM :

  • D’économiser jusqu’à 1 milliard de dollars par an sur ses coûts liés à Cruise
  • De capitaliser sur l’expertise des équipes de Cruise pour améliorer son système Super Cruise
  • De proposer des véhicules personnels intégrant des fonctionnalités de conduite autonome avancées

Reste à voir comment GM va gérer la transition, notamment vis-à-vis des employés de Cruise dont l’avenir est en suspens. Le constructeur va aussi devoir absorber l’impact financier de cette restructuration à court terme, avant de pouvoir pleinement bénéficier des économies et synergies attendues. Des défis de taille, que GM semble néanmoins en capacité de relever pour s’imposer comme un leader de la mobilité autonome et personnalisée de demain.

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