Le géant chinois de l’intelligence artificielle DeepSeek a récemment fait une entrée fracassante sur la scène internationale, propulsant son application de chatbot en tête des classements App Store et Google Play. Avec ses modèles d’IA révolutionnaires, la startup fait trembler les géants du secteur et remet en question la domination américaine dans la course à l’IA. Retour sur l’ascension fulgurante de ce nouvel acteur majeur de la tech.

DeepSeek, une success story chinoise

DeepSeek a vu le jour en 2023 au sein du hedge fund High-Flyer Capital Management, fondé par l’entrepreneur et passionné d’IA Liang Wenfeng. Après s’être fait un nom grâce à ses algorithmes de trading, le fonds a décidé de créer un laboratoire dédié à la recherche en IA : DeepSeek était né. Misant sur le développement de ses propres infrastructures et le recrutement massif de jeunes chercheurs talentueux, la startup a rapidement fait parler d’elle avec le lancement de ses premiers modèles fin 2023.

DeepSeek agit comme un véritable perturbateur sur le marché de l’IA, avec des modèles surpassant les géants établis à des coûts défiant toute concurrence.

The New York Times

Des modèles révolutionnaires et ultra-compétitifs

Mais c’est véritablement avec la sortie de sa gamme DeepSeek-V2 au printemps 2024 que la licorne chinoise a commencé à faire de l’ombre aux mastodontes américains. Ses systèmes d’analyse de texte et d’images surpassaient alors largement la concurrence en termes de performances, tout en affichant des coûts d’utilisation bien inférieurs. Un tour de force rendu possible par des avancées majeures en matière d’efficacité computationnelle, malgré les restrictions américaines sur l’export de puces vers la Chine.

DeepSeek a ensuite confirmé son avance technologique fin 2024 avec DeepSeek-V3, capable selon les benchmarks internes de surclasser les modèles les plus avancés d’OpenAI et consorts. Son modèle de « raisonnement » R1, lancé en janvier, fait quant à lui jeu égal avec les systèmes les plus pointus, tout en apportant une fiabilité inédite dans des domaines comme les sciences ou les mathématiques.

• DeepSeek-V3 surpasse les modèles ouverts comme Llama de Meta et les API fermées type GPT-4 d’OpenAI
• Le modèle de raisonnement R1 atteint les performances d’OPT d’OpenAI avec une fiabilité accrue en sciences et maths

Une stratégie de disruption qui bouscule le marché

Au-delà de la prouesse technique, c’est le modèle économique de DeepSeek qui déstabilise profondément l’écosystème. En proposant des tarifs extrêmement agressifs, voire en donnant accès gratuitement à certains de ses modèles, la startup chinoise force ses rivaux à s’aligner. Une approche rendue possible par des avancées majeures en termes d’efficacité énergétique et de coûts, même si certains experts émettent des doutes sur la réalité des chiffres avancés.

Conséquence directe de cette offensive, les développeurs se ruent sur les modèles de DeepSeek pour créer des centaines d’applications dérivées. Signe de l’engouement, l’action de Nvidia, principal fournisseur de puces pour l’IA, a dévissé de 18% suite à l’annonce d’un partenariat entre DeepSeek et Microsoft pour intégrer ses modèles dans Azure AI.

Les dépenses en infrastructure IA resteront un avantage stratégique pour Meta, malgré la concurrence de DeepSeek.

Mark Zuckerberg, PDG de Meta

Quelle place pour l’IA chinoise à l’international ?

Si le succès de DeepSeek semble indéniable, son avenir à l’international reste incertain. Ses modèles étant soumis à la législation chinoise, ils doivent respecter la ligne du Parti et restent limités sur certains sujets sensibles comme Tiananmen ou Taïwan. De plus, les autorités américaines commencent à s’inquiéter de l’influence grandissante des technologies chinoises et pourraient durcir encore les restrictions.

Une chose est sûre, avec l’émergence de champions nationaux comme DeepSeek, la Chine compte bien jouer un rôle majeur dans la définition des futurs standards de l’IA. Et même si les obstacles réglementaires et géopolitiques sont nombreux, gageons que nous n’avons pas fini d’entendre parler de la startup de Liang Wenfeng et de ses modèles révolutionnaires.