Dans un sport où la combustion est reine, il peut sembler surprenant de voir une écurie de Formule 1 se lancer dans une démarche de durabilité. Pourtant, c’est le pari audacieux que fait Mercedes-AMG Petronas en investissant massivement dans les crédits carbone naturels. L’objectif ? Atteindre la neutralité carbone d’ici 2030, un défi de taille pour une industrie énergivore.

Un virage vert pour la Flèche d’Argent

Contrairement aux idées reçues, les voitures de course ne représentent que moins de 1% de l’empreinte carbone d’une écurie. Le gros des émissions provient en réalité de la logistique, des déplacements professionnels, des bureaux et de l’infrastructure informatique. Pour compenser ces sources difficiles à réduire, Mercedes-AMG Petronas mise sur l’achat de 5 500 tonnes de crédits carbone auprès de Chestnut Carbon, une startup spécialisée dans la plantation de forêts sur des terres agricoles dégradées du sud-est des États-Unis.

Nous visons une réduction de 75% de nos émissions d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2040. Les crédits achetés représentent environ 10% de notre empreinte en 2023, c’est un premier pas significatif.

– Toto Wolff, Team Principal & CEO de Mercedes-AMG Petronas F1

Un marché carbone en plein essor

Si l’achat de crédits carbone de l’écurie allemande peut sembler modeste, il s’inscrit dans une tendance de fond. Chestnut Carbon, qui vient de lever 160 millions de dollars, a récemment signé un contrat avec Microsoft pour 7 millions de tonnes de crédits. La jeune pousse ambitionne de délivrer 100 millions de crédits d’ici 2030, surfant sur la demande croissante des entreprises soucieuses de compenser leurs émissions.

Mercedes-AMG Petronas a également noué un partenariat avec Frontier, une organisation soutenue par des géants de la tech comme Stripe, Google, Meta et Shopify, qui s’engage à acheter de futurs crédits carbone à un prix fixe pour soutenir le développement de solutions d’élimination du CO2.

Le défi de la transition écologique en Formule 1

Au-delà de la compensation, la Formule 1 cherche à réduire son empreinte environnementale à la source. Dès 2026, le règlement imposera l’utilisation de carburants 100% durables et une augmentation significative de la part d’énergie électrique dans la propulsion des monoplaces. Les écuries travaillent également à l’optimisation de leur logistique et à la réduction des déchets sur les circuits.

Mais la route vers la durabilité est encore longue pour un sport qui se nourrit de la passion des moteurs rugissants et de la vitesse. Il faudra convaincre les fans, les sponsors et les constructeurs que la Formule 1 peut se réinventer sans perdre son ADN. Un défi que Mercedes-AMG Petronas semble prêt à relever, en montrant l’exemple avec ses investissements dans les crédits carbone naturels.

• La Formule 1 vise la neutralité carbone d’ici 2030
• Mercedes-AMG Petronas investit dans les crédits carbone naturels pour compenser ses émissions
• Le marché des crédits carbone est en plein essor, porté par la demande des entreprises
• La transition écologique reste un défi majeur pour la Formule 1, qui doit se réinventer sans perdre son identité

Les crédits carbone, une solution imparfaite mais nécessaire ?

Si l’achat de crédits carbone permet de financer des projets bénéfiques pour l’environnement, comme la reforestation ou le développement des énergies renouvelables, cette pratique est parfois critiquée. Certains y voient un « droit à polluer » ou un moyen pour les entreprises de se donner bonne conscience sans remettre en question leur modèle.

Les crédits carbone ne doivent pas être un alibi pour continuer à émettre du CO2 sans rien changer. Ils sont un outil de transition, en complément d’efforts de réduction des émissions à la source.

– Dr. Emily Shuckburgh, Directrice du Cambridge Zero Climate Change Initiative

Dans le cas de la Formule 1, où la décarbonation complète prendra du temps, les crédits carbone apparaissent comme un moyen de contribuer positivement à la lutte contre le changement climatique dès maintenant. À condition qu’ils financent des projets fiables et additionnels, et qu’ils s’accompagnent d’une stratégie ambitieuse de réduction des émissions.

En investissant dans les crédits carbone naturels tout en travaillant à rendre ses activités plus durables, Mercedes-AMG Petronas montre que la Formule 1 prend le virage de la transition écologique. Un tournant historique pour un sport qui se rêve un avenir plus vert, sans renier sa passion pour la performance.