OpenAI Envisage des Droits de Vote Spéciaux Pour le Conseil Contre les OPA

Dans une nouvelle qui ébranle le monde de l’intelligence artificielle, OpenAI envisagerait d’accorder à son conseil d’administration des droits de vote spéciaux afin de se prémunir contre d’éventuelles tentatives de prise de contrôle hostile à l’avenir, selon un récent rapport du Financial Times.

Un bouclier anti-OPA via des pouvoirs spéciaux

Ces droits permettraient au conseil d’administration de passer outre les principaux investisseurs de l’entreprise, préservant ainsi certains de ses pouvoirs une fois qu’OpenAI aura achevé sa transition vers une structure à but lucratif. Fondé à l’origine comme une organisation à but non lucratif, OpenAI s’était converti en 2019 en une structure dite à « bénéfices plafonnés ». La société est maintenant en train de se restructurer une nouvelle fois, pour devenir cette fois une société d’intérêt public.

L’offre de rachat d’Elon Musk à 97 milliards de dollars rejetée

La semaine dernière, un groupe d’investisseurs mené par le milliardaire Elon Musk a proposé de racheter la branche à but non lucratif d’OpenAI pour la somme astronomique de 97,4 milliards de dollars. Le conseil d’administration d’OpenAI a rejeté l’offre à l’unanimité, mais cette démarche pourrait tout de même venir perturber les plans de l’entreprise d’IA.

« Les droits spéciaux permettraient au board d’OpenAI de contrecarrer les principaux actionnaires, conservant certains pouvoirs après le passage complet au statut d’entreprise à but lucratif»

– Financial Times

Une restructuration en plusieurs étapes

OpenAI vise à séparer sa branche à but non lucratif, qui embauchera son propre personnel et sa propre équipe de direction, libérant ainsi la branche à but lucratif pour gérer et contrôler les activités et les opérations d’OpenAI. L’entreprise a promis à ses investisseurs d’achever cette conversion d’ici fin 2026.

Cette annonce intervient alors qu’OpenAI connaît une ascension fulgurante, portée par le succès viral de son agent conversationnel ChatGPT et de son modèle de génération d’images DALL-E. La start-up, soutenue par Microsoft, est considérée comme un leader dans la course à l’IA générative, ces systèmes capables de créer du contenu nouveau (texte, code, images, vidéos) à partir de leurs vastes données d’apprentissage.

ChatGPT, la poule aux œufs d’or d’OpenAI

Lancé fin novembre 2022, ChatGPT a connu une adoption sans précédent, atteignant 100 millions d’utilisateurs en à peine deux mois. Accessible via une interface web, il est capable de comprendre les requêtes en langage naturel et d’y répondre de manière fluide et contextuelle, ouvrant une multitude de cas d’usage dans des domaines aussi variés que la rédaction, le codage, l’analyse, la traduction ou encore la synthèse de connaissances.

Dans la foulée, OpenAI a dévoilé l’API de ChatGPT, permettant aux développeurs d’intégrer les capacités linguistiques du modèle dans leurs propres applications et services. De nombreux géants de la tech comme Snap, Instacart, Shopify ou Quizlet l’ont rapidement adoptée pour proposer de nouvelles fonctionnalités alimentées par l’IA.

Des ambitions et des moyens démesurés

Les projets d’OpenAI nécessitent des investissements colossaux en infrastructure de calcul. Début 2023, Microsoft a annoncé un nouveau partenariat pluriannuel avec la firme, qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars. Cet accord donne à Microsoft un accès privilégié aux modèles d’IA d’OpenAI, qu’il déploie dans plusieurs de ses produits comme la suite Office ou le moteur de recherche Bing.

  • Microsoft a investi 1 milliard de dollars dans OpenAI en 2019
  • Nouveau partenariat pluriannuel en janvier 2023, jusqu’à 10 milliards de dollars
  • Microsoft intègre les modèles de langage d’OpenAI dans Office, Bing

De son côté, OpenAI a déjà levé plus de 11 milliards de dollars auprès d’investisseurs de renom comme Reid Hoffman, Peter Thiel, ou le fonds Khosla Ventures. En plus de Sam Altman, son PDG charismatique, la société compte dans son board Elon Musk, co-fondateur qui a depuis quitté le conseil, ainsi qu’Ilya Sutskever, scientifique en chef.

Avec l’octroi de ces droits de vote spéciaux au conseil d’administration, OpenAI cherche à se prémunir contre toute velléité de rachat, pour pouvoir mener à bien sa mission à long terme : créer une intelligence artificielle « bénéfique pour l’humanité ». Une quête qui soulève de nombreux défis éthiques, politiques et sociétaux, sur lesquels l’entreprise devra se pencher dans les années à venir.

À lire également