Bradley Tusk Révolutionne le VC avec l’Équity-for-Services

Et si le modèle traditionnel du capital-risque, ce pilier du financement des startups, était en train de s’effriter sous nos yeux ? C’est la question que pose Bradley Tusk, figure bien connue du monde des affaires et de la politique américaine. Dans une interview récente accordée à TechCrunch, cet ancien investisseur et stratège politique dévoile une vérité surprenante : il gagne désormais plus d’argent en échangeant ses compétences contre des parts dans des startups qu’en jouant le jeu classique du VC (venture capital). Une révélation qui secoue les codes et interpelle quiconque s’intéresse au marketing, à la technologie ou à l’avenir des entreprises innovantes. Alors, qu’est-ce qui pousse cet homme à tourner le dos à un système établi pour réinventer sa manière de soutenir les jeunes pousses ? Plongeons dans cette histoire fascinante.

Un Constat Sans Appel : Le VC Traditionnel en Crise

Bradley Tusk ne mâche pas ses mots : pour lui, le capital-risque tel qu’on le connaît est mort, ou du moins en hibernation prolongée. Depuis quatre ans, son fonds, Tusk Venture Partners, n’a pas redistribué un seul dollar à ses investisseurs (les fameux LPs, ou limited partners). Pourquoi ? La réponse tient en quelques facteurs clés : des taux d’intérêt en hausse, des valorisations de startups qui se sont effondrées après les sommets de 2021, et un marché des IPO (introductions en bourse) et des fusions-acquisitions quasi à l’arrêt. Autant de vents contraires qui ont refroidi l’enthousiasme des investisseurs et mis les fonds traditionnels sous pression.

Mais il y a plus. Même l’arrivée de Donald Trump à la présidence, avec ses promesses de dérégulation et de réformes fiscales pro-business, n’a pas suffi à relancer la machine. Entre guerres commerciales alimentées par des tarifs douaniers et démantèlement d’agences fédérales, l’incertitude règne. Comme le souligne Tusk avec une pointe d’ironie : aucun économiste sérieux ne voit dans une guerre commerciale un moteur de croissance. Face à ce constat, il a choisi de ne pas lever un quatrième fonds et de changer radicalement de cap.

Equity-for-Services : Une Nouvelle Façon d’Investir

Exit les chèques massifs et les levées de fonds traditionnelles. Bradley Tusk mise désormais sur un modèle baptisé **equity-for-services** : au lieu d’injecter de l’argent, il offre son expertise en échange de parts dans les entreprises. Et cette expertise, il la tire de son passé riche et varié – ancien directeur de campagne de Michael Bloomberg, adjoint au gouverneur de l’Illinois, et stratège politique hors pair. Son domaine de prédilection ? Aider les startups à naviguer dans les eaux troubles des régulations, à communiquer avec les législateurs ou à décrocher des contrats publics.

« J’ai réalisé que je pouvais intégrer les capitalisations des startups que j’aime en échange de mon savoir-faire, et ça rend le modèle traditionnel bien moins logique. »

– Bradley Tusk

Ce virage n’est pas une lubie passagère. Il s’appuie sur une logique financière implacable : en échangeant ses services contre de l’équité, Tusk conserve 100 % des gains potentiels, là où le VC classique l’oblige à redistribuer la majorité des profits aux investisseurs après avoir remboursé le capital initial et les frais. Résultat ? Il affirme gagner plus d’argent ainsi qu’avec ses anciennes méthodes.

Retour aux Origines : L’Exemple d’Uber

Pour comprendre cette transition, il faut remonter à 2010. À l’époque, Tusk venait de lancer sa firme de conseil politique, Tusk Strategies. Une petite entreprise de technologie des transports, encore méconnue, frappe à sa porte : Uber. Faute de liquidités, la startup lui propose des parts en échange de son aide pour légaliser le covoiturage aux États-Unis. Pendant plusieurs années, Tusk sillonne le pays, mène des campagnes, et construit des cadres réglementaires pour protéger Uber des blocages politiques. Une mission couronnée de succès – et un pari financièrement gagnant.

Cette expérience a planté une graine. Aujourd’hui, il réplique ce schéma à plus grande échelle, en ciblant des startups disruptives confrontées à des défis similaires. Pour lui, les aspects classiques du VC – levées de fonds, gestion des portefeuilles, réunions de conseil – sont devenus des distractions face à ce qu’il sait faire de mieux : sauver les entreprises des méandres politico-administratifs.

Pourquoi Ce Modèle Séduit-il les Startups ?

Pour une startup, collaborer avec quelqu’un comme Tusk, c’est s’offrir bien plus qu’un chèque. C’est un accès direct à un réseau, une expertise rare et une capacité à transformer des obstacles réglementaires en opportunités. Prenons quelques exemples concrets de ce que cela peut impliquer :

  • Débloquer des autorisations pour opérer dans des marchés fortement régulés.
  • Influencer des lois locales ou nationales en faveur d’une technologie innovante.
  • Sécuriser des contrats avec des administrations publiques.

Dans un monde où les technologies disruptives – des voitures autonomes aux cryptomonnaies – se heurtent souvent à des barrières légales, ce type de soutien vaut son pesant d’or. Et pour Tusk, c’est aussi une manière de rester au cœur de l’action, là où se jouent les grandes transformations.

Un Modèle Plus Rentable, Mais Pas Sans Limites

Si le modèle **equity-for-services** semble être une mine d’or, il n’est pas exempt de défis. D’abord, il repose sur la capacité de Tusk à sélectionner des startups prometteuses. Une mauvaise pioche, et ses efforts pourraient ne rien rapporter. Ensuite, il y a la question de l’échelle : sans les leviers financiers d’un fonds classique, il doit se limiter à un nombre restreint de projets. Enfin, ce modèle demande une implication opérationnelle bien plus forte qu’un simple investissement passif.

Pourtant, Tusk y voit une liberté nouvelle. En se débarrassant des contraintes des LPs et des cycles de fonds, il peut se concentrer sur ce qu’il aime : résoudre des problèmes complexes et accompagner des entrepreneurs visionnaires. Et jusqu’en 2031, date de fin du cycle de son fonds actuel, il continuera à soutenir ses entreprises existantes tout en développant cette nouvelle approche.

Quel Avenir pour le Venture Capital ?

L’histoire de Bradley Tusk soulève une question essentielle pour les acteurs du marketing, de la tech et du business : le VC traditionnel est-il condamné à se réinventer ? Entre crise économique et montée des modèles alternatifs, les investisseurs pourraient bien devoir repenser leurs stratégies. Pour les startups, cela signifie aussi explorer des partenariats plus créatifs, où l’argent n’est plus le seul moteur.

En attendant, Tusk trace sa propre voie, prouvant qu’avec de l’audace et une expertise pointue, il est possible de bousculer les règles du jeu. Une leçon inspirante pour tout entrepreneur ou marketeur cherchant à innover dans un monde en pleine mutation.

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