Canoo : Le PDG Récupère les Actifs, Que Reste-t-il des Startups EV ?

Imaginez un instant : une startup prometteuse dans le secteur des véhicules électriques, portée par des rêves d’innovation et des contrats avec des géants comme la NASA, s’effondre sous le poids de la réalitéස්‍රැති. Quelques années plus tard, ses actifs sont rachetés pour une bouchée de pain par son propre PDG. Cette histoire, digne d’un scénario hollywoodien, est celle de Canoo, une entreprise qui incarne à la fois l’espoir et les désillusions d’une industrie en pleine effervescence : celle des véhicules électriques (EV). Le 9 avril 2025, un juge a autorisé Anthony Aquila, PDG de Canoo, à acquérir les actifs de sa société en faillite pour environ 4 millions de dollars. Mais derrière cette décision se cache un récit bien plus complexe, mêlant ambitions entrepreneuriales, luttes juridiques et un marché impitoyable. Alors, que nous apprend cette affaire sur l’état des startups technologiques aujourd’hui ? Plongeons dans cette saga captivante.

Un Rachat qui Fait Parler

La décision du juge Brendan Shannon, rendue lors d’une audience le mercredi 9 avril 2025, marque un tournant pour Canoo. Après avoir examiné les objections – peu nombreuses mais significatives – à la vente, le magistrat a estimé que le processus était équitable. Fait remarquable : aucun autre acteur n’a soumis d’offre concurrente. Anthony Aquila, déjà à la tête de l’entreprise, s’est ainsi positionné comme le seul acheteur, prêt à débourser 4 millions de dollars en cash pour reprendre la majorité des actifs. Mais que compte-t-il en faire ? Selon ses avocats, il envisage de maintenir des services pour des clients prestigieux comme la NASA ou le Département de la Défense des États-Unis, qui avaient acquis quelques véhicules avant la chute de l’entreprise.

Ce rachat soulève une question essentielle pour les entrepreneurs et les investisseurs : est-ce une opportunité en or ou un pari risqué ? Pour Aquila, il s’agit peut-être d’une chance de redonner vie à une vision qu’il porte depuis des années. Mais pour d’autres, cela illustre une tendance troublante dans l’univers des startups EV.

Une Vague de Faillites dans l’Industrie des Véhicules Électriques

Canoo n’est pas un cas isolé. Le secteur des véhicules électriques, bien que porté par une promesse écologique et technologique, traverse une période tumultueuse. Des noms comme Fisker, Lordstown Motors ou encore Nikola ont eux aussi succombé à la pression financière et stratégique. Et curieusement, Canoo n’est pas la seule à voir son PDG tenter de reprendre les rênes après la faillite. Steve Burns, ex-PDG de Lordstown Motors, a racheté les actifs de son ancienne entreprise, tandis que Trevor Milton, récemment gracié, cherche à faire de même avec Nikola. Cette récurrence intrigue : les fondateurs croient-ils encore en leur projet, ou cherchent-ils simplement à limiter les pertes ?

Pour mieux comprendre, regardons les chiffres. Selon une étude récente, près de 60 % des startups EV lancées entre 2015 et 2020 ont soit cessé leurs activités, soit été rachetées à bas prix. Les raisons ? Une concurrence féroce, des coûts de production exorbitants et des attentes irréalistes des investisseurs. Canoo, avec ses ambitions de révolutionner la mobilité électrique, n’a pas échappé à cette tempête.

Des Actifs convoités, mais un Processus Contesté

Le rachat par Aquila n’a pas été sans controverse. Mark Felger, avocat de Canoo, a révélé lors de l’audience que huit parties avaient signé des accords de confidentialité pour évaluer les actifs en vente. Pourtant, seule une poignée a failli enchérir. Parmi elles, un groupe à capitaux étrangers a été écarté en raison de préoccupations liées au Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS). Mais c’est une autre entité qui a attiré l’attention : Harbinger, une startup de camions électriques fondée par d’anciens employés de Canoo.

Harbinger a déposé une objection vigoureuse au rachat, arguant que Canoo dissimulait des actifs aux acheteurs potentiels. Cette accusation n’est pas anodine, car les deux entreprises sont déjà engagées dans un litige depuis 2022. Canoo reproche à Harbinger d’avoir détourné des **secrets commerciaux** lors de sa création en 2021. Ce différend juridique est devenu un enjeu central de la vente : une victoire de Canoo pourrait rapporter une somme conséquente et bloquer Harbinger dans l’utilisation de ces prétendues technologies.

Secrets Commerciaux : Le Cœur du Litige

Le flou autour des **secrets commerciaux** prétendument volés par Harbinger alimente les tensions. John Morris, avocat de Harbinger, a souligné un point troublant lors de l’audience : après deux ans de procédure, Canoo n’a jamais détaillé, même sous scellés, la nature exacte de ce qui aurait été dérobé. Cette opacité a conduit Harbinger à contester la valorisation des actifs par le syndic de faillite. Selon Morris, sans une transparence totale, les acheteurs potentiels n’avaient pas toutes les cartes en main pour enchérir correctement.

« Malgré deux années de litige, personne hormis Aquila ne sait ce que sont ces prétendus secrets commerciaux. »

– John Morris, avocat de Harbinger

Cette incertitude pose une question stratégique pour les startups technologiques : comment protéger son **innovation** tout en restant attractif pour des investisseurs ou des repreneurs ? Dans le cas de Canoo, le mystère autour de ces actifs a peut-être découragé d’autres enchérisseurs, laissant le champ libre à Aquila.

Un PDG en Position de Force

Un autre point soulevé par Harbinger concerne une clause spécifique de l’accord de vente. Celle-ci donne à Aquila un pouvoir de veto sur tout règlement potentiel dans le litige avec Harbinger. Pour Morris, cela représente un conflit d’intérêts évident : en tant que PDG et futur propriétaire des actifs, Aquila pourrait privilégier ses propres intérêts au détriment des créanciers de Canoo. Le juge Shannon a toutefois balayé cette objection, estimant que le syndic avait négocié de bonne foi pendant des semaines avec Aquila, et que sa relation avec l’entreprise avait été dûment divulguée.

Cette décision met en lumière une réalité du monde des affaires : dans une faillite, le pragmatisme l’emporte souvent sur les idéaux. Le juge a qualifié l’offre d’Aquila de « significative » et le processus de « mené de bonne foi ». Mais pour les observateurs, cela soulève une interrogation éthique : jusqu’où un dirigeant peut-il aller pour sauver – ou profiter – de son entreprise en difficulté ?

Les Leçons pour les Entrepreneurs et Investisseurs

L’affaire Canoo offre un cas d’école pour les acteurs du monde des startups et du business. Voici quelques enseignements clés :

  • La résilience est cruciale : malgré la faillite, Aquila n’a pas abandonné son projet, voyant une opportunité là où d’autres voyaient un échec.
  • La transparence paie : l’opacité autour des actifs a pu dissuader des enchérisseurs, limitant la concurrence.
  • Le timing est roi : dans un secteur en crise, agir vite peut faire la différence entre perte totale et récupération partielle.

Pour les investisseurs, cette saga rappelle l’importance d’évaluer les risques au-delà des promesses technologiques. Les startups comme Canoo attirent par leur potentiel disruptif, mais leur viabilité économique reste un défi majeur.

Et Après ? L’Avenir d’Aquila et de Canoo

Une fois l’accord formalisé, Anthony Aquila deviendra le maître à bord d’une Canoo amputée mais pas morte. Son objectif de servir des clients comme la NASA pourrait redonner un souffle à l’entreprise, ou du moins à une version allégée de celle-ci. Mais le litige avec Harbinger reste une épée de Damoclès. Une victoire judiciaire pourrait renflouer les caisses et renforcer sa position, tandis qu’une défaite risquerait de ternir cette opération de sauvetage.

Pour les passionnés de technologie et de business, cette histoire est une fenêtre sur les coulisses d’un secteur en mutation. Elle montre comment ambition, stratégie et un zeste d’audace peuvent transformer une faillite en une nouvelle chance. Mais elle interroge aussi : combien de startups EV suivront ce chemin chaotique avant que l’industrie ne trouve un équilibre ?

Une Tendance Plus Large dans la Tech

Le cas de Canoo ne se limite pas aux véhicules électriques. Il reflète une dynamique plus large dans l’écosystème tech. Les entreprises innovantes, qu’elles œuvrent dans l’IA, la blockchain ou la mobilité, affrontent des vents contraires : levées de fonds massives suivies d’effondrements brutaux, promesses non tenues et restructurations en cascade. Pourtant, à chaque échec, des entrepreneurs comme Aquila émergent, prêts à parier sur les décombres.

Sur un site comme TechCrunch, qui a couvert cette affaire, on voit bien cette dualité : des articles célébrant les licornes côtoient ceux annonçant leur chute. Pour les lecteurs – marketers, startupers, investisseurs – c’est un rappel : dans la tech, le succès n’est jamais garanti, mais les opportunités naissent parfois des cendres.

Conclusion : Un Pari sur l’Avenir

L’histoire de Canoo et d’Anthony Aquila est loin d’être terminée. Ce rachat, validé le 9 avril 2025, pourrait marquer le début d’un renouveau ou n’être qu’une note de bas de page dans la chronique des startups déchues. Une chose est sûre : elle captive par son mélange d’audace, de controverse et d’incertitude. Pour les esprits tournés vers le marketing, la tech et le business, elle offre une leçon précieuse : dans un monde où l’innovation est reine, savoir rebondir est peut-être le vrai talent. Alors, Aquila réussira-t-il là où tant d’autres ont échoué ? L’avenir nous le dira.

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