Imaginez un adolescent de 14 ans, passionné de code, qui envoie un email audacieux à une entreprise de cryptomonnaie pour décrocher un job. Quelques années plus tard, ce même jeune prodige lance une startup qui promet de bouleverser un secteur aussi complexe que celui des brevets. Cette histoire, c’est celle de Daniel Ruskin, un ancien ingénieur de Coinbase devenu entrepreneur visionnaire. Avec sa nouvelle entreprise, Inventex, il ambitionne de rendre le dépôt de brevets plus rapide, plus accessible et plus efficace grâce à l’intelligence artificielle. Dans un monde où l’innovation est reine, mais où les processus juridiques restent souvent archaïques, cette initiative pourrait bien changer la donne pour les startups et les entreprises technologiques. Alors, comment un jeune homme de 26 ans, fort de son expérience dans la fintech et d’un diplôme de droit, compte-t-il révolutionner ce domaine ? Plongeons dans cette aventure fascinante.
Un Parcours Hors Norme
Tout commence il y a plus d’une décennie, lorsque Daniel Ruskin, alors adolescent, découvre le monde de la programmation. À 14 ans, trop jeune pour ouvrir un compte bancaire, il se lance dans des missions de développement freelance qu’il trouve sur Reddit, payées en Bitcoin. Un jour, il repère une opportunité chez Coinbase, une plateforme montante dans l’univers des cryptomonnaies. Sans hésiter, il contacte directement le responsable des opérations. Son culot paie : il décroche un poste et contribue rapidement à développer une grande partie des premiers logiciels qui ont permis à Coinbase de passer d’une petite structure à une entreprise d’envergure. “Je n’ai pas écrit la toute première version, mais j’ai créé beaucoup de ce qui nous a fait grandir”, raconte-t-il avec une modestie teintée de fierté.
Après quatre ans chez Coinbase, Ruskin décide de poursuivre ses études, d’abord à l’université, puis en droit à la prestigieuse New York University, où il se classe parmi les 10 % meilleurs de sa promotion en 2024. Entre-temps, il ne reste pas inactif : il fonde plusieurs startups, dont une dans la sécurité électorale, pour laquelle il rédige et obtient un brevet. Cette expérience marque un tournant. Frustré par l’opacité et la lenteur du processus de dépôt de brevets, il décide de s’attaquer à ce problème de front avec Inventex.
Inventex : L’IA au Service des Brevets
Lancée en décembre 2024 à Salt Lake City, Inventex propose une solution innovante pour simplifier et accélérer le dépôt de brevets. L’idée ? Utiliser une combinaison d’**agents IA spécialisés** et d’avocats agréés pour transformer un processus traditionnellement long et coûteux en une démarche fluide et efficace. Selon Ruskin, sa plateforme permet aux entreprises d’obtenir le statut “patent pending” (en attente de brevet) **10 fois plus vite** qu’avec une firme classique, passant de plusieurs mois à quelques jours seulement.
Concrètement, Inventex fonctionne en trois étapes clés. D’abord, elle collecte les données techniques fournies par ses clients : code source, spécifications techniques, documents de conception. Ensuite, ses algorithmes analysent ces informations pour identifier les éléments **patentables**, en vérifiant notamment l’existence d’*art antérieur* (ce qui a déjà été breveté) et en déterminant ce qui rend l’innovation unique. Enfin, la plateforme rédige et dépose les demandes de brevet, en s’appuyant sur des modèles d’IA affinés pour chaque domaine technique, supervisés par des experts juridiques. Cette approche hybride garantit à la fois rapidité et qualité.
“Nos agents IA sont de véritables experts dans les domaines techniques de nos clients, contrairement aux avocats traditionnels qui ne comprennent pas toujours les subtilités des inventions.”
– Daniel Ruskin, fondateur d’Inventex
Une Levé de Fonds Prometteuse
À peine un mois après son lancement, Inventex a attiré l’attention des investisseurs. En janvier 2025, la startup a bouclé une levée de fonds de **2,4 millions de dollars** en pré-amorçage, valorisant l’entreprise à 10 millions de dollars. Ce tour de table a été co-dirigé par Conviction Capital, Fred Ehrsam (co-fondateur de Coinbase) et Cambrian Ventures, avec la participation de Boost et d’autres acteurs. Cette rapidité témoigne de l’engouement pour le concept, porté par la réputation de Ruskin et la pertinence de sa solution dans un écosystème où les brevets sont un enjeu stratégique majeur.
Pour Maksim Stepanenko, un ancien collègue de Ruskin chez Coinbase et aujourd’hui ange investisseur, le choix de soutenir Inventex était une évidence. “Daniel est réfléchi, rapide et incroyablement doué pour naviguer dans des systèmes complexes”, confie-t-il. Cette confiance s’explique aussi par le parcours de Ruskin, qui a déjà contribué à bâtir deux licornes – Coinbase et Checkr – avant même de terminer ses études.
Pourquoi les Brevets Sont Cruciaux pour les Startups
Dans le monde des startups, particulièrement dans les secteurs technologiques comme la **fintech**, la **crypto** ou l’**IA**, les brevets ne sont pas qu’une formalité administrative. Ils représentent un actif stratégique qui peut faire ou défaire une entreprise. Un brevet bien déposé protège une innovation contre les concurrents, renforce la crédibilité auprès des investisseurs et ouvre des opportunités de monétisation via des licences. Mais le processus classique est souvent un casse-tête : coûteux (des dizaines de milliers de dollars), lent (plusieurs mois) et nécessitant une expertise juridique pointue.
Pour une jeune pousse aux ressources limitées, ces obstacles peuvent être rédhibitoires. C’est là qu’Inventex entre en jeu, en promettant de démocratiser l’accès aux brevets. En automatisant les tâches chronophages comme la recherche d’antériorité ou la rédaction des demandes, la plateforme libère du temps et des fonds pour les entrepreneurs, leur permettant de se concentrer sur leur cœur de métier : innover.
Voici quelques avantages clés qu’Inventex met en avant :
- Rapidité : un dépôt en jours au lieu de mois.
- Qualité : des modèles IA adaptés à chaque secteur technique.
- Accessibilité : un modèle d’abonnement mensuel abordable.
Un Modèle Innovant Face à la Concurrence
Dans le domaine de la *legaltech*, Inventex n’est pas seule. Des outils comme Edge ou Solve proposent également des solutions pour automatiser certaines étapes du dépôt de brevets. Mais Ruskin insiste sur ce qui différencie sa startup : une approche **de bout en bout**. “Nos concurrents vendent des logiciels d’automatisation à des cabinets d’avocats traditionnels, limités par un modèle basé sur les heures facturables. Nous, on propose un service complet, du début à la fin”, explique-t-il.
Cette vision se traduit par une flexibilité impressionnante. Par exemple, Inventex a récemment adapté un de ses outils pour automatiser les plaintes auprès du MSPB (Merit Systems Protection Board) aux États-Unis, répondant ainsi à un pic de licenciements dans le secteur public. “Les firmes classiques ne pourraient pas absorber une telle charge de travail”, affirme Ruskin. Cette capacité à pivoter rapidement pourrait bien être un atout décisif dans un marché en pleine mutation.
Les Premiers Résultats et une Croissance Explosive
Moins de six mois après son lancement, Inventex affiche des résultats prometteurs. Avec environ **250 000 dollars de revenus annuels récurrents** en prévision, la startup attire déjà des clients variés, allant de jeunes pousses à des entreprises cotées en bourse. Parmi elles, Dirac, une société qui a accepté d’être nommée, illustre le potentiel de la plateforme. “Nous recevons plus de demandes que nous ne pouvons en traiter”, confie Ruskin, soulignant une croissance mensuelle de **200 %** depuis décembre 2024, portée par le bouche-à-oreille et des partenariats avec des fonds de capital-risque.
Actuellement, l’équipe est encore réduite : trois ingénieurs à temps plein et plusieurs avocats sous contrat. Mais cette structure légère n’empêche pas Inventex de viser haut. Ruskin envisage déjà d’étoffer ses effectifs et d’explorer de nouveaux marchés, comme la mise à disposition de son toolkit en marque blanche pour les cabinets d’avocats.
Une Vision à Long Terme pour la Legaltech
Pour Daniel Ruskin, Inventex n’est que le début d’une transformation plus large du secteur des brevets. Il prédit qu’au cours des cinq prochaines années, la répartition du temps dans les cabinets d’avocats va s’inverser. Aujourd’hui, **90 %** des heures facturables pour un dépôt initial sont consacrées à la rédaction, et seulement **10 %** à la stratégie. “Dans cinq ans, la rédaction ne prendra plus que 10 % du temps, et la stratégie deviendra le service différenciateur”, anticipe-t-il.
Ce bouleversement, rendu possible par l’automatisation, pourrait réduire drastiquement les coûts de dépôt – une aubaine pour les innovateurs, qu’ils soient des géants technologiques ou des startups naissantes. En rendant les brevets plus accessibles, Inventex ambitionne de démocratiser l’innovation elle-même, un objectif qui résonne particulièrement dans des secteurs comme la **fintech** ou l’**IA**, où la course à la propriété intellectuelle est féroce.
“Daniel a une vitesse d’exécution incroyable. Ce qu’il a déjà construit est remarquable, mais ce qui m’excite, c’est ce qu’il peut encore accomplir.”
– Rex Salisbury, Cambrian Ventures
L’Héritage d’un Prodige de la Tech
Avant Inventex, Ruskin a laissé sa marque dans la fintech. En 2022, il rejoint Checkr, une plateforme de paiement pour les travailleurs indépendants, où il lance Checkr Pay, une néobanque interne développée en seulement quatre mois avec une équipe de trois ingénieurs. Cette expérience renforce sa réputation de “moteur à haute vélocité”, comme le décrit Rex Salisbury de Cambrian Ventures. “Demandez à l’équipe originelle de Coinbase, ils vous diront la même chose. C’est impressionnant pour quelqu’un qui était encore au lycée à l’époque”, ajoute-t-il.
Cette capacité à construire vite et bien, couplée à une compréhension aiguë des besoins des entreprises technologiques, positionne Ruskin comme un acteur à suivre. Avec Inventex, il ne se contente pas de résoudre un problème ponctuel : il redéfinit les règles du jeu dans un domaine où l’innovation juridique peine à suivre celle de la technologie.
Et Après ? Les Ambitions d’Inventex
Pour l’avenir, Ruskin voit grand. Outre l’expansion de son équipe et de sa clientèle, il explore la possibilité d’offrir ses outils en marque blanche aux cabinets d’avocats, leur permettant d’améliorer leurs services tout en réduisant les coûts pour leurs clients. Une autre piste ? Adapter la technologie d’Inventex à d’autres domaines juridiques complexes, comme les litiges administratifs ou les contrats intelligents dans la blockchain.
En attendant, Inventex continue de séduire par sa promesse simple mais puissante : rendre les brevets accessibles à tous. Pour les entrepreneurs, les marketeurs et les innovateurs qui lisent ces lignes, cette startup est un rappel que même les processus les plus rigides peuvent être réinventés. Dans un monde où chaque seconde compte, Daniel Ruskin et son équipe prouvent que l’IA, bien utilisée, peut être une alliée précieuse pour transformer les idées en actifs protégés – et, pourquoi pas, en succès retentissants.