Le géant du Web Meta, maison mère de Facebook et Instagram, est dans la tourmente. L’entreprise est visée par une vague de plaintes déposées dans 11 pays européens, l’accusant de vouloir utiliser illégalement les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner ses programmes d’intelligence artificielle.
Meta veut aller plus loin dans l’exploitation des données
Alors que certaines données publiques des utilisateurs de Facebook et Instagram sont déjà utilisées pour nourrir les modèles d’IA, Meta souhaite désormais exploiter l’ensemble des informations collectées depuis 2007 sur ses milliards d’utilisateurs. Le but : s’en servir pour une technologie expérimentale d’IA « sans aucune limite », s’alarme l’ONG Noyb à l’origine des plaintes.
Ils disent en substance qu’ils peuvent utiliser n’importe quelle donnée de n’importe quelle source pour n’importe quel objectif et les mettre à la disposition de n’importe qui dans le monde.
– Max Schrems, fondateur de Noyb
Problème : ce projet se ferait sans demander le consentement préalable des internautes, pourtant requis par le RGPD en Europe. De plus, une fois intégrées au système, les personnes concernées n’auraient aucun moyen de faire supprimer leurs informations et d’exercer leur « droit à l’oubli » numérique.
Une vague de plaintes en Europe
Face à ce qui est perçu comme une violation de la vie privée à grande échelle, l’association Noyb a décidé de saisir les autorités compétentes dans 11 pays européens dont la France, l’Allemagne et la Belgique. D’autres procédures suivront prochainement dans le reste de l’UE.
Ce n’est pas la première fois que Noyb, dont le nom signifie « None of your business » (« ce ne sont pas vos affaires »), s’attaque aux pratiques douteuses des géants de la Tech en matière de protection des données personnelles. Ses actions ont déjà conduit à plus de 1,5 milliard d’euros d’amendes contre Meta.
L’IA au cœur des préoccupations
Avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle, la question de l’utilisation des données des internautes pour entraîner les algorithmes est plus que jamais d’actualité. Si les possibilités offertes par l’IA sont immenses, de la création de contenus au service client en passant par la personnalisation, les dérives potentielles inquiètent.
Au-delà des aspects éthiques, c’est aussi la souveraineté numérique des citoyens européens qui est en jeu. Face aux mastodontes américains et chinois, l’Europe tente de faire entendre sa voix et de défendre son modèle basé sur la protection de la vie privée.
Les plaintes déposées contre Meta constituent un nouveau chapitre de ce bras de fer. Alors que la nouvelle politique de confidentialité du groupe doit entrer en vigueur le 26 juin, les autorités européennes sont appelées à agir en urgence. L’avenir nous dira si elles parviendront à endiguer l’appétit insatiable des géants de la Tech pour nos données personnelles.