Samsung Electronics Entame Sa Première Grève Historique

C’est une première en 55 ans d’existence pour le géant sud-coréen Samsung Electronics. Des milliers de ses employés ont entamé ce vendredi 7 juin 2024 une grève historique, fruit d’un long conflit avec la direction au sujet des augmentations salariales. Un mouvement social inédit et lourd de sens pour le leader mondial de l’électronique.

Un bras de fer de 6 mois sur les salaires

Depuis janvier dernier, le Syndicat National de Samsung Electronics (NSEU), qui représente 22% des 125 000 salariés de la branche, négocie âprement avec la direction. Au cœur des revendications : une hausse des salaires de 6,5%, un jour de congé payé supplémentaire et un changement dans le calcul des primes de performance. Mais Samsung n’a proposé qu’une augmentation de 5,1%, jugée insuffisante par les syndicats.

Si le dialogue est au point mort depuis des mois, c’est aussi parce que le contexte est tendu pour Samsung. Le groupe fait face à une chute importante de ses revenus dans les semi-conducteurs, son activité phare, avec des pertes de 10 milliards d’euros en 2023. Ses bénéfices globaux ont chuté de 85%, au plus bas depuis 15 ans. De quoi rendre la direction réticente à accéder aux demandes salariales, malgré des rémunérations moyennes déjà élevées (54 000 €/an) chez Samsung.

Un impact limité sur la production

Si cette grève est historique, son impact devrait rester mesuré sur les activités du groupe. Prudemment baptisée « utilisation coordonnée des congés » par les syndicats, elle a été anticipée par Samsung. Surtout, elle concerne principalement les bureaux, moins les sites de production de puces, très automatisés.

Le rival SK Hynix ne devrait donc pas trop en profiter, lui qui a ravi à Samsung la place de n°1 des puces mémoires HBM haute performance pour l’intelligence artificielle. Une technologie cruciale pour laquelle Samsung attend toujours la certification de Nvidia. Le groupe reste cependant leader sur les mémoires DRAM, essentielles pour les appareils du quotidien (smartphones, PC…).

La menace d’un durcissement du mouvement

Si les marchés et investisseurs restent sereins pour le moment, la situation pourrait se tendre. Le NSEU a en effet prévenu que cette grève n’était qu’une « première étape » et brandit la menace d’« une grève à grande échelle ». Si le mouvement venait effectivement à s’étendre, notamment aux usines, les conséquences seraient autrement plus lourdes pour Samsung.

Cette grève historique est donc un véritable électrochoc pour le mastodonte sud-coréen. Si elle révèle des failles dans son modèle social, elle pourrait aussi le pousser à revoir sa stratégie, à l’heure où le marché crucial des semi-conducteurs est chamboulé. Une chose est sûre : le bras de fer entre syndicats et direction n’en est qu’à ses débuts chez Samsung Electronics.

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